De plus en plus de pères prennent un congé paternité, mais des inégalités perdurent

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De plus en plus de pères prennent un congé paternité, mais des inégalités perdurent

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Le recours au congé de paternité progresse pour tous les statuts d’emploi, surtout pour les indépendants.
Le recours au congé de paternité progresse pour tous les statuts d’emploi, surtout pour les indépendants.
© AFP - JENS BUTTNER

Selon une étude menée par la Drees, l'utilisation du congé paternité progresse, passant de 62% en 2013 à 67% en 2021, parmi les pères éligibles. Mais des inégalités perdurent en fonction des situations professionnelles.

Depuis 2003, le congé paternité permet aux pères éligibles de prendre 11 jours (s'ajoutant aux trois jours obligatoires) afin de s'occuper de leur enfant à sa naissance. Une solution mise en place pour développer le lien père-enfant et promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes. Selon une nouvelle étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) publiée ce jeudi 20 juillet, les hommes sont un peu plus nombreux à y recourir, mais des inégalités perdurent.

Un congé surtout utilisé par les salariés en contrat stable

À la naissance de leur enfant, les parents en emploi ou au chômage indemnisé depuis moins de 12 mois peuvent bénéficier d’un congé – de paternité ou de maternité – et donc percevoir, sous condition, des indemnités. Une pratique à laquelle 29% des pères n'ont pas accès, par exemple par ce qu'ils ne sont ni en emploi ni au chômage. Parmi ceux peuvent le demander, le congé paternité a quand même gagné du terrain entre 2013 et 2021, puisque "la proportion de pères d’enfants de moins de 3 ans ayant bénéficié d’un congé de paternité passe de 62 % à 67 %".

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La hausse de demande de congé paternité se retrouve dans toutes les catégories professionnelles. La plus grosse progression est chez les travailleurs indépendants, explique la Drees : les chiffres sont passés de 32% à 46% en huit ans. Mais cela reste moins d'un père sur deux, temporise l'étude, qui met en avant la persistance d'inégalités. En effet, la situation professionnelle "demeure l’un des facteurs les plus discriminants du non-recours : les travailleurs indépendants et les salariés aux contrats plus précaires prennent en effet plus rarement un congé de paternité". Le congé paternité est beaucoup plus utilisé par les salariés en contrat stable, comme par exemple les fonctionnaires ou pères en CDI dans le secteur public, puisque 91% d'entre eux font valoir leur droit.

En 2021, le chiffre tombe même à 13% de recours chez les pères au chômage. Ce non-recours s'explique par une mauvaise information, selon la Drees. Beaucoup ignorent qu'ils ont bien le droit au congé paternité.

Utilisé pour profiter des premiers jours

Dans son étude, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques note également que les congés paternité "démarrent beaucoup plus souvent dans la semaine qui suit la naissance". En 2021, 72% des interrogés ont fait démarrer leur congé la première semaine, contre 49% en 2013. "Cette évolution très nette témoigne de la valorisation du temps d’accueil du nouveau-né, fortement encouragé par les professionnels de la naissance et de la petite enfance. Cet accueil est pensé comme un temps directement et uniquement destiné à l’enfant, lequel favoriserait le processus d’attachement et serait le garant de la qualité du lien entre l’enfant et son parent", explique la Drees.

Et de plus en plus de pères décident de prolonger leur congé paternité avec d'autres types de congés, pour pouvoir rester auprès de leur enfant plus longtemps. Une tendance surtout observée parmi ceux qui se trouvent dans une situation professionnelle stable. "Environ deux pères sur cinq en emploi salarié déclarent avoir assorti leur congé de paternité (pris avant réforme) avec des congés annuels, des RTT, des congés sans solde, des congés spécifiques prévus dans le cadre d’une convention collective ou encore un congé parental."

L'étude de la Drees a été réalisée avant que le congé paternité ne passe à 25 jours (auxquels il faut, là encore, ajouter les trois jours naissance pris en entreprise), en juillet 2021. Mais selon l'enquête réalisée cette année-là, 65% des pères interrogés et concernés par ce nouveau congé en ont profité sur la totalité de la période.

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