Les services d’aide aux sans-abris de Bruxelles tirent la sonnette d’alarme. En été, de nombreuses administrations et services fonctionnent au ralenti, des places dans les centres d’hébergement sont fermées après la période hivernale. Mais être sans abris en été, c’est aussi problématique qu’en hiver. En cas de canicule ou de pluie incessante comme c’est le cas ces derniers jours, les personnes sans domicile fixe n’ont aucun endroit pour passer la journée ou même la nuit. Les endroits ouverts dans la capitale croulent sous les demandes.
"On doit fermer la porte plus tôt parce qu’on n’y arrive pas", nous confie Fanny, travailleuse sociale au Resto du Cœur de Saint-Gilles, "on a 120 personnes par jour à midi, c’est rempli. On voit une réelle augmentation ces dernières semaines. Certaines structures sont fermées pendant les vacances, par conséquent les personnes qui en ont besoin viennent plus ici."
Le petit restaurant social est effectivement bondé. Il y a des familles, des personnes seules, et pas mal de SDF. L’un d’eux accepte de nous parler : "Cela fait 5 ans que je suis à la rue. En hiver, je trouve de la place. Il y a des endroits chauffés ouverts. Mais en été, tout ferme. Les autorités se disent qu’on peut se débrouiller, ils ferment des lits. Mais le problème en été c’est qu’il fait très chaud. Quand il fait 35 degrés, en pleine ville, et que tu n’as nulle part pour t’abriter, te reposer comment tu fais ?"
Pour cet homme, la pluie abondante de ces derniers jours est aussi un immense souci : "Je dors dehors, alors je m’abrite comme je peux mais on se fait souvent chasser. Alors je viens manger ici, je reste un peu, pas trop, on ne peut pas, mais je mange un truc chaud, je me sèche et je parle avec les travailleurs, qui sont gentils."
"Parfois", ajoute Fanny, "je me dis que je préfère la période hivernale. Au moins là on a de l’aide, des lits sont ouverts. J’ai l’impression qu’on est en flux tendu non-stop, nous travailleurs, mais les bénéficiaires aussi. Il n’y a pas de répit. En tant que travailleuse sociale, je ne comprends pas comment on ne se rend pas compte qu’il faut de l’aide toute l’année."