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Manque de places, structures fermées : "Le sans-abrisme c’est toute l’année, même l’été"

Manque de places, structures fermées: le sans-abrisme en été (M. Warland - 27/07/23)

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Par Maïté Warland

Les services d’aide aux sans-abris de Bruxelles tirent la sonnette d’alarme. En été, de nombreuses administrations et services fonctionnent au ralenti, des places dans les centres d’hébergement sont fermées après la période hivernale. Mais être sans abris en été, c’est aussi problématique qu’en hiver. En cas de canicule ou de pluie incessante comme c’est le cas ces derniers jours, les personnes sans domicile fixe n’ont aucun endroit pour passer la journée ou même la nuit. Les endroits ouverts dans la capitale croulent sous les demandes.

"On doit fermer la porte plus tôt parce qu’on n’y arrive pas", nous confie Fanny, travailleuse sociale au Resto du Cœur de Saint-Gilles, "on a 120 personnes par jour à midi, c’est rempli. On voit une réelle augmentation ces dernières semaines. Certaines structures sont fermées pendant les vacances, par conséquent les personnes qui en ont besoin viennent plus ici."

Le petit restaurant social est effectivement bondé. Il y a des familles, des personnes seules, et pas mal de SDF. L’un d’eux accepte de nous parler : "Cela fait 5 ans que je suis à la rue. En hiver, je trouve de la place. Il y a des endroits chauffés ouverts. Mais en été, tout ferme. Les autorités se disent qu’on peut se débrouiller, ils ferment des lits. Mais le problème en été c’est qu’il fait très chaud. Quand il fait 35 degrés, en pleine ville, et que tu n’as nulle part pour t’abriter, te reposer comment tu fais ?"

Pour cet homme, la pluie abondante de ces derniers jours est aussi un immense souci : "Je dors dehors, alors je m’abrite comme je peux mais on se fait souvent chasser. Alors je viens manger ici, je reste un peu, pas trop, on ne peut pas, mais je mange un truc chaud, je me sèche et je parle avec les travailleurs, qui sont gentils."

"Parfois", ajoute Fanny, "je me dis que je préfère la période hivernale. Au moins là on a de l’aide, des lits sont ouverts. J’ai l’impression qu’on est en flux tendu non-stop, nous travailleurs, mais les bénéficiaires aussi. Il n’y a pas de répit. En tant que travailleuse sociale, je ne comprends pas comment on ne se rend pas compte qu’il faut de l’aide toute l’année."

"Le sans-abrisme ne connaît pas de saison"

Philippe De Buck est directeur du centre de jour de l’îlot, une structure d’accueil qui a plusieurs centres sur Bruxelles et en Wallonie : "Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il fasse caniculaire, ces gens sont à la rue. Il faut des places, il faut un accueil constant, c’est primordial. Là il fait moche, mais en cas de canicule, il y a énormément de déshydratation chez les personnes sans logements. Ils sont livrés à eux-mêmes, en pleine chaleur."

L’îlot gère aussi un restaurant social à un jet de pierre du Parvis de Saint-Gilles, malheureusement, il est fermé depuis le 10 juillet dernier : "Nous devions faire ces travaux, le nouveau restaurant va être super, le lieu va être bien. Nous avions prévu de faire les travaux au mois de mai, mais une succession de retard fait que nous devons fermer dans la pire période. Nos bénéficiaires se retrouvent sans endroit. Alors ils vont dans des structures comme les Restos du Cœur. Heureusement, nous travaillons toutes et tous en bonne entente, on essaie de se soutenir mutuellement, pour tenir et que les personnes qui en ont besoin aient tout de même un point de chute."

"Nous avons besoin de plus de moyens pour aider, hiver comme été "

Myriem Amrani est Présidente du CPAS de Saint-Gilles, elle confirme l’augmentation des besoins :" Nous constatons depuis quelques années une augmentation du nombre de sans-abris, mais aussi une diversification des publics dans nos structures d’aides. Nous gardons une majorité d’hommes isolés, mais nous observons l’arrivée d’un public plus féminin, et de demandeurs d’asile. C’est une réalité prégnante surtout depuis la crise sanitaire. Lors de cette période, une série de lieux de distribution alimentaire ont fermé, notamment par manque de bénévoles. Mais en tant que service public, nous avons l’obligation d’assurer la continuité du service. Nous sommes en charge des Restos du Coeur et nous avons donc vu toutes ces nouvelles personnes arriver chez nous et dans notre service social. Et donc oui, la situation est préoccupante."

La Présidente pointe aussi le manque de moyens : "Face à ce nouvel afflux, nos moyens n’ont pas augmenté. Il n’y a pas eu d’aide supplémentaire pour la prise en charge et l’hébergement mais pas non plus pour l’aide alimentaire. Aujourd’hui, nous sommes plusieurs CPAS à faire ce constat sur la Région et nous aimerions, en tant que pouvoirs locaux, pouvoir bénéficier de plus de moyens pour prendre en charge de manière globale ces publics, tant en hiver qu’en été."

Le dernier recensement à Bruxelles, publié en juin 2023, estimait que plus de 7000 personnes étaient sans domicile ou mal logées dans la capitale.

Sur le même sujet, au JT de 19h30, ce 31 juillet 2023

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