Accueil

Société Laïcité et religions
Corans brûlés au Danemark : "Charlie Hebdo" et des médias scandinaves lancent un appel contre le délit de blasphème
Réfugié irakien en Suède, Salwan Momika brûle un Coran devant l'ambassade d'Iran à Stockholm, le 18 août 2023.
TT News Agency via AFP

Corans brûlés au Danemark : "Charlie Hebdo" et des médias scandinaves lancent un appel contre le délit de blasphème

Liberté de conscience

Par

Publié le

Alors que le gouvernement danois souhaite rétablir le délit de blasphème pour endiguer les autodafés de corans, la rédaction de « Charlie Hebdo », en collaboration avec plusieurs journaux et médias scandinaves, lance un appel pour alerter les citoyens « attachés aux valeurs démocratiques et à la liberté d'expression » sur les dangers d'une telle loi.

Un acte « fondamentalement méprisant et antipathique ». Voilà comment le ministre de la Justice danois, Peter Hummelgaard Thomsen, qualifie le fait de brûler le Coran. Et ce n'est pas tout : pour mettre fin aux tensions autour des autodafés publics de textes religieux qui ont eu lieu ces dernières semaines à Copenhague au Danemark et à ­Stockholm, en Suède, le gouvernement dont il fait partie a même présenté, ce 1er septembre, un projet de loi visant à « inter­dire le traitement inapproprié d’objets ayant une signification religieuse importante pour une communauté religieuse » devant le Parlement. D'après ce texte, prévu pour être inclus au sein du Code pénal, profaner des textes ou des objets religieux pourrait être sanctionné d'une lourde amende et même de peine de prison allant jusqu'à deux ans.

A LIRE AUSSI : Salwan Momika : "Je continuerai de brûler des corans aussi longtemps que je pourrai le faire légalement"

Devant cette décision d'une « extrême gravité », Charlie Hebdon'a pas tardé à réagir : dans son édition du 6 septembre, l'hebdomadaire satirique lance un appel pour alerter les citoyens « attachés aux valeurs démocratiques et à la liberté d'expression » sur les dangers d'une telle loi, qui « légitime la notion de blasphème », « ouvre la porte à toutes les censures », en plus d'aller à « l’encontre de tout ce pourquoi se sont battus intellectuels, artistes et responsables politiques en Europe depuis deux siècles, à savoir affranchir la vie publique de la tutelle des religions et de leurs dogmes ».

Des médias locaux signataires

D'après la rédaction de Charlie Hebdo, la loi envisagée par le gouvernement danois érode « la question fondamentale » posée par ces autodafés : « pourquoi des personnes éprouvent-elles le besoin de brûler publiquement un livre religieux tel que le Coran ? » Si le texte venait à entrer en vigueur, pour l'hebdomadaire – victime des attentats islamistes de 2015 –, les responsables politiques du pays scandinave deviendraient ainsi les complices de « régimes tyranniques et assassins, dont le pouvoir repose entièrement sur la soumission totale au Coran » et accepteraient de « partager sa légitimité avec Dieu et ses représentants autoproclamés ».

Charlie Hebdo ne lance d'ailleurs pas cet appel en solitaire. L'initiative est menée en collaboration avec des médias scandinaves, qui ont signé et relayé l'appel. Parmi les premiers d'entre eux figurent notamment les journaux norvégiens Dagen, Document, Lofot-­tidende et Hamar Arbeiderblad ainsi que le titre suédois Altinget Sweden (SE) et les danois Altinget Denmark, Politiken ou encore ­Weekendavisen.

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne