OmertaLe calvaire d’Angélique Cauchy, « violée près de 400 fois » par son coach

Violences sexuelles : L’ex-joueuse de tennis Angélique Cauchy « violée près de 400 fois » par son entraîneur en junior

Omerta« Dans le milieu du tennis, ça se savait qu’il était… pas correct avec les filles », selon elle
L'ex-numéro 2 française en junior a témoigné devant des députés le mardi 5 septembre.
L'ex-numéro 2 française en junior a témoigné devant des députés le mardi 5 septembre. - Photo by Adrian DENNIS / AFP / AFP
Xavier Regnier

X.R.

Le milieu du sport accouche difficilement de ses secrets. Entre omerta brisée et suite du mouvement #MeToo, une commission d’enquête parlementaire a été lancée cet été pour faire la lumière sur plusieurs scandales sexuels au sein de différentes fédérations. Mardi 5 septembre, c’était au tour d’Angélique Cauchy, ancienne numéro 2 du tennis féminin chez les juniors, de témoigner. « J’ai été violée près de 400 fois par mon entraîneur de tennis, pendant deux ans », dit-elle devant les députés du Palais Bourbon, comme elle l’avait déjà dit à Franceinfo en mai dernier.

D’une voix calme, elle retrace la terrible histoire qui l’a reliée à Andrew Gueddes, condamné en 2021 à dix-huit ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur quatre jeunes filles, âgées de 12 à 17 ans. Tout a commencé en 1999. Elle a alors 12 ans et s’entraîne au club de Sarcelles, sous la houlette d’Andrew Gueddes, qui va la manipuler. « Ça s’est fait en même pas deux ou trois mois, explique Angélique Cauchy. Je lui ai dit : "Non il ne faut pas, ce n’est pas bien. Moi je ne veux pas." Il m’a dit : "Tu sais, ça arrive souvent dans les relations entraîneur/entraînée". »

« J’ai fait ces treize pas pour aller me faire violer »

Quelque temps plus tard, comme d’autres victimes, Andrew Gueddes emmène sa petite protégée à La Baule, d’où il est originaire. « Cela a été les quinze pires jours de ma vie. Il m’a violée trois fois par jour. Le premier soir, il m’a demandé d’aller dans sa chambre et je n’y suis pas allée. Et donc il est venu dans la mienne. Ça a été pire », témoigne la jeune femme, encore marquée d’avoir été « obligée de rester dans l’endroit où ça s’était passé ». « Les soirs d’après, ça paraît fou, mais j’y suis allée de moi-même, et j’ai fait ces treize pas qui me séparaient de sa chambre pour aller me faire violer. »

A cette époque, Gueddes lui fait même croire « qu’il avait le Sida » et qu’il lui « avait donné ». L’adolescente passe cinq ans avec la peur de porter le virus avant de se résoudre à passer un test de dépistage. « J’ai pensé tellement de fois à me suicider », confie celle qui notait ses pensées noires dans « un petit carnet avec les autographes des joueurs du PSG ». Mais l’omerta est plus forte. « Dans le milieu du tennis, ça se savait qu’il était… pas correct avec les filles, les jeunes filles », dénonce l’ancienne joueuse.

Angélique Cauchy rappelle d’ailleurs un autre témoignage, issu de l’enquête contre Gueddes : « Une seule dame était allée voir le président du club en disant qu’il avait un comportement inapproprié envers les jeunes avec violences verbales, physiques, et un comportement ambigu avec certaines joueuses. Le président lui avait répondu : "Oui mais il nous ramène des titres." » La commission doit rendre son rapport pour décembre 2023, après avoir entendu d’autres victimes, telles que Sarah Abitbol.

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