DOSSIER. Guerre en Ukraine : combattants inexpérimentés, anticommunisme... ces Français qui se battent aux côtés des Ukrainiens

  • Des soldats de la Légion internationale pour la défense de l’Ukraine lors des funérailles d'un des leurs, en mai dernier à Kiev.
    Des soldats de la Légion internationale pour la défense de l’Ukraine lors des funérailles d'un des leurs, en mai dernier à Kiev. AFP - SERGEI SUPINSKY
Publié le , mis à jour

l'essentiel Une centaine de volontaires français seraient toujours en Ukraine pour combattre les Russes. Selon des spécialistes, une majorité d'entre eux n’a aucune ou très peu d'expérience militaire. Ces troupes sont surtout composées de jeunes gens avides de liberté. Une dizaine d’entre eux ont perdu la vie depuis le début du conflit, en février 2022.

De Marioupol à Odessa, en Ukraine, Gaston Besson a conduit ses hommes au cœur des combats contre l’armée russe. Lorsqu’en avril 2022 nous étions en contact avec ce Français originaire de Corse, via un fil de discussions sur les réseaux sociaux, ce militaire français au profil atypique se battait à la tête du bataillon Azov et croyait dur comme fer en la victoire. "Avec mes hommes, on file sur Kherson avec 3 000 soldats. À Marioupol, la ville est jonchée de cadavres civils et militaires et 80 000 habitants sont terrés dans des caves […], ils attendent leur destin." Blessé à Odessa, Gaston Besson est retourné en Croatie rejoindre sa famille. Ému de la retrouver, il meurt quelques mois plus tard à l’automne 2022, à 56 ans.

Ils sont environ une centaine de Français à combattre, aujourd’hui, aux côtés des forces ukrainiennes, selon des estimations plus ou moins approximatives établies par les autorités de Kiev. Mais ce chiffre est difficilement vérifiable. Contacté, le ministère des Armées, en France, ne communique pas sur ce sujet sensible.

Au début du conflit, le 24 février 2022, près de 800 hommes s’étaient portés volontaires pour rejoindre l’Ukraine et faire face aux soldats russes. C’est le cas d’Adrien Dugay-Leyoudec, 20 ans, tué quatre mois plus tard.

A lire aussi : Mort en Ukraine à 20 ans : "Adrien voulait être utile..." Les parents d'un jeune Français tué au combat se disent "fiers de son engagement"

Une ruée vers l’Est consécutive à l’appel historique du président Ukrainien, Volodymyr Zelensky lancé le 27 février 2022 à tous les ressortissants étrangers pour qu’ils intègrent la Légion internationale. Une unité de combattants composée de différentes nationalités. Profils recherchés : des hommes aguerris au maniement des armes.

Grande opacité sur le nombre de volontaires engagés en Ukraine

Qu’ils soient volontaires apolitiques, ex-militaires actifs dans le mercenariat ou proches de l’ultradroite, plusieurs dizaines de ces Français, âgés de 25 à 35 ans, se sont lancés sur le front anti-Poutine. Comme Gaston Besson, certains d’entre eux étaient déjà engagés en Crimée en 2014. Selon Edouard Sill, chercheur au centre d’histoire sociale des mondes contemporains, "une dizaine de volontaires français sont morts en Ukraine depuis le début du conflit. "Ces hommes, pour la plupart, n’avaient pas d’expérience militaire", précise ce spécialiste, à La Dépêche du Midi.

Cet expert souligne aussi que ces départs volontaires sont aussi la marque "de la restauration d’une croyance qui est que les peuples peuvent prendre aussi les armes". Une tradition héritée de la Révolution française, en passant par 1870 avec Garibaldi et les volontaires italiens venus combattre aux côtés des Français, après la débâcle contre l’armée prussienne.

La Légion internationale pour la défense de l’Ukraine (LIDU) reste le principal canal de recrutement de soldats étrangers. Il suffit d’un passeport en règle pour intégrer officiellement les rangs ukrainiens. Ces combattants peuvent gagner entre 500 et 3 000 euros par mois en fonction des positions occupées sur le terrain. Le conflit russo-ukrainien ravive également des sentiments anticommunistes. Le spectre des chars russes fonçant vers l’ouest, pour limiter l’influence occidentale et contrer l’étendue de l’Otan, réveille forcément de lointains souvenirs dans les pays limitrophes de l’Ukraine. D’où une forte présence de volontaires polonais ou tchèques au côté des hommes de Zelensky.

Chez les Français, ce qui est présenté comme des crimes de guerre par Kiev a largement contribué à doper les arrivées de volontaires à la frontière. Le bombardement d’une maternité à Marioupol, le 9 mars 2022 ou le massacre de Boutcha ont incité de nombreux Français, "au nom de la défense et de la liberté des peuples" à rallier l’appel du président ukrainien.

Un jeune Tarn-et-Garonnais de 27 ans, Brandon Nicolas, s’est engagé peu après le 24 février 2022. Le jeune militaire blessé confiait au printemps dernier, au Monde: "Je ne regrette pas mon choix d’être venu me battre pour l’Ukraine, pour aider la population à se libérer des Russes […] Je veux rester […] Si on m’évacue, je reviens direct ici après ma guérison !"

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Les commentaires (34)
Convertor Il y a 7 mois Le 13/09/2023 à 10:08

"une croyance qui est que les peuples peuvent prendre aussi les armes" ..... Monsieur Abela, je vous trouve bien timide dans les exemples français qui suivent cette phrase : rien sur la guerre civile espagnole, dont la mémoire est encore très vive dans le Sud-Ouest ? Entre autres raisons parce que beaucoup ont eu un grand-père engagé dans ce même type de "Légion Etrangère", où des anciens chassés de chez eux par un parti ou l'autre comme dans le Donbass ... Donc oui, je comprends et respecte complètement ce type d'engagement politique loin de chez soi, pour une cause ou l'autre. Il faut juste un peu de mémoire pour comprendre que ça pourrait nous arriver demain.

Humblement Il y a 7 mois Le 11/09/2023 à 19:04

Depuis toujours ça se passe de cette façon hélas, à quand la raison ? Nos grands parents, nos parents, nos enfants , quel gâchis !

FUSCO32 Il y a 7 mois Le 11/09/2023 à 10:27

En accord avec Mario Paul
Combien de jeunes ont pris les armes pour libérer la France et sans expérience militaire