L’évaporation est beaucoup plus élevée qu’en temps normal, en raison des fortes chaleurs. Et le débit des quelque vingt-cinq rivières qui alimentent le lac est en forte baisse. Ces deux phénomènes constituent, selon les scientifiques, les principaux facteurs d’un assèchement très rapide du plus haut lac navigable du monde, le Titicaca, qui marque la frontière entre le sud-est du Pérou et l’ouest de la Bolivie.

Selon les données du Senamhi (Service national de météorologie et d’hydrologie du Pérou), reprises par La República, le Titicaca, d’une altitude historique moyenne de 3 812 mètres au-dessus du niveau de la mer, a déjà perdu 54 centimètres depuis la fin d’avril : “Le niveau du lac baisse de 3 millimètres par jour.”

Dans certaines zones du littoral – parmi les plus planes – les eaux du lac ont reculé de 2 kilomètres, comme le montrent notamment ces images de La República :

“Le lac est un bassin fermé, il dépend de l’eau des rivières, explique dans cet autre article de La República Sixto Flores, représentant du Senamhi dans la région. Actuellement, faute de pluies, les rivières ne l’alimentent pas suffisamment. L’an dernier, déjà, les précipitations n’avaient atteint que 50 % des prévisions. Un changement dû fondamentalement au réchauffement climatique.” Juan Ocola, directeur de l’Autorité autonome du lac Titicaca (organisme péruano-bolivien) avertit :

“Les graves conséquences des changements climatiques actuels seront sans doute irréversibles.”

“De nombreuses espèces sont en danger”

La biodiversité du lac est également en danger, selon l’envoyée spéciale du site latino-américain InfoBae, qui cite Vladimir Gutiérrez Loza, docteur en économie de l’environnement de l’Université supérieure de San Andrés de La Paz, en Bolivie : “De nombreuses espèces sont en danger, elles vont mourir ou migrer vers d’autres régions.” Les prévisions météorologiques sur les prochains mois sont pessimistes, et le niveau de l’eau pourrait baisser à un niveau historiquement bas si l’évaporation continue au même rythme.

Par ailleurs, la sévère contamination du lac avait déjà fortement affecté le secteur de la pêche. Aujourd’hui, ce sont d’autres activités économiques qui sont touchées. “La sécheresse, poursuit InfoBae, a durement frappé les agriculteurs et les éleveurs qui dépendent du bassin du lac pour nourrir leur bétail et irriguer leurs cultures, comme le quinoa, la pomme de terre et l’avoine.” Et le tourisme a également été affecté : les nombreuses îles sont de plus en plus difficiles d’accès. Selon InfoBae, “actuellement, plus de trois millions de Péruviens et de Boliviens dépendent des eaux du lac”.