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Kaboul, la capitale de l'Afghanistan.

Afghanistan : l’ONU demande aux autorités de facto de mettre fin à la torture et protéger les droits des détenus

© Unsplash/Mohammad Husaini
Kaboul, la capitale de l'Afghanistan.

Afghanistan : l’ONU demande aux autorités de facto de mettre fin à la torture et protéger les droits des détenus

Droits de l'homme

Les Nations Unies ont indiqué, mercredi, avoir recensé plus de 1.600 cas de violations des droits de l’homme commises par les autorités talibanes afghanes lors de l’arrestation et de la détention de personnes, et ont exhorté Kaboul à mettre un terme à la torture et à protéger les droits des détenus.

Selon un rapport de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), près de la moitié de ces violations comprennent des actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants. Ces actes se sont produits en grande majorité tout au long du processus d’arrestation et de détention dans des lieux de détention relevant du ministère de l’Intérieur et de la Direction générale des renseignements de facto. 

De rares cas ont été documentés dans des prisons relevant de l’Office de l’administration pénitentiaire.

« Les récits personnels de passages à tabac, de chocs électriques, de torture par l’eau et de nombreuses autres formes de traitements cruels et dégradants, ainsi que les menaces proférées à l’encontre des personnes et de leurs familles, sont poignants. La torture est interdite en toutes circonstances », a déclaré dans un communiqué, Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

Coups, chocs électriques, asphyxie ou ingestion forcée d’eau

Le rapport du Service des droits de l’homme de la MANUA couvre la période du 1er janvier 2022 au 31 juillet 2023, avec des cas documentés dans 29 des 34 provinces afghanes.

Pour tenter d’obtenir des aveux ou d’autres informations, les détenus ont été soumis à des douleurs et des souffrances intenses, par des coups, des chocs électriques, l’asphyxie, des positions de stress et l’ingestion forcée d’eau, ainsi que par le bandage des yeux et des menaces. « Les violations des garanties d’une procédure régulière, y compris le refus d’accès à un avocat, sont la norme », fustige le document.

Ce rapport suggère que la torture est également utilisée comme un outil, en lieu et place d’enquêtes efficaces.

« Je demande instamment à toutes les autorités de facto concernées de mettre en place des mesures concrètes pour mettre fin à ces abus et faire en sorte que les auteurs de ces actes rendent compte de leurs actes », a ajouté M. Türk.

Ces violations se sont produites malgré la publication de directives par les autorités de facto visant à mieux protéger les droits de l’homme des détenus et à réglementer le comportement du personnel de sécurité. Ces directives, y compris un code de conduite publié par le chef des autorités de facto en janvier 2022 et des instructions ad hoc similaires, n’ont pas été suffisamment suivies au niveau opérationnel, selon le rapport.

Roza Otunbayeva, Représentante spéciale du Secrétaire général et cheffe de la Mission d'assistance de l'ONU en Afghanistan.
UN Photo/Rick Bajornas
Roza Otunbayeva, Représentante spéciale du Secrétaire général et cheffe de la Mission d'assistance de l'ONU en Afghanistan.

Besoin urgent de professionnaliser la sécurité des prisons

Plus largement, le rapport souligne le besoin urgent de professionnaliser les autorités de facto chargées de la sécurité et des prisons dans un certain nombre de domaines, y compris leur capacité à mener des enquêtes.

« La prévalence de la torture, associée à la violation systémique des garanties procédurales en garde à vue, telles que le manque d’accès à un avocat, doit être traitée de manière exhaustive par les autorités de facto », a fait valoir le chef des droits de l’homme de l’ONU. 

Les autorités de facto doivent prendre des mesures pour mettre en place un cadre d’aide juridique plus solide et remédier aux blocages du processus de justice pénale causés par le nombre élevé d’arrestations arbitraires sans contrôle judiciaire efficace. La détention arbitraire et prolongée d’individus en attendant la fin des enquêtes expose les détenus à un risque accru d’abus.

« Bien qu’il y ait eu quelques signes encourageants en termes de directives des dirigeants ainsi qu’une ouverture de la part de nombreux fonctionnaires de facto à s’engager de manière constructive avec la MANUA et à autoriser des visites dans les prisons, ces cas documentés soulignent la nécessité d’une action urgente et accélérée de la part de tous », a conclu Roza Otunbayeva, Représentante spéciale du Secrétaire général et cheffe de la mission onusienne en Afghanistan.