La construction de la première île énergétique en mer du Nord débutera en 2024 au large de la côte belge

La ministre belge de l’Énergie, Tinne Van der Straeten, lors d’une visite du parc éolien situé dans les eaux belges de la mer du Nord, le 13 mai 2022. [EPA-EFE/OLIVIER HOSLET]

Le premier projet d’île énergétique en mer du Nord a reçu le feu vert de la Belgique, et les travaux devraient commencer dès mars 2024, a annoncé mardi (3 octobre) le gestionnaire de réseau de transport d’électricité Elia.

La Belgique est le deuxième pays au monde en termes de capacité offshore par habitant, juste derrière le Danemark. Les parcs éoliens belges de la mer du Nord produisent 2,26 GW d’énergie en mer, et le gouvernement souhaite à présent augmenter la production d’électricité renouvelable.

La construction de l’île énergétique Princesse Elisabeth débutera en mars 2024, a annoncé Elia dans un communiqué de presse mardi, après que le projet s’est vu octroyer le permis d’environnement nécessaire.

Il avait déjà été annoncé que la Belgique construirait la première île énergétique artificielle au monde combinant courant continu (HVDC) et courant alternatif (HVAC). Cette île sera par ailleurs « hybride » car elle devrait relier le réseau électrique belge à de nouveaux parcs éoliens envisagés (qui produiront jusqu’à 3,5 GW) mais également aux futures interconnexions avec le Royaume-Uni et le Danemark (Nautilus et TritonLink).

À Flessingue, aux Pays-Bas, les travaux d’aménagement du chantier pour la construction des caissons, les fondations en béton de l’île, ont déjà commencé après l’octroi d’un premier permis d’environnement en juin.

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Préoccupations environnementales

Les projets d’énergie offshore suscitent souvent l’inquiétude des organisations de défense de l’environnement en raison des dommages qu’ils peuvent causer à la biodiversité.

En 2021 par exemple, quatre ONG, dont le Fonds mondial pour la nature (WWF) et Greenpeace, attiraient déjà l’attention sur l’importance pour les gestionnaires du projet Princesse Elisabeth de prendre des mesures visant à minimiser l’impact des éoliennes toujours plus nombreuses, des îles énergétiques et des autres activités économiques en mer sur le milieu marin.

Dans son communiqué, Elia tient à rassurer : le projet d’île a été « examiné avec des experts externes afin de déterminer quels éléments adapter ou ajouter en vue de favoriser la biodiversité sur l’île et aux alentours ».

Le gestionnaire du réseau à haute tension dit travailler avec des experts d’institutions publiques et privées, d’universités et d’organisations non gouvernementales sur un « nature inclusive design », qui vise à faire de l’île « une réelle opportunité pour la biodiversité marine ».

Elia peaufine actuellement cet aspect du projet, qui devrait être présenté dans le courant de l’année.

L’île sera construite dans une zone maritime protégée (Natura 2000), une première, souligne le ministre de la Justice en charge de la Mer du Nord, Vincent Van Quickenborne, qui se réjouit donc qu’Elia « s’implique pleinement dans la réalisation d’un “nature inclusive design” ».

« Cela démontre une nouvelle fois toute la force d’une approche innovante, le potentiel des énergies renouvelables et l’importance de protéger notre environnement marin », a-t-il ajouté.

Pour la ministre de l’Énergie, Tinne Van der Straeten, « il est important de prendre en compte la vie marine, au-dessus et sous l’eau », dans la construction de l’île.

L’île couvrira 6 hectares et sera située à 45 km de la côte belge, du côté de la frontière française, dans la Zone Princesse Elisabeth, où la construction de nouvelles éoliennes est prévue. La construction de l’île devrait être achevée en août 2026, et tous les raccordements devraient être finalisés d’ici à 2030.

Source : Elia

Une plaque tournante pour l’énergie éolienne en mer

« Notre objectif est de développer encore davantage la mer du Nord comme LA centrale électrique de notre pays. L’île Princesse Elisabeth en sera un maillon essentiel. […] Les premières éoliennes [de la Zone Princesse Elisabeth, qui sera la deuxième zone éolienne offshore du pays,] seront mises en service en 2028 et permettront de produire davantage d’électricité verte en mer pour nos ménages et nos entreprises », a déclaré M. Van Quickenborne.

Pour Mme Van der Straeten, la Belgique « est l’un des leaders de l’éolien offshore et accélère la transition énergétique avec une multiplication par quatre de la capacité éolienne offshore en mer du Nord belge, la construction d’un îlot énergétique et de nouvelles interconnexions avec les [autres] pays de la mer du Nord. ».

La ministre a également fait référence à l’ambition de transformer la mer du Nord en une « centrale d’énergie verte », un terme notamment utilisé lors du Sommet de la mer du Nord qui s’est tenu en avril dernier à Ostende, en Belgique, où neuf pays européens se sont engagés à produire conjointement au moins 300 gigawatts d’énergie éolienne offshore d’ici 2050 en mer du Nord.

« L’île énergétique deviendra une plaque tournante de l’énergie éolienne offshore, afin de fournir de l’énergie verte et bon marché à nos familles et à nos entreprises », a-t-elle ajouté.

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Daan Schalck, directeur du port de la mer du Nord (North Sea Port) a déclaré qu’« en développant des liaisons internationales à haute tension et en intégrant des volumes sans cesse croissants d’énergie renouvelable au réseau, Elia stimule l’intégration du marché européen de l’énergie et la décarbonation de la société ».

Le coût total de la construction de l’île est encore inconnu, mais les dernières estimations indiquent qu’il devrait dépasser les 600 millions d’euros, rapportait L’Écho mardi, tandis que le coût global du projet devrait dépasser les 2 milliards d’euros initialement annoncés.

L’UE a accordé un financement de 99,7 millions d’euros au projet dans le cadre de du fonds pour la reprise et la résilience.

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