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Enfants-soldats: les États-Unis restreignent leur coopération militaire avec le Rwanda

Les États-Unis  placent le Rwanda sur la liste CSPA de pays qui utilisent des enfants soldats et décident de restreindre leur coopération militaire avec Kigali. Washington explique cette décision par le soutien du Rwanda au groupe armé M23. 

Des rebelles du M23 à Kibumba, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 23 décembre 2022.
Des rebelles du M23 à Kibumba, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 23 décembre 2022. AFP - GLODY MURHABAZI
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Avec notre correspondant à Miami, David Thomson

Le Rwanda est le 19e pays ajouté à cette liste par Washington. Une liste appelée CSPA pour Child Prevention Act, la loi de prévention des enfants soldats, qui restreint la coopération militaire avec les Etats-Unis. En 2013, les États-Unis avaient déjà suspendu leur aide militaire au Rwanda en vertu de cette loi.

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Selon un porte-parole du département d’État américain contacté par RFI, cette liste noire vise à « demander des comptes aux pays pour lesquels nous avons des informations crédibles indiquant qu’ils recrutent et utilisent des enfants soldats soient dans leur forces gouvernementales soit dans des groupes armés qu’ils soutiennent ».

C’est dans cette seconde catégorie que tombe Kigali. Si le Rwanda a été ajouté à la liste CSPA 2023, poursuit cet officiel américain, c’est parce que les « forces de défense du Rwanda RDF ont fourni un soutien au M23, un groupe armé qui a recruté et utilisé des enfants-soldats ».

Des accusations déjà confirmé par plusieurs rapport de l’ONU, même si Kigali a toujours nié soutenir ce groupe armé présent dans le Nord-Kivu : selon l'Unicef en 2022, plus de 17 500 enfants avaient été sortis des groupes armés depuis 2017, mais des milliers y étaient encore, en majorité dans des zones des combats dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Les États-Unis vont donc restreindre leur aide militaire à destination du Rwanda de même que les ventes d’armes et de matériels, et ce à compter du 1er octobre prochain.

Une décision américaine saluée à la tribune de l'ONU par Félix Tshisekedi

Au sujet de la situation en RDC, le président Tshisekedi a estimé que l’accélération du retrait de la Monusco devenait « une nécessité impérieuse pour apaiser les tensions » et s'en est ensuite pris une nouvelle fois au M23 et au Rwanda.

Il est injuste et inadmissible que des personnes, citées comme responsables des crimes graves susmentionnés dans les différents rapports des experts de l'ONU - elle-même ! - sur la situation sécuritaire en République démocratique du Congo, restent impunies dans le silence total de notre organisation et de ses membres qui placent pourtant la lutte contre l'impunité parmi leurs priorités en matière de gouvernance interne et externe. À ce sujet, le gouvernement de la République démocratique du Congo salue chaleureusement les sanctions que vient d'infliger le gouvernement des États-Unis d'Amérique au Rwanda pour son soutien au groupe terroriste du M23 et à un de ses hauts responsables impliqués dans les aventures criminelles au Congo. Pour rappel, ce groupe terroriste supplétif du Rwanda ne respecte aucun des engagements conclus par les chefs d'État de la région, non seulement ils n'ont pas quitté les positions conquises, mais ils continuent à massacrer nos populations civiles et refusent le pré-cantonnement et le cantonnement, exigeant un dialogue qui ne leur sera jamais accordé.

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Félix Tshisekedi: «le gouvernement de la République démocratique du Congo salue chaleureusement les sanctions que vient d'infliger le gouvernement des États-Unis d'Amérique au Rwanda»

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« Enfin, ça bouge », confiait à RFI un haut responsable congolais en commentant cette décision américaine qui intervient en pleine offensive diplomatique de la RDC pour obtenir des sanctions contre le Rwanda.

Kinshasa accuse son voisin de soutenir le groupe armé M23. Accusation balayée par Kigali, mais étayée par plusieurs rapports des Nations Unies. Et cette mention d’utilisation d’enfants-soldats est détaillée dans le document publié en juin 2023.

Or, le département d’État américain est très clair : avec cette décision, les États-Unis demandent « publiquement des comptes aux pays concernés ». Ils rendent désormais comptable le Rwanda des actions de la rébellion.

Cette décision va bien évidemment avoir un impact sur la coopération militaire. Un impact encore à clarifier. Les États-Unis évoquent, eux, des restrictions, notamment en ce qui concerne « des ventes d’équipement militaires ».

L’inscription du pays sur cette liste casse en tout cas un peu le narratif rwandais qui vante les qualités de son armée bien organisée, performante, professionnelle et qui s’exporte sur le continent : en Centrafrique, au Mozambique, au Bénin…

Reste à voir, si d’autres pays suivront la décision américaine. Pour rappel, l’Union européenne a octroyé fin 2022 une aide militaire de 20 millions d’euros au Rwanda.

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