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Le documentaire s'ouvre sur ces chiffres : 10 % de la population française est victime d'inceste. Une fille sur cinq. Un garçon sur douze. Puis, sur fond d'images d'archives, Emmanuelle Béart raconte : « J'ai onze ans, c'est la nuit j'en suis sûre. Tu déchires mon sommeil comme tu déchires sans bruit aucun ma chemise de nuit. Comme si cet arrêt dans le temps, ce silence polaire te laissait tout l'espace et comme si, déjà, était inscrit que personne ne témoignerait jamais. »
Dans Un silence si bruyant, documentaire poignant d'Emmanuelle Béart, coréalisé avec Anastasia Mikova, l'actrice – incestée de ses 11 à 14 ans – raconte le cataclysme de ce crime et mêle à sa voix celles d'autres qui, comme elle, en ont été victimes. Un récit choral sur l'enfance brisée, la douloureuse libération de la parole et la quête de réparation. « Nous portons tous les mêmes séquelles : ce corps abîmé, cette incapacité à se livrer complètement à l'autre, cette façon de vivre anesthésiée. »
Il y a Norma, incestée pendant dix ans par son grand-père, qui relate ce crime dans l'exutoire d'un seul-en-scène : « J'avais deux choix, soit me faire rattraper par la torpeur de ce que j'avais vécu, soit la sublimer. » Pascale, qui a subi les assauts de ce père « gentil nounours la journée, violeur la nuit », et travaille à reconstituer ses souvenirs, sortant de l'amnésie traumatique dans laquelle son cerveau l'a plongée des années durant.
Il y a Joachim, qui raconte ces vidéos incestueuses, « preuve absolue que ces scènes sont réelles » quand « le cerveau invente toutes sortes de petits trucs pour nous faire oublier ou relativiser ce qu'on a subi » et sa vie en suspens, face à la plainte qu'il porte contre ses parents vingt ans plus tard. Et Sarah, dont l'ex-compagnon a abusé de sa fille durant quatre ans, et qui reproche à la justice d'avoir tant tardé à la protéger des griffes de l'incesteur.
Briser « les cercles de silence »
Le tournage est parfois douloureux à ses intervenants : « Ça va être dur, je n'ai plus envie de le faire… », confie l'actrice dans une séquence. Mais il faut briser « les cercles de silence », se reprendra-t-elle. « Silence de soi-même, silence familial, silence sociétal. » Car c'est là l'objet du documentaire : alerter, à travers ces témoignages, sur les ressorts qui entretiennent ce fléau. « Le jour où j'ai dit à ma grand-mère “Papy me met la main aux fesses”, elle m'a donné une claque », se rappelle ainsi Norma.
Un déni collectif. Car ce crime, nourri par les défaillances d'un système « qui refuse de le regarder en face », dépasse le huis clos familial : « Nous sommes loin d'une société qui entend et protège les victimes », déplore Emmanuelle Béart, qui somme les institutions d'agir. « La justice doit progresser dans le fait de rendre justice », reconnaît Édouard Durand, juge des enfants, rappelant les classements sans suite, les manquements au devoir de protection et, plus largement, le paradoxe entre injonction à la parole et incapacité à l'écouter.
Un documentaire bouleversant et nécessaire, pour en finir avec le secret, qui étouffe la parole des victimes. Et « sortir de ce silence si bruyant ».
Un silence si bruyant, par Emmanuelle Béart et Anastasia Mikova. Diffusé ce dimanche 24 septembre, à 23 heures, sur M6.
Aurait crédibilisé ses propos.
Quel est le rapport entre les sans papier et l inceste qu elle a subi ?
Désolant de lire de tels propos, encore plus provenant d une femme. Vous me direz il y a bien des mères qui taisent les agissements de leur conjoint sur leurs enfants
10% de la population... Soit 6. 6 millions de personnes. Le rapport Sauvé parlait de 330 000 victimes de pédophilie par des hommes d'Église. Donc 5% du chiffre précédent... En fait les prêtres sont 20x plus vertueux que les hommes en général... Si l'on en croit ces chiffres