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Quotidien

Pour se chauffer sans polluer, Macron vante les pompes à chaleur

Emmanuel Macron souhaite un triplement de la production de pompes à chaleur.

Le déploiement des pompes à chaleur vanté par Emmanuel Macron permettrait de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre. Reste qu’elles sont inefficaces dans les logements mal isolés.

Objectif : produire 1 million de pompes à chaleur en France d’ici 2027, soit un triplement de la production actuelle. Voilà ce qu’a annoncé Emmanuel Macron le 25 septembre. Le président de la République a également demandé la formation de 30 000 installateurs.

Pour réchauffer l’atmosphère, les pompes à chaleur puisent des calories dans l’eau, l’air ou le sol et la restituent à l’intérieur des bâtiments. Selon le bilan prévisionnel 2035 de RTE (Réseau de transport d’électricité), leur déploiement permettrait de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre mais accroîtrait légèrement la consommation électrique, en particulier aux heures de pointe.

Cet équipement suscite un intérêt grandissant : 170 390 dispositifs de type air-eau ont été posés en 2020, 253 140 en 2021. Leurs ventes ont bondi de 30 % pour atteindre 350 000 en 2022. Cette année-là, 2,6 millions de logements (sur 30 millions) étaient déjà équipés de pompes à chaleur.

Plus le climat est froid, plus la pompe à chaleur peine

Reste que les « PAC », de leur petit nom, ne sont pas toujours la panacée en matière de chauffage. Plus le climat est froid, plus la pompe à chaleur peine à trouver des calories dans l’air extérieur et moins elle est puissante. Elle est également inefficace dans un logement mal isolé, selon un rapport de l’association Négawatt, cité par Francetvinfo. « Il est regrettable de constater qu’une fois de plus, la majeure partie des ressources est dirigée vers l’amélioration du système de chauffage, en négligeant l’importance de l’isolation et de la ventilation, abonde dans un communiqué Baudouin de la Varende, cofondateur de l’entreprise Ithaque spécialisée dans l’accompagnement de la rénovation énergétique des logements. Il est crucial de rappeler que sans ces deux éléments, nous risquons de rencontrer des problèmes avec les pompes à chaleur installées dans les dix prochaines années. »

Lire aussi : Les pompes à chaleur écolos… à certaines conditions

Par ailleurs, équiper son logement d’une pompe à chaleur coûte cher : entre 15 000 et 30 000 euros pour un dispositif eau-eau qui puise de l’énergie dans une source souterraine – le plus efficace selon Négawatt –, entre 7 000 et 15 000 euros pour un dispositif air-eau ou air-air. Des aides (cumulables) existent pour accompagner les ménages dans leurs travaux. La prime Coup de pouce chauffage, par exemple, est destinée aux particuliers qui remplacent leur chaudière au fioul, charbon ou gaz par un équipement électrique ou fonctionnant aux énergies renouvelables. Son montant est fixé en fonction des ressources de la famille et du modèle choisi : de 2 500 à 4 000 euros pour une pompe à chaleur hybride ou air-eau, au minimum 5 000 euros pour une pompe à chaleur eau-eau. La prime MaPrimeRénov’ dépend elle aussi du type de ménage et de modèle installé : jusqu’à 4 000 euros pour une PAC air-eau et jusqu’à 10 000 euros pour une PAC géothermique.

Conscient de la nécessité d’aider les ménages à financer ces installations, le gouvernement a annoncé 1,6 milliard d’euros supplémentaires aux aides à la rénovation énergétique, portant l’enveloppe totale à 5 milliards d’euros. Objectif, 200 000 rénovations d’ampleur – c’est-à-dire portant sur l’isolation et le chauffage – en 2024.

Pour autant, le chauffage aux énergies fossiles a encore de beaux jours devant lui. Dans une remarquable démonstration de « en même temps », Emmanuel Macron a en effet renoncé à l’interdiction des chaudières à gaz, même si les aides à leur installation devraient être progressivement rabotées.

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