L’information, relayée ce mercredi 27 septembre par l’ensemble de la presse internationale, a été confirmée par la femme de Rouben Vardanian, dont les paroles sont rapportées par le quotidien britannique Financial Times :

“Mon mari a été arrêté et séquestré par les autorités azerbaïdjanaises à la frontière, alors qu’il tentait de partir ce matin, comme des milliers d’autres Arméniens fuyant l’occupation azerbaïdjanaise”, a déclaré Veronika Zonabend :

“Rouben a soutenu le peuple d’Artsakh [le nom que donnent les Arméniens au Haut-Karabakh] pendant les dix mois de blocus et a souffert avec lui dans sa lutte pour la survie.”

Ancien ministre d’État (équivalent de Premier ministre) du Haut-Karabakh, de novembre 2022 à février 2023, Vardanian est un homme d’affaires russo-arménien. Pendant quelques mois, il a été le leader de cette enclave, mais dès son arrivée, rappelle le journal londonien :

Vardanian a rapidement exaspéré l’Azerbaïdjan, qui l’a qualifié d’‘élément étranger’, le soupçonnant d’être un émissaire secret de la Russie, la puissance traditionnellement hégémonique dans le Caucase.”

L’arrestation de Vardanian n’est donc pas une grande surprise, surtout si l’on regarde les déclarations du président de l’Azerbaïdjan de la semaine dernière. En effet, Ilham Aliev avait qualifié l’élite du Haut-Karabakh de “‘junte criminelle’ et a déclaré que ceux qui avaient commis des crimes de guerre seraient ‘traduits en justice’”, souligne le média économique.

La crainte des rétorsions

Comme l’a indiqué sa femme, Vardanian a été arrêté tandis qu’il tentait de fuir l’enclave, tout comme environ 47 000 personnes, qui, depuis le début des hostilités la semaine dernière, ont quitté le Haut-Karabakh, selon les autorités d’Erevan.

Ainsi, calcule The Guardian, “c’est environ 35 % de la population de la région qui a fui dès que l’Azerbaïdjan a levé le blocus sur la seule route de la région menant à l’Arménie”. Un blocus qui avait provoqué “de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant”, rappelle le média britannique.

Toutefois, à en croire Corriere della Sera, ce n’est pas seulement la faim qui fait fuir les habitants de l’enclave. “Les Arméniens craignent également des rétorsions de la part des Azerbaïdjanais”, écrit le quotidien italien, qui se penche ensuite sur les évolutions du scénario diplomatique.

“Mardi, des représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan se sont rencontrés à Bruxelles pour des pourparlers soutenus par l’Union européenne. Il s’agit de la première négociation diplomatique entre les deux pays depuis que l’Azerbaïdjan a repris le contrôle de l’enclave la semaine dernière.”

Bruxelles et Washington voudront-ils s’engager ?

Un premier signal positif, mais néanmoins, selon le média milanais, c’est surtout l’implication des États-Unis dans la question du Haut-Karabakh, et dans une moindre mesure celle de l’Union européenne qui pourraient faire évoluer la situation. Dans cette optique, conclut Corriere della Sera :

“Il faut comprendre combien Bruxelles et Washington voudront réellement s’engager dans cette dispute, et si l’Arménie, allié historique de la Russie, pourra devenir un allié de l’occident.”