"N'oubliez pas l'Afghanistan !" : Ahmad Massoud, au nom du père

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"N'oubliez pas l'Afghanistan !" : Ahmad Massoud, au nom du père

Par
Ahmad Massoud.
Ahmad Massoud.
- Reza

Le fils du commandant Massoud, à Paris pour la sortie de son livre "Notre Liberté", a l'ambition de reprendre le flambeau de son père, assassiné par Al-Qaïda deux jours avant les attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis. Cette fois-ci, l'ennemi n'est plus l'Armée rouge mais les Talibans.

À 34 ans, Ahmad Massoud n'a aucune expérience militaire mais il veut marcher dans les pas de son père, le légendaire commandant Massoud, qui avait été le fer de lance de la lutte contre l’occupation soviétique. Depuis la chute de Kaboul le 15 août 2021, les Talibans ont imposé une chape de plomb à la population. Ahmad Massoud veut incarner la lutte contre le fanatisme religieux.

Quel message voulez-vous faire passer au travers de votre livre ?

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AHMAD MASSOUD : "Je suis là pour faire entendre la voix des Afghans. Nous sommes seuls et nous vivons sous le joug des Talibans qui nous terrorisent. J’étais à Kaboul au moment de la chute de la Kaboul. La France a proposé de m’évacuer mais j’ai préféré rester auprès des gens et de ne pas les abandonner."

Aujourd’hui l’Afghanistan vit un cauchemar. Comment voyez-vous votre rôle ?

"Il faut le dire clairement : l’Afghanistan vit sous l’occupation des Talibans, comme la France fut occupée par les Nazis. Le problème, c’est que le monde dit : ce n’est qu’une réalité. C’est comme si on avait dit à l’époque : « oh vous savez, les Nazis, ce n’est qu’une réalité ! » C’est ce qu’on me dit. Nous avons besoin que le monde se dresse contre cette tyrannie, contre le terrorisme et l’extrémisme, contre ces gens qui interdisent aux filles d’aller à l’école."

Avez-vous l’impression que la communauté internationale est en train d’oublier l’Afghanistan ?

"C'est facile de pousser la poussière sous le tapis, de mettre les problèmes de l'Afghanistan sous le tapis, mais ils ne restent pas là! Quand mon père est venu en France en 2001, il a dit : n'oubliez pas l'Afghanistan ! Et c'est ce qui s'est passé. Aujourd'hui, c'est à moi de le redire : n'oubliez pas l'Afghanistan. Sinon il y aura des conséquences."

Pensez-vous que les Talibans ont changé en accédant au pouvoir ?

"Je crois que depuis deux ans, nous sommes tous d'accord : les Talibans n'ont pas changé. Ni leur idéologie ni leur comportement. Leurs relations avec les groupes terroristes sont restées les mêmes. Ils essaient de créer plus d'écoles islamiques, plus de terrorisme, plus d'extrémisme. En fait, ils tiennent le peuple afghan en otage par la force."

Quelle est la situation dans la vallée du Panshir dont vous êtes originaire ?

"Nous résistons dans quelques vallées et montagnes. Il faut savoir que les Talibans ont déployé dans la région au moins 16 000 combattants. Ils essaient de tenir le terrain, mais ce n’est pas tenable, car au fond, ils ne peuvent pas nous contrôler. Ils contrôlent les principales vallées, mais le reste est en entre nos mains."

Comment voyez-vous le scénario d’une libération ? Une révolte des gens de l’intérieur ?

"Nous avons des forces sur place mais nous avons besoin d’une forme d’unité du point de vue de l’extérieur. Le monde démocratique doit se tenir aux côtés des démocrates afghans. Nous avons besoin d’un soutien extérieur. Mais je dois vous dire que la peur des gens vis-à-vis des Talibans recule. Aucun groupe qui n’appartient pas à l’Afghanistan ne peut diriger durablement ce pays."

Quelles sont vos demandes d’aide extérieure ?

"Je n’ai jamais demandé aux pays étrangers de venir en Afghanistan en 2001, et c’est la même chose aujourd’hui. Parce que c’était une erreur. J’étais contre la politique américaine de « boots on the ground » (envoi de soldats, ndlr). Pourquoi devoir choisir entre une intervention militaire ou oublier l’Afghanistan ? Si on nous aide, on pourra libérer notre pays. Il faut des sanctions, du soutien politique pour l’opposition, trouver les moyens de créer un processus politique, etc. Il faut aussi mobiliser les pays de la région. Je crois qu’il y plus de place pour le changement qu’il y a deux ou trois ans."

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