Les Françaises encore confrontées à des difficultés pour accéder à l’avortement

Publicité

Les Françaises encore confrontées à des difficultés pour accéder à l’avortement

Par
Les déserts médicaux rendent les IVG plus difficiles d'accès
Les déserts médicaux rendent les IVG plus difficiles d'accès
© AFP - Geoffroy Van der Hasselt

Selon un questionnaire établi par le Planning familial, que France Inter a pu consulter en exclusivité, de plus en plus de femmes ont des difficultés pour accéder au droit à l’avortement, et notamment dans les déserts médicaux.

Et si les chiffres ne reflétaient pas vraiment la réalité ? Le nombre d'avortements a augmenté en France en 2022 pour atteindre son plus haut niveau depuis 1990. Selon les chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), 234.300 interruptions volontaires de grossesse ont été enregistrées en France l’année dernière, soit 17.000 de plus qu'en 2021. Et pourtant, les Françaises ont toujours des difficultés pour accéder à ce droit.

Il y a quelques mois, l’association du Planning familial a envoyé un questionnaire à ses 80 antennes départementales pour avoir un retour d’expérience des patientes. Les retours sont saisissants. "Comme il y a de moins en moins de centres IVG sur tout le territoire, comme de nombreuses maternités ont fermé ces dernières années, de plus en plus de femmes sont obligées de faire des longs trajets en voiture pour accéder à l’avortement", explique Sarah Durocher, présidente nationale du Planning familial. "C’est ça la réalité de l’IVG en France en 2023 et c’est inadmissible".

Publicité

De moins en moins de soignants disponibles pour l’IVG

Sur les périodes de vacances, les Françaises ont toujours plus de difficultés à trouver des professionnels de santé disponibles pour pratiquer l’avortement. En Bretagne, cet été, des femmes ont dû faire plus d’une heure de voiture pour avoir accès à une IVG médicamenteuse. Aux Sables d’Olonne, quand une femme demandait un rendez-vous le 19 juillet pour un avortement, on lui fixait une date… le 9 août. Des orientations rendues compliquées également à Dijon avec à chaque fois le même problème : des soignants prennent leurs vacances et personne ne peut les suppléer pour les IVG pendant cette période.

De cette enquête, il ressort également que dans 20% des cas, les femmes doivent prendre plus de trois rendez-vous médicaux pour avoir accès à l’IVG médicamenteuse… Alors qu’un seul rendez-vous suffit normalement.

"Un discours encore très moralisateur"

"On a des échos hallucinants de médecins qui font encore écouter le battement du cœur de l’enfant", assure Sarah Durocher du Planning familial. "On a aussi des médecins qui remettent en question le choix de ces femmes qui veulent avorter, c’est dingue. Et du coup, ces mêmes médecins leur demandent de revenir pour bien prendre le temps de digérer leur choix". Le Planning familial souhaite que ces procédures soient simplifiées. "Il faut que le gouvernement rende ce droit efficient, c’est urgent".

Selon nos informations, à partir de 2024, le Planning familial publiera chaque année un baromètre de l’accès au droit à l’avortement en France, soutenu par la Fondation des femmes, pour mieux rendre compte des difficultés qui existent encore sur le territoire.

pixel