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Alstom : ce que promet General Electric à Hollande

EXCLUSIF + DOCUMENT Le conglomérat américain propose au gouvernement français d'implanter quatre centres de décision mondiaux de GE en France. Il s’engage « à faire croître le nombre de nos emplois en France » , notamment ceux « hautement qualifiés » .

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Jeffrey R. Immelt, patron de General Electric

Par Véronique Le Billon

Publié le 29 avr. 2014 à 20:25

Pour emporter Alstom et convaincre le gouvernement français de l'intérêt de son offre, le PDG de General Electric s’est engagé dans une véritable opération séduction. Deux jours après son rendez-vous avec François Hollande, Jeffrey Immelt a envoyé au chef de l’Etat une lettre de quatre pages dans laquelle il précise, point par point, ses engagements.

Selon ce courrier, dont « Les Echos » ont obtenu copie, le PDG de General Electric s’engage d’abord « à faire croître le nombre de nos emplois en France, particulièrement les emplois hautement qualifiés dans l’ingénierie et de la production localisés en région ». Si General Electric, qui compte déjà « 10.000 collaborateurs sur le sol français », ne s’engage pas sur un chiffre précis, le groupe sait que c’est là le critère numéro un du chef de l’Etat. « Par rapport à ce dossier, je n’ai que ce seul critère : qu’est-ce qui sera le plus favorable à la création d’activité en France et à l’emploi en France ? », avait indiqué, lundi, François Hollande.

Deuxième point sur lequel GE entend rassurer l’exécutif français, les centres de décision, une préoccupation que Jeffrey Immelt juge « légitime ». Le groupe américain promet d’implanter en France « les sièges mondiaux des activités Grid (réseaux), Hydro, éolien offshore et turbines vapeur ». Compte tenu de l’importance de l’hydroélectricité en France, le groupe indique qu’il est « prêt à accueillir des investisseurs français au capital de cette activité ». Un gage donné au gouvernement, alors que la mise en concurrence des concessions hydroélectriques fait l'objet d'un débat difficile entre EDF, les concurrents étrangers et les parlementaires.

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General Electric n’est pas du tout présent dans les turbines pour les centrales hydroélectriques, ni dans l’éolien en mer, où le groupe s’engage par ailleurs « à honorer les engagements industriels et en termes d’emplois déjà pris par Alstom à Cherbourg et à Saint-Nazaire ». Des engagements pris par l’équipementier français après avoir remporté, avec EDF, trois des quatre premiers champs d'éoliennes en mer et alors que le gouvernement doit attribuer deux nouveaux champs ces prochains jours.

GE se dit là aussi prêt à étudier « toute proposition d’acquisition de la part d’investisseurs français pour les activités éolien onshore et offshore d’Alstom ». Très gourmand en capitaux, le secteur de l’éolien en mer est en pleine phase de consolidation. Le concurrent français d’Alstom dans l’éolien en mer, Areva, vient ainsi de signer une co-entreprise avec l’espagnol Gamesa.

Le site de Belfort, où GE possède une usine de turbines à vapeur et a installé son siège européen, deviendrait « le siège européen de l’activité thermique de GE ». Le siège mondial d’Alstom de cette activité est aujourd’hui situé en Suisse, où Alstom avait racheté des actifs à ABB.

Un projet de joint-venture dans le transport

Alors que Siemens a proposé mardi au conseil d’administration d’Alstom de déposer une offre sous conditions qui intégrerait un volet dans le transport, GE propose aussi, à la demande du gouvernement, de consolider ce pôle, que le groupe n’envisage pas d’acquérir. GE indique ainsi avoir mis à l’étude « avec Alstom la possibilité de créer une joint-venture avec l'activité mondiale de signalisation de GE ». Une activité perçue à fort potentiel.

Concernant le secteur stratégique du nucléaire, où Alstom est un partenaire privilégié d’EDF et d’Areva en France et à l’exportation, GE indique avoir « entendu votre volonté de tenir compte du caractère souverain de l’industrie nucléaire ». L’exécutif avait indiqué vouloir maîtriser « l’indépendance énergétique  de la France ». Rappelant être déjà « un fournisseur fiable » pour le secteur, « nous sommes résolus à collaborer avec l’Etat, Areva et EDF afin de protéger ce secteur et de préserver ses exportations », promet Jeffrey Immelt.

Sur la forme, General Electric avait le souci de montrer qu’il n’est pas prédateur et rappelle volontiers qu’Alstom est venu le chercher. En matière de gouvernance, GE proposerait à son conseil d’administration, en cas de succès de son offre, « d’accueillir en son sein un dirigeant d’entreprise français de premier plan ».

DOCUMENT : la lettre adressée à François Hollande par le PDG de GE :

vlebillon@lesechos.fr

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