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Droits humains

En Egypte, un recours à la torture «systématique» selon une coalition d’ONG

Six ONG ont soumis ce lundi 2 octobre un rapport à l’ONU dans lequel elles dénoncent les violences visant tant l’opposition que la société civile.
par LIBERATION et AFP
publié le 2 octobre 2023 à 11h40

La torture, un crime contre l’humanité. En Egypte, le recours à la «torture» par le régime au pouvoir est «systématique». C’est le constat fait dans un rapport par une coalition de six ONG internationales et égyptiennes des droits humains qui appellent ce lundi 2 octobre l’ONU à se pencher sur cette pratique qui constitue, selon elles, «un crime contre l’humanité au regard du droit international».

Leur rapport a été soumis au Comité contre la torture (CAT) de l’ONU qui doit examiner, les 14 et 15 novembre, le respect de l’Egypte de la Convention contre la torture, dont elle est signataire. Le Caire dément régulièrement les allégations de torture en détention.

Dans leur rapport, les ONG recensent des «passages à tabac, décharges électriques, violences sexuelles et déni de soins et de visites familiales». Elles dénoncent également «une politique d’Etat permise par les lois d’exception, les lois antiterroristes et une immunité» garantie à l’appareil sécuritaire du pays le plus peuplé du monde arabe.

La coalition pointe en outre «une répression brutale de la société civile» dans ce pays qui compte des milliers de détenus d’opinion et où l’opposition a été réduite comme une peau de chagrin en dix années de pouvoir d’Abdel Fattah al-Sisi. Les ONG font par ailleurs état d’une «augmentation ces dernières années du ciblage et de la torture des militants et des défenseurs des droits humains […] et des minorités telles que la communauté LGBT +». Les opposants égyptiens se disent victimes de torture en détention depuis la présidence de Gamal Abdel Nasser, arrivé au pouvoir en 1952.

Des aides gelées

Ces dernières années, Washington a gelé une petite partie de son aide militaire à l’Egypte, d’une valeur de plus d’un milliard de dollars, en raison du non-respect des droits humains. Cette année, seuls 85 millions de dollars étaient censés être retenus. Le nouveau président de l’influente commission des Affaires étrangères du Sénat américain a promis samedi de bloquer l’aide à l’Egypte, après que son prédécesseur a été accusé d’avoir favorisé le gouvernement égyptien dans des ventes d’armes, d’après la coalition d’ONG.

Ces derniers mois, Le Caire a amnistié ou libéré un millier de prisonniers, une tentative, selon les observateurs, de redorer l’image d’Abdel-Fattah al-Sissi avant la présidentielle de décembre. Des ONG affirment que près de trois fois plus de personnes ont été arrêtées au cours de la même période. Selon ses partisans, le Président pourrait annoncer sa candidature à sa propre succession ce lundi.

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