Climat : 70% des jeunes prêts à renoncer à une entreprise pas assez engagée

C’est une étude qui vient briser un mythe. Le mythe d’une jeunesse désillusionnée, distante, qui n’a plus aucune valeur autour du travail. Commandée à l’institut Harris Interactive par le collectif Pour un réveil écologique – manifeste lancé en 2018 qui a marqué un tournant dans la mobilisation des jeunes -, cette nouvelle étude a passé au crible les liens qu’entretient la jeunesse avec le monde du travail et les enjeux écologiques. 

2 000 personnes âgées de 18 à 30 ans, toutes catégories sociales confondues, ont été interrogées. À la question "Pourriez-vous renoncer à postuler dans une entreprise dont vous estimez qu’elle ne prend pas suffisamment en compte les enjeux environnementaux ?", 70 % des participants répondent oui. Un pourcentage en hausse de 5 points depuis la dernière édition de mars 2022. De même ils sont plus d’un jeune sur deux à déclarer vouloir quitter leur emploi si l’entreprise dans laquelle ils travaillent ne prend pas suffisamment en compte les enjeux environnementaux. 

"On est passé d’un sujet dont il faut s’occuper à un sujet vital"

"Entre ce qu’on dit et ce qu’on fait il y a toujours un écart. Mais on est entré dans un monde où la question environnementale est proche des centres de décision", explique à Novethic Pierre-Hadrien Bartoli, directeur des études politiques chez Harris Interactive. Car si les jeunes ont les mêmes priorités que le reste de la population, c’est-à-dire le salaire et les conditions de travail, l’environnement arrive à un niveau de préoccupation très élevée, qui "confine parfois à l’angoisse climatique", indique Pierre-Hadrien Bartoli. 

L’expert note un net décollage depuis 2018, au moment du lancement des marches des jeunes pour le climat. "On est passé d’un sujet dont il faut s’occuper à un sujet vital", analyse-t-il. Depuis quelques années maintenant, plusieurs collectifs d’étudiants appellent à la désertion ou à la bifurcation à travers des discours pendant leur remise de diplôme. Polytechnique, HEC, AgroParisTech… ces moments de célébration autrefois anecdotiques sont devenues de plus en plus politiques, appelant les étudiants à faire bouger les lignes face à "l’immobilisme climatique" de leurs écoles et futures entreprises. 

Un site sur "les emplois de demain"

Cette nouvelle étude vient donc confirmer une dynamique déjà forte mais qu’on pouvait croire marginale. Selon le collectif Pour un réveil écologique, "il y a donc un vrai défi pour les employeurs de réconcilier leurs objectifs avec les attentes de cette génération qui ne sacrifiera pas l’urgence écologique sur le marché du travail". D’autant que malgré les poncifs sur une génération "paresseuse", l’étude montre que les jeunes sont attachés à la valeur travail. 85% d’entre eux estiment que le travail occupe une place importante dans leur vie, et 50% continueraient à travailler même s’ils avaient assez d’argent pour vivre sans salaire.

Pour accompagner ces jeunes en quête de sens, le collectif Pour un réveil écologique a lancé en septembre une plateforme recensant des offres d’emplois dans des secteurs bénéfiques à la transition socio-écologique. Le site baptisé "Pour l’emploi de demain", répertorie 17 chantiers prioritaires comme les énergies renouvelables, l’alimentation durable, la rénovation énergétique ou encore la transformation industrielle. Dans chaque secteur, la plateforme recense quelques offres telles que auditeur.rice en productions agricoles AB (bio), directeur.rice collecte et déchets abandonnés, conseiller.e Fance Rénov’ dédiée à la rénovation énergétique… Si certains secteurs manquent encore d’offres, le site venant d’être lancé, il tend à répondre à un besoin fort de la part des jeunes et des moins jeunes : trouver un travail en accord avec leurs valeurs.