Vague de chaleur : des vergers fleurissent en Savoie en octobre... avec cinq mois d'avance

La récolte des pommes et poires se fait sous le soleil au domaine arboricole des Métramiers, à La-Motte-Servolex (Savoie). "Alors pour les salariés, c'est agréable, mais les arbres repartent, constate le propriétaire des lieux, Jean-Luc Girardin devant l'une de ses parcelles, il y a des petites pousses, ce sont des fleurs qui auraient dû sortir au printemps de l'année prochaine." Une précocité qui s'explique par ces températures particulièrement élevées pour un mois d'octobre, la France vient d'ailleurs de traverser le mois de septembre le plus chaud de son histoire.

Une mauvaise nouvelle pour la prochaine récolte

L'apparition de ces fleurs n'affecte pas la récolte actuelle, mais plutôt celle de l'année suivante car les nouvelles pousses sont condamnées par l'hiver. "Cela va geler par le froid, ça va tomber et derrière il n'y aura pas de poire, décrit l'arboriculteur devant un poirier, sur lequel poussent des Williams, là il y aurait dû avoir des poires l'année prochaine, il y en n'aura pas, et plus il y a de fleurs, plus on sait que ce sont des bouquets qu'on n'aura pas l'année prochaine."

Il est difficile pour le moment d'évaluer les pertes liées à ces floraisons en octobre. En revanche, cette précocité risque d'attirer des maladies ou de favoriser le développement de prédateurs, comme les pucerons. Les chaleurs retardent également la tombée des feuilles, "les techniciens nous conseillent de les faire tomber artificiellement pour qu'il n'y ait pas ce retour de pucerons, qui vont passer l'hiver dans les arbres et être présents au printemps pour pouvoir pondre", ajoute l'agriculteur. Déclencher la tombée des feuilles de manière artificielle nécessite d'épandre un produit, un "défoliant",

Des fruits plus petits, jusqu'à 20% de perte de volume

L'autre grande conséquence de ces fortes températures est la taille des fruits récoltés en ce moment. "Il y a un manque de calibre, c'est ce qui ressort cette année, on va avoir des plus petits fruits", montre Laurent Favet, en charge du calibrage. Le professionnel s'active devant une grande machine pour trier des pommes Golden et les ranger ensuite dans des cagettes en bois.

"Les arbres, quand il fait trop chaud, ils se mettent au repos, un repos végétatif, et cette chaleur en automne retard la mise en dormance des arbres, les feuilles tombent moins vite", détaille le salarié. L'exploitation récolte habituellement en moyenne de 5 à 600 tonnes de pommes et poires, les conditions météorologiques pourraient occasionner jusqu'à 20% de perte de volume.

Enfin, ces fortes chaleurs obligent l'exploitant à faire tourner ses chambres froides à plein régime pour abaisser la température des fruits. "Avec l'IGP pommes et poires de Savoie, on doit refroidir les fruits en moins de douze heures. Les fruits sont actuellement à 30 ou 40 degrés... et on doit les ramener entre 0 et 2 degrés", grimace Jean-Luc Girardin. La facture d'électricité s'annonce donc plus élevée que l'année dernière. L'arboriculteur réfléchit à se tourner vers des variétés plus adaptées à ces chaleurs.