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Santé

Addiction aux opioïdes : plusieurs vaccins à l’étude chez l’humain

Un premier essai clinique a débuté aux États-Unis pour tester un vaccin contre l’oxycodone. Un second, consacré à un vaccin contre le fentanyl, devrait commencer début 2024.

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Le fentanyl est actuellement la drogue qui cause le plus de décès par overdose.

Le fentanyl est actuellement la drogue qui cause le plus de décès par overdose.

SHERRY YATES YOUNG / SCIENCE PHOTO / SYO / Science Photo Library via AFP

La crise des opioïdes bat son plein aux États-Unis, boostée en partie par la pandémie de Covid-19. Selon la principale agence de santé de ce pays, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), plus de 80.000 personnes y ont péri en 2021 à cause de ces dérivés d’opiacés (ce qui représente 75 % de tous les décès causés par une overdose).

Cette crise risque de devenir globale, car il a été montré que les entreprises pharmaceutiques produisant ces opioïdes tentent de les exporter pour échapper aux régulations américaines. Pour faire face au tsunami des cas d’overdose, le gouvernement des Etats-Unis autorise désormais la vente sans ordonnance d’un médicament pouvant ranimer les victimes d’overdose par opioïdes.

Tromper le système immunitaire pour lutter contre les opioïdes

Cependant, il serait bien plus efficace de prévenir ces cas au lieu de les traiter après l’overdose. Pour ce faire, plusieurs équipes scientifiques ont conçu des vaccins qui reconnaissent ces molécules. Ces vaccins trompent le système immunitaire en lui faisant croire que l’opioïde est la protéine d’un pathogène. Le corps de l’individu vacciné produit donc des anticorps qui ciblent cette molécule et la recouvrent, lui empêchant de traverser la barrière hématoencéphalique, qui protège le cerveau.

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Ainsi, l’opioïde ne peut pas pénétrer dans le cerveau et ne peut plus produire son effet euphorique et de détente. Ce qui devrait aider à la personne atteinte d'addiction à arrêter de l’utiliser.

C’est par exemple le cas d’un vaccin développé à l’Université de Houston, qui diminue de 90 % la quantité de fentanyl qui pénètre le cerveau de rats vaccinés, évitant ainsi les effets néfastes de cette drogue. Après ces résultats très encourageants chez des modèles animaux, les premiers de ses vaccins commencent à être testés chez l’humain.

Le premier essai clinique vise l’oxycodone

Plusieurs molécules dérivées d’opiacés existent actuellement, telles que la codéine, le tramadol, le fentanyl ou l’oxycodone. Ce dernier, créé il y a plus d’un siècle en Allemagne, est un des opioïdes les plus prescrits et un des plus addictifs, étant à l’origine de la vague de cas d’overdose aux États-Unis.

En 2011, l’oxycodone était la drogue causant le plus de décès par overdose, elle a été dépassée par le fentanyl depuis 2014, selon les données des CDC. Des candidats vaccins contre cette molécule sont en développement depuis des années, et un d’eux sera le premier vaccin contre un opioïde testé chez l’humain.

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Cet essai clinique de phase I est mené par la neurobiologiste de l’Université de Columbia et de l’Institut psychiatrique de l’état de New York Sandra D. Comer et le pharmacologue Marco Pravetoni de l’Université de Washington, directeur du Centre pour le développement de médicaments contre les addictions à Seattle. Leur but est de tester la sûreté du vaccin et son efficacité pour générer des antibiotiques contre l’oxycodone et pour réduire la dépendance pour cette drogue.

Le recrutement pour cet essai a commencé le 8 octobre 2023 et l’étude devrait finir le 30 décembre de la même année. Le vaccin sera testé chez 45 personnes âgées entre 18 et 59 ans avec une dépendance physique à l’oxycodone. Selon les chercheurs, leur objectif à long terme est de développer un vaccin combiné qui ciblera l’oxycodone et l’héroïne, mais pour le moment ils testeront uniquement le vaccin contre l’oxycodone.

Un essai clinique pour un vaccin contre le fentanyl devrait commencer en 2024

L’Université du Montana annoncé le 29 août 2023 que des chercheurs de leur université vont collaborer avec l’Université de Columbia et celle de Washington pour deux autres essais cliniques, cette fois sur des vaccins contre l’héroïne et le fentanyl.

Ces essais devraient commencer leur recrutement en 2024 et si les résultats sont positifs, les chercheurs espèrent que les vaccins seront prêts pour être commercialisés en 2028. Ces vaccins devraient être efficaces uniquement pendant une période de maximum deux ans, suffisamment pour permettre à une personne avec une addiction d’arrêter son utilisation, mais lui permettant de pouvoir, plus tard, utiliser ces drogues afin de traiter des douleurs dans des cas d’urgence médicale.

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