Des migrants sur la plage du Portel, près de Boulogne-sur-Mer, le 2 octobre 2023. Image d'illustration. Crédit : Reuters
Des migrants sur la plage du Portel, près de Boulogne-sur-Mer, le 2 octobre 2023. Image d'illustration. Crédit : Reuters

Le parquet de Lille a indiqué mardi que 15 personnes avaient été mises en examen dans le cadre d'une enquête sur un réseau de passeurs soupçonné d'avoir organisé la traversée vers l'Angleterre au cours de laquelle une migrante érythréenne est morte "piétinée", fin septembre près de Calais. Onze des 15 personnes concernées ont été placées en détention provisoire.

Il s'agit de faire la lumière sur les circonstances de la mort de l'Érythréenne fin septembre, près de Calais. Le parquet de Lille a annoncé, mardi 10 octobre, que 15 personnes avaient été mises en examen dans le cadre de l'enquête sur un réseau de passeurs soupçonné d'avoir organisé la traversée vers l'Angleterre au cours de laquelle la jeune exilée serait morte "piétinée". L'autopsie avait exclu une mort par noyade.

Ces mises en examen, survenues les 5 et 6 octobre, font suite à une vaste opération de police menée le 2 octobre, au cours de laquelle 16 personnes de nationalités tunisienne, syrienne, libyenne, irakienne, afghane, guinéenne et soudanaise ont été interpellées, a détaillé la procureure Carole Etienne, dans un communiqué. Onze des 15 mis en examen ont été placés en détention provisoire.

Ce coup de filet s'inscrit dans le cadre d'une enquête menée depuis plusieurs mois sur un "réseau de passeurs de dimension internationale permettant la traversée de migrants au Royaume-Uni via des small boats", a expliqué la procureure. Début juillet, le parquet de la Juridiction interrégionale spécialisée de Lille avait ouvert une information judiciaire.

À la suite du décès de la jeune érythréenne, en raison de sa "connexité" avec le dossier déjà ouvert à Lille, cette nouvelle information judiciaire a été élargie au chef d'"homicide involontaire par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence", indique Carole Etienne.

Bousculade meurtrière

Le 26 septembre, la jeune femme avait été découverte morte sur la plage de Blériot, sur la côte d'Opale. La victime "qui se trouvait à bord d'un small boat surchargé, apparaissait avoir été piétinée dans une bousculade impliquant des hommes, des femmes et des enfants", écrit Carole Etienne. Le médecin légiste a imputé son décès à une "asphyxie résultant d'une restriction de ventilation", précise-t-elle.


Des dizaines de migrants quittent le port de Grand-Fort-Philippe pour traverser la Manche vers le Royaume-Uni sur un petit bateau, à Grand-Fort-Philippe près de Calais, France, le 16 août 2023. Crédit : Reuters
Des dizaines de migrants quittent le port de Grand-Fort-Philippe pour traverser la Manche vers le Royaume-Uni sur un petit bateau, à Grand-Fort-Philippe près de Calais, France, le 16 août 2023. Crédit : Reuters


L'embarcation sur laquelle la victime espérait effectuer la traversée transportait 80 personnes de nationalités albanaise, algérienne, soudanaise ou encore yéménite, ajoute le parquet.

Dans le cadre des investigations sur le décès de la jeune femme, un homme a déjà été inculpé au Royaume-Uni et présenté à la justice britannique jeudi 28 septembre. Ce Soudanais de 21 ans est soupçonné d’avoir conduit un canot qui a atteint les côtes anglaises le jour même de la mort de l'Érythréenne, selon l’agence britannique de lutte contre la criminalité (NCA).

Ces arrestations interviennent alors que le dernier décès sur cette route migratoire remonte au dimanche 8 octobre. Un jeune homme "potentiellement de nationalité érythréenne, âgé d'environ 17 ans", selon le parquet de Boulogne-sur-Mer, a été découvert mort sur une plage du nord de la France, cette fois dans le Pas-de-Calais.

Dix morts en deux mois

Ce drame porte à dix le nombre de migrants décédés dans le nord de la France en seulement deux mois. Le 30 septembre, un migrant a également été retrouvé mort dans un canal à Loon-Plage (Nord), à proximité d'un campement. Le même jour, un autre exilé a été mortellement percuté par un train vers Dunkerque.

>> À (re)lire : "Plus on met d'effectifs, plus ça part" : malgré des renforts dans la Manche, les policiers confrontés à de nombreux départs en bateau

Le 12 août, ce sont six Afghans qui avaient péri dans le naufrage d'une embarcation d'une soixantaine d’exilés tentant de gagner l'Angleterre.

Fin août, la préfecture du Nord notait que le nombre moyen de passagers par canot "ne fait que croître", avec "en moyenne 53 personnes par embarcation soit un quasi doublement depuis 2021".

Mardi matin, 103 migrants qui se trouvaient à bord de deux embarcations "très chargées" ont été secourus et ramenés à terre côté français lors de deux opérations de sauvetage, selon la préfecture maritime.

 

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