AGRESSIONS SEXUELLES - Elle veut à son tour briser l’omerta et clame que « tous ceux qui ont travaillé avec Depardieu savent qu’il agresse les femmes ». En réaction à la tribune récemment publiée par Gérard Depardieu, qui cherche à se défendre des accusations de violences sexuelles qui pèsent contre lui, l’actrice Anouk Grinberg prend à son tour la parole dans une interview au magazine Elle, où elle soutient fermement Charlotte Arnould.
Dans cet entretien, qui paraîtra dans le numéro de Elle du 12 octobre, l’actrice récemment aperçue dans La Nuit du 12 ou L’innocent dit s’être sentie obligée d’apporter son soutien à la jeune comédienne, qui accuse l’interprète de Cyrano de Bergerac de deux viols à son domicile. « Je ne peux plus me taire », assure-t-elle.
Amie de longue date du comédien de 74 ans, après avoir notamment été la compagne du réalisateur Bertrand Blier (avec lequel Depardieu a tourné à plusieurs reprises), elle connaît tant l’homme que l’acteur. Ensemble, ils avaient notamment tourné dans Merci la vie, en 1991.
« Quand il dit (...) qu’il n’a jamais agressé une femme, moi, je l’ai vu le faire pendant tout ce temps », répond Anouk Grinberg. « Je l’ai vu mettre des mains aux fesses à des femmes, leur toucher les seins, le sexe tout en blaguant. Je l’ai entendu parler toute la journée de leur moule, de comment il aimerait les sucer toute la journée et personne n’a jamais rien dit », dénonce encore Anouk Grinberg, également ulcérée par les méthodes de défense du comédien.
Et quand Gérard Depardieu écrivait dans sa tribune publiée le 1er octobre : « Tout cela m’atteint. Pire encore, m’éteint », l’actrice y voit surtout une « insulte pour les victimes qui souffrent pour des années à cause de ses comportements déviants » et ajoute qu’il s’agit d’une « stratégie de défense pour draguer la foule et en faire son alliée ».
Dans cette lettre ouverte, l’acteur niait une nouvelle fois les faits dont il est accusé, dénonçant au passage un « lynchage » orchestré par le « tribunal médiatique ».
« Rire avec la meute pour avoir une petite place »
Estimant pour sa part avoir été « relativement intouchable » pour Depardieu, du fait de sa relation avec le cinéaste Bertrand Blier, Anouk Grinberg assure toutefois ne pas avoir « été épargnée par ses agressions verbales » et dit l’avoir vu « faire pendant tout ce temps ».
Elle explique ainsi que « Blier et lui s’excitaient mutuellement pour humilier les femmes et en rire. L’équipe faisait allégeance, riait aussi pour plaire aux rois. À ce moment-là de ma vie, je n’avais alors pas d’autre choix que de rire avec la meute pour (...) avoir une petite place ».
Questionnée sur sa présence à l’affiche d’un film avec Depardieu en 2020 (Les Volets verts, de Jean Becker), elle assume l’avoir fait « en (se) bouchant le nez ». Mais « tous les jours je l’ai entendu débiter ses ordures sexuelles aux autres femmes sur le plateau ».
Surtout, en prenant la parole de la sorte, Anouk Grinberg souhaite dénoncer l’absence de réaction du milieu du cinéma français, alors que l’acteur a été mis en examen en 2020 pour « viols » et « agressions sexuelles ». Elle évoque pour cela un silence « assourdissant, abaissant pour notre art ». Anouk Grinberg appelle ainsi à briser le silence pour aider Charlotte Arnould : « Charlotte est seule face à tous, c’est pour tout cela il faut qu’on avance en bande, c’est pourquoi je sors du bois. »
En plus des accusations de Charlotte Arnould, Gérard Depardieu est également mis en cause par les témoignages de 13 femmes qui l’accusent de violences sexuelles, publiés en avril par Mediapart. Le parquet de Paris avait indiqué à l’époque de ces révélations n’avoir « été destinataire à ce jour d’aucune nouvelle plainte ».
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