La Cour supérieure du Québec a autorisé une entente de plusieurs millions de dollars pour dédommager les victimes d’agressions sexuelles commises par des membres de la congrégation des Frères Saint-Gabriel.

Il s’agit d’une victoire pour les plus de 70 victimes qui ont mené cette action collective contre la congrégation depuis 2019.

Le fonds de règlement sera d’un montant variant entre 9 405 000 $ et 26 895 000 $ selon le nombre de victimes qui s’inscrivent. Les membres ont maintenant trois mois à partir du 12 octobre pour s’identifier auprès du cabinet d’avocats Arsenault Dufresne Wee, par courriel (actionfsg@adwavocats.com) ou par téléphone au 514-527-8903.

La demande d’autorisation collective avait été déposée en décembre 2019 et autorisée un an plus tard. Un total de 76 membres sont présentement inscrits auprès du cabinet d’avocats.

Ils affirment tous avoir subi des agressions sexuelles de la part de membres de la Congrégation des Frères Saint-Gabriel au Québec entre 1940 et aujourd’hui. Plusieurs victimes étaient de jeunes garçons.

« Je n’étais qu’un enfant. Un enfant de 10 ans à peine, inscrit comme pensionnaire au Collège St-Gabriel, sur les flancs du mont Saint-Bruno. Un enfant qui ne connaissait rien de la sexualité, des déviances et du tort que cela pouvait causer », a confié l’une des victimes dans des témoignages rendus dans les documents judiciaires.

Dans les années 50 alors que j’étais à l’école Napoléon Courtemanche de Montréal-Est au primaire, j’ai été abusé sexuellement par un frère de Saint-Gabriel et ces abus ont affecté ma santé et ma vie. J’ai gardé ce secret toute ma vie […].

Extrait d’un témoignage d’une victime

Un sentiment de justice

Bien que l’indemnisation ne pourra jamais éliminer les agressions, elle apporte un certain sentiment de justice, ajoutent plusieurs dans leurs témoignages.

« La récente nouvelle de ce recours collectif contre cette congrégation est venue raviver la vieille blessure que je porte depuis l’enfance, peut-on lire. Mais elle m’a également permis d’espérer un certain soulagement devant la perspective que cet acte injuste et odieux fait à mon endroit, et resté jusque-là impuni, soit enfin reconnu et dédommagé. »

« Ce recours inespéré représente la première réelle occasion de dire les choses, de dénoncer ces gestes, ces agressions commises à mon endroit et qui ont marqué ma vie, mon quotidien, mes relations intimes », renchérit une autre victime.

L’ancien juge en chef de la Cour supérieure à la retraite, Jacques Fournier, a été nommé l’adjudicateur pour les réclamations des victimes.

À noter que les personnes qui auraient déjà signé une quittance individuelle en faveur des Frères de Saint-Gabriel, en lien avec des prétentions d’agression sexuelle, sont exclues du présent règlement. Celles qui auraient fait partie du Programme national de réconciliation avec les orphelins et orphelines de Duplessis aussi.