«Demain, nous commencerons à travailler pour ce nouvel Equateur (...) pour reconstruire un pays qui a été gravement touché par la violence, la corruption et la haine», a commenté le président élu. «A partir de demain, l'espoir commence à travailler», a-t-il promis, remerciant «Dieu, ma femme, mes parents et toutes les personnes qui ont fait partie d'un projet politique nouveau, jeune, improbable, dont l'objectif était de redonner le sourire au pays».
Comme inlassablement répété durant sa campagne, il s'est une nouvelle fois «engagé à redonner la paix à un pays, à redonner l'éducation, des emplois aux nombreuses personnes qui en cherchent, de donner la paix aux familles qui ne peuvent pas sortir dans la rue». Cette victoire a été saluée par des concerts de klaxons dans les rues de la capitale.
Une campagne électorale marquée par la violence
Le scrutin, annoncé ces derniers jours comme très serré par les sondages, s'est déroulé sans incident majeur, avec un taux de participation de plus de 82,33%. Il marque une lourde défaite pour le corréisme, principale force politique en Equateur depuis une quinzaine d'années, alors que l'ombre de l'ex-président Correa (en exil car condamné pour corruption dans son pays) a plané sur le vote.
Luisa Gonzalez, 45 ans, était arrivée le 20 août en tête du premier tour avec 34% des voix. Benjamin de l'élection, Daniel Noboa avait créé la surprise en prenant la deuxième place (23%) d'une campagne marquée par l'assassinat de l'un des principaux candidats, Fernando Villaviciencio, un ex-journaliste au discours anti-corruption.
Cette élection s'est déroulée «dans un climat d'insécurité et de violence politique imposé par les bandes liées au crime organisé international», a résumé dimanche la presse locale.
Une jeune expérience en politique
Daniel Noboa a grandi dans les coulisses des campagnes électorales de son père, Alvaro Noboa, qui a fait fortune dans l'exportation de bananes et s'est présenté en vain cinq fois à la présidentielle, notamment contre Rafael Correa en 2006.
L'homme se dit de «centre gauche», mais ce néo-libéral incarne l'élite politique équatorienne issue du monde de l'entreprise privée et proche de la droite. Marié et père de deux enfants, ce prospère homme d'affaires a étudié dans les meilleures universités américaines avant d'intégrer l'empire familial, la Noboa Corporation.
Souriant mais d'abord réservé, il a promis «une main ferme» contre les groupes criminels. Il propose pour cela la «militarisation des ports et des frontières, de protéger les voies stratégiques d'exportation et de commerce», ou encore de développer la «vigilance citoyenne». Autres grands projets sécuritaires: créer une agence du renseignement national qui chapeautera tous les organes de renseignement, y compris l'administration pénitentiaire (SNAI), un «désastre total» selon lui alors que les prisons du pays sont le théâtre de massacres récurrents entre détenus de gangs rivaux.
L'homme à la maigre expérience de deux ans comme député n'aura que bien peu de temps pour tenir ses promesses. Il gouvernera jusqu'au début 2025, terme du mandat du président conservateur sortant Guillermo Lasso qui avait choisi d'appeler à des élections anticipées pour éviter sa destitution sur fond d'accusations de corruption. Il aura aussi fort à faire pour obtenir une majorité à l'Assemblée nationale, particulièrement fragmentée, où il ne dispose que de 13 députés, contre 48 pour le parti corréiste, sur un total de 137 sièges.