Après l’attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas contre Israël, le gouvernement allemand a renforcé la sécurité devant les lieux liés à la communauté juive. A Berlin, les rassemblements en faveur de la Palestine sont interdits, mais des manifestations ont tout de même eu lieu au pied de la tour de la télévision dans le centre-ville de la capitale allemande, ainsi que sur la Sonnenallee, une rue commerçante où se situent de nombreux commerces arabes. Les autorités craignent une recrudescence des actes antisémites.

Sur les réseaux sociaux, certains internautes ont signalé que des graffitis, en forme d’étoiles à six branches, étaient apparus sur la porte d’habitations de citoyens de confession juive. Dans une publication partagée sur le réseau social X, Anna Staroselski, la vice-présidente de l’association germano-israélienne DIG, diffuse des images de quatre de ces graffitis, précisant que selon «des témoignages de la communauté juive de Berlin, hier, des habitations privées dans lesquelles vivent des juifs et juives ont été marquées d’étoiles de David.» Un marquage qui rappelle le passé nazi du pays, et l’extermination de millions de juifs.

Toujours sur X, certains internautes mais aussi des notes non validées de la communauté (le service collaboratif de vérification et de contextualisation des faits), que CheckNews a pu consulter, mettent en doute la véracité de ces graffitis, assurant qu’il s’agit d’un montage et que les étoiles à six branches ont été ajoutées artificiellement.

Tags relevés par la police

Or, comme l’indiquent deux communiqués de presse de la police berlinoise, partagés vendredi et samedi, plusieurs actes antisémites, dont des tags, ont été relevés par les autorités locales ces derniers jours. Quatre graffitis d’étoiles de David et un tag antisémite ont bien été relevés par la police berlinoise depuis le 12 octobre.

Dans le détail, ces communiqués font état d’une plainte déposée par un riverain de la Topsstrasse, dans le quartier de Prenzlauer Berg, qui a découvert le 12 octobre une étoile de David taguée à la peinture noire. Il s’agit de l’image dans le coin du bas à droite de l’image postée par Anna Staroselski.

Dans le même quartier, une riveraine de la Dänenstrasse a signalé une étoile de David sur la porte de son immeuble. Ce graffiti a été partagé sur le réseau social X par la journaliste de Bild, Antonia Yamin, qui rapporte qu’une riveraine de confession juive, affichant une mézouza sur sa porte, a pris la photo, effectué un signalement par téléphone à la police et retiré le graffiti avec de l’acétone, comme le lui a demandé un agent. La police berlinoise a confirmé que la police de protection de l’Etat enquêtait désormais sur des soupçons d’incitation à la haine.

La police berlinoise a également reçu le signalement d’une étoile de David taguée sur la porte d’entrée d’un immeuble d’habitation de la Bossestrasse à Friedrichshain (l’image du bas à gauche dans le tweet d’Anna Staroselski). Dans le même quartier, une autre étoile à six branches a été retrouvée taguée sur des toilettes de la Bödikerstrasse. Les deux graffitis ont été effacés.

Au total, ce sont donc quatre graffitis d’étoiles de David qui ont été signalés par la police dans les rues berlinoises. L’image du haut à droite d’Anna Staroselski n’est pas recensée par ce communiqué.

Affiches anti-israéliennes et agression islamophobe

En plus de ces marquages d’étoiles à six branches, les forces de l’ordre signalent qu’un «tag antisémite» a été découvert samedi matin sur la façade d’un bâtiment de l’administration du Sénat dans le quartier de Wilmersdorf. «Le graffiti, d’une taille d’environ 100 × 60 cm, a été rendu méconnaissable», assure la police berlinoise.

Des affiches anti-israéliennes ont également été découvertes sur les vestiges touristiques du mur de Berlin, dans le quartier de Friedrichshain. Ces affiches étaient collées sur le Vaterland, une œuvre peinte par l’artiste Günther Schaefer, montrant l’étoile de David bleue du drapeau israélien superposée sur le drapeau de l’Allemagne. D’autres affiches anti-israéliennes accrochées par une organisation pro-palestinienne ont été retirées sur la Sonnenallee, la rue arabe du quartier de Neukölln. Deux drapeaux israéliens, hissés devant les mairies des quartiers de Reinickendorf et devant l’hôtel de ville Rotes Rathaus au pied de la tour de la télévision, ont été pris pour cible.

Dans son communiqué de samedi, la police berlinoise évoque également une agression islamophobe, dans le contexte actuel de tensions. Dans le quartier de Spandau, une adolescente de 15 ans a déclaré qu’une femme inconnue l’avait insultée, poursuivie et «lui aurait retiré son voile de la tête et lui aurait donné des coups de pied.» Alors que l’adolescente serait tombée au sol, l’agresseuse aurait pris la fuite sans être reconnue. Les services de secours ont transporté la victime à l’hôpital, indique le communiqué.

La police de protection de l’Etat du Landeskriminalamt a pris en charge l’enquête sur tous ces incidents. A ce stade, on ignore qui sont les personnes à l’origine des tags retrouvés dans les rues berlinoises.