Menu
Libération
CheckNews
Vos questions, nos réponses
CheckNews

L’armée israélienne accusée de crime de guerre après la diffusion d’une vidéo montrant 4 hommes abattus

La guerre entre le Hamas et Israëldossier
Une vidéo diffusée par Tsahal évoque l’élimination de quatre assaillants du Hamas lors d’un combat. Les images suggèrent que les hommes abattus auraient été exécutés alors qu’ils se rendaient.
par Anaïs Condomines et Jacques Pezet
publié le 17 octobre 2023 à 7h28

Question posée le 16 octobre

Vous nous avez interrogé à propos d’une vidéo postée le 10 octobre par le compte officiel de l’armée israélienne, trois jours après les attaques terroristes, du Hamas en Israël.

Ces images montrent quatre corps présentés comme étant ceux de «terroristes» abattus. Dans le texte qui accompagne sa publication, l’armée israélienne précise : «Les forces de Tsahal du 52e bataillon de la 401e brigade blindée, en coopération avec une force de combattants de l’unité Magellan, ont identifié quatre terroristes armés dans la zone de la plage de Zikim plus tôt dans la journée. Les troupes du 17e bataillon (Bislamach) ont échangé des tirs avec les terroristes dans la zone et les ont éliminés.»

La scène se déroule dans la zone de la plage de Zikim

Mais la vidéo est depuis au cœur d’une polémique : selon certains observateurs, elle donne à voir une exécution d’hommes non armés, pouvant relever d’un crime de guerre. «Une vidéo publiée le 10 octobre semble montrer des troupes israéliennes exécutant des hommes palestiniens qui étaient à genoux et brandissaient un drapeau de reddition», écrit ainsi un ancien responsable de l’ONG Human Rights Watch.

Grâce aux éléments visuels disponibles dans la vidéo de l’armée israélienne, CheckNews a pu déterminer la géolocalisation exacte de la scène, qui se déroule dans la zone de la plage de Zikim, à environ 600 mètres de la frontière nord de la bande de Gaza. Cette zone, où se trouve une base militaire israélienne, a fait l’objet de combats dès le 7 octobre et dans les jours qui ont suivi, comme l’ont indiqué à la fois l’armée israélienne et le Hamas.

La vidéo se décompose en plusieurs temps. La première partie montre, pendant une vingtaine de secondes, quatre soldats israéliens armés – dont deux se tiennent debout – à côté de quatre cadavres. Une kalachnikov se trouve près d’un des corps.

Face caméra, l’un des soldats annonce : «Après un affrontement avec quatre terroristes. Voilà ce qui arrive à ceux qui tentent de s’en prendre l’Etat d’Israël. Nous ne serons pas délogés grâce à une armée forte.» Comme l’ont repéré nos confrères de France24, d’autres images des quatre mêmes cadavres ont été postées sur Telegram par un groupe de premiers secours israéliens. Sur ces images, on peut constater que deux des hommes gisant au sol portent des pantalons treillis militaires. Trois fusils d’assaut, un pistolet et un talkie-walkie se trouvent également sur place, suggérant des hommes en armes.

Différentes scènes en vue aériennes

C’est la deuxième partie de la vidéo qui fait l’objet d’une polémique. Elle est constituée de différentes scènes, filmées en vue aériennes, ayant semble-t-il précédé la mort des quatre hommes. Sur le premier plan, on distingue quatre hommes sur une piste, deux sont couchés. Deux sont assis. Sur le deuxième plan, on distingue (très mal) ce qui semble être un véhicule avançant sur la piste. Sur le troisième plan, on retrouve les quatre hommes au milieu d’une piste. Deux d’entre eux semblent être à genoux, en train de lever les mains. L’un semble agiter un tissu, suggérant une reddition. Le quatrième plan montre le véhicule qui s’arrête.

Puis, dans un cinquième et dernier plan, plusieurs individus (qu’on devine être des soldats israéliens) s’avancent vers les hommes à terre. On semble distinguer deux détonations près des hommes agenouillés et immobiles. On ne discerne pas d’armes sur ces images. Mais la mauvaise qualité des images empêche d’être conclusif sur ce point.

Selon le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, le fait «de tuer ou de blesser un combattant qui, ayant déposé les armes ou n’ayant plus de moyens de se défendre, s’est rendu à discrétion» constitue un crime de guerre.

Contacté par CheckNews, le service de presse de l’armée israélienne n’a pas répondu à nos demandes de précisions. Nous mettrons cet article à jour en cas de réponse.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique