L'actualité mondiale Un regard humain

A Gaza, plus de 625.000 élèves privés d’école en raison des hostilités

Des gens faisant la queue devant une boulangerie à Gaza.
© UNICEF/Ayad El Eyad
Des gens faisant la queue devant une boulangerie à Gaza.

A Gaza, plus de 625.000 élèves privés d’école en raison des hostilités

Paix et sécurité

Au 17e jour de la guerre déclenchée par l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël, la situation humanitaire reste « dramatique dans les territoires palestiniens occupés » et s’est considérablement détériorée avec une augmentation massive des déplacements internes dans la bande de Gaza, mais aussi une situation préoccupante à la suite des dégâts subis par les établissements scolaires et les infrastructures civiles.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), la bande de Gaza n’est pas un endroit sûr pour des centaines de milliers d’élèves et 22.500 enseignants.

« Plus de 625.000 élèves de la bande de Gaza n’ont pas eu accès à l’éducation pendant au moins 12 jours, et 206 écoles ont été endommagées, dont au moins 8 sont utilisées comme abris d’urgence », a indiqué l’OCHA dans son dernier rapport, relevant que « l’ampleur des dégâts subis par les établissements scolaires et les autres infrastructures civiles est de plus en plus préoccupante ».

Parmi ces établissements d’enseignement touchés, il y a au moins 29 écoles de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). D’autres bâtiments universitaires ont été gravement endommagés, tandis que les centres de développement de la petite enfance n’ont pas encore fait l’objet de rapports.

La Cisjordanie n’est pas épargnée

Selon l’agence onusienne, l’escalade a également imposé des restrictions d’accès à une éducation sûre dans certaines zones de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est. Toutes les écoles de Cisjordanie ont été fermées entre le 7 et le 9 octobre, affectant au moins 782.000 élèves. 

Sur les 1.918 écoles de l’Autorité palestinienne, au moins 232 écoles accueillant au moins 50.000 élèves n’avaient pas été rouvertes en raison des restrictions de circulation, de la violence des colons et de la peur du harcèlement sur le chemin de l’école, selon un décompte effectué le 17 octobre. 

« La majorité de ces écoles se trouvent dans la zone C et à Jérusalem-Est, ainsi que dans des zones reculées où les enfants ont des difficultés à accéder à l’enseignement à distance », a détaillé l’OCHA, ajoutant que le groupe sectoriel éducation vérifie un grand nombre d’incidents liés à l’éducation qui ont eu lieu en Cisjordanie et à Jérusalem-Est au cours des deux dernières semaines, notamment « des tirs d’armes, la détention d’élèves ou de personnel scolaire, ainsi que des retards et des harcèlements sur le chemin de l’école ». 

Plus largement, « le ministère des Travaux publics de Gaza a signalé la destruction de 15.700 unités d’habitation et le fait que près de 11.000 unités d’habitation ont été rendues inhabitables, au 21 octobre. Le nombre total d’unités de logement détruites ou endommagées représente au moins 40 % de toutes les unités de logement dans la bande de Gaza. Des quartiers entiers ont été détruits, en particulier à Beit Hanoun, Beit Lahia et Ash Shuja’iyeh, la zone entre Gaza et le camp de réfugiés d’Ash Shati’, et Abbassan Kabeera.

De son côté, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recensé, le 19 octobre, 62 attaques contre les soins de santé, touchant 29 établissements de santé (dont 19 hôpitaux endommagés) et 23 ambulances. Sept hôpitaux, tous situés dans la ville et le nord de Gaza, ont été contraints de fermer en raison des dégâts subis, du manque d’électricité et de fournitures et/ou des ordres d’évacuation.

Des familles déplacées dans les zones du sud de Gaza s’adaptent du mieux qu’elles peuvent aux conditions.
© UNRWA
Des familles déplacées dans les zones du sud de Gaza s’adaptent du mieux qu’elles peuvent aux conditions.

1,4 million de déplacés internes à Gaza

Par ailleurs, l’ONU estime à environ 1,4 million le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de la bande de Gaza, dont près de 600.000 sont hébergées dans 150 abris d’urgence désignés par l’UNRWA. 

S’agissant de la réponse humanitaire, le point de passage de Rafah avec l’Égypte a été ouvert hier dimanche pour la deuxième journée consécutive, permettant l’entrée de 14 camions transportant de la nourriture, de l’eau et des fournitures médicales. Cela équivaut à environ 3 % du volume quotidien moyen de marchandises entrant à Gaza avant les hostilités. 

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordinateur des secours d’urgence, Martin Griffiths, a déclaré qu’il s’agissait d’une « nouvelle petite lueur d’espoir pour les millions de personnes qui ont un besoin urgent d’aide humanitaire. Mais elles ont besoin de plus, de beaucoup plus ».

Les livraisons d’aide entrant dans la bande de Gaza ne comprennent pas de carburant. L’UNRWA, qui est de loin le principal fournisseur d’aide humanitaire à Gaza, épuisera ses réserves de carburant dans les trois prochains jours.

C’est dans ce contexte qu’hier dimanche, Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’UNRWA, a appelé à autoriser immédiatement les livraisons de carburant. « L’absence de carburant étranglera davantage les enfants, les femmes et la population de Gaza », a-t-il fait valoir.

De vastes zones de la bande de Gaza sont devenues inhabitables à cause du conflit.
© UNRWA/Mohammed Hinnawi
De vastes zones de la bande de Gaza sont devenues inhabitables à cause du conflit.

Appel à un cessez-le-feu humanitaire

Pour sa part, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a appelé lundi à un large cessez-le-feu humanitaire à Gaza et en Israël. Il a également appelé les parties au conflit à redoubler d'efforts pour garantir le respect du droit international.

« Beaucoup trop de vies civiles, dont beaucoup d'enfants, ont déjà été perdues – des deux côtés – à la suite de ces hostilités. Et, à moins que quelque chose ne change, les jours à venir verront davantage de civils mourir à cause des bombardements incessants. L’humanité doit passer en premier », a déclaré M. Türk.

Selon lui, la violence « ne cessera jamais à moins que les dirigeants ne fassent les choix courageux et humains qu’exige l’humanité fondamentale. La première étape doit être un cessez-le-feu humanitaire immédiat, sauvant la vie des civils grâce à la fourniture d’une aide humanitaire rapide et efficace, dans tout Gaza, fournie en fonction des besoins et non limitée par d’autres critères arbitraires », a-t-il ajouté.