Une monnaie nationale faible par rapport au dollar, des salaires qui stagnent depuis trente ans, une population active qui décline. Du fait de l’accumulation de tous ces facteurs, le PIB nominal du Japon devrait reculer de 0,2 % cette année par rapport à 2022 pour atteindre 4 230 milliards de dollars (3 984 milliards d’euros), selon la dernière projection du Fonds monétaire international (FMI) reprise par le journal nippon Asahi Shimbun. Fait notable, le Japon devrait officiellement perdre sa place de troisième puissance économique mondiale au profit de l’Allemagne. Selon les projections, le PIB allemand devrait croître de 8,4 % pour atteindre 4 429 milliards de dollars (4 172 milliards d’euros) en 2023.

Comme le note le journal, il s’agirait là d’un événement hautement symbolique. En 1968, le Japon, alors en pleine croissance, avait supplanté l’Allemagne de l’Ouest en tant que deuxième puissance économique mondiale – il a perdu ce statut en 2010, dépassé par la Chine. L’Allemagne dépasse aujourd’hui l’archipel, alors que sa population (83 millions d’habitants) représente seulement les deux tiers de celle du Japon (124 millions d’habitants).

Perte de l’influence internationale

Asahi Shimbun voit dans la faiblesse du yen l’une des causes majeures de ce déclin : sa valeur par rapport au dollar a chuté de 27 % depuis le début de l’année 2022, et l’inflation a frappé le Japon plus fortement que l’Allemagne.

Cependant, l’économie japonaise stagne depuis des années : “Même en matière de PIB réel, l’économie allemande a crû de 1,2 % par an en moyenne entre 2000 et 2022, tandis que le taux de croissance annuel moyen s’établit à 0,7 % pour le Japon”, constate le journaliste.

Yuichi Kodama, économiste au Meiji Yasuda Research Institute interrogé par l’agence de presse Bloomberg, redoute que ce ralentissement de la croissance n’entraîne une perte d’influence du pays :

“En matière de présence sur la scène internationale, la dimension économique est importante. Sur les moyen et long termes, il se peut que le Japon devienne un pays sans influence.”

Quant à Saisuke Sakai, également économiste, cité par le journal Yomiuri Shimbun, il prône “un changement de perspective”. “Il faudrait faire valoir la faiblesse du yen dans le but de renforcer les industries pour les visiteurs étrangers. Développer un service de l’aide à la personne moderne pour ensuite l’exporter dans d’autres pays serait aussi une idée pour renforcer la croissance.”