Le président Emmanuel Macron avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, mercredi 25 octobre 2023.

Le président Emmanuel Macron avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, mercredi 25 octobre 2023.

Christophe Ena / POOL / AFP

La France a décidé d'envoyer le navire hôpital "Tonnerre" en Méditerranée orientale pour "soutenir les hôpitaux" de Gaza, a annoncé, ce mercredi 25 octobre, le président Emmanuel Macron au Caire. Le navire a quitté le port de Toulon en direction de Gaza vers 16 heures, a-t-on appris de source proche du dossier, confirmant une information de BFMTV. Le "Tonnerre" est un grand bâtiment de la classe Mistral. Ces navires longs de 199 mètres sont des "porte-hélicoptères amphibies (PHA)" qui sont "capables de mener, sous faible préavis, des opérations de gestion de crise, de transport ou encore d'évacuation sanitaire et de soutien médical par des moyens amphibies et aéromobiles", selon le ministère français des Armées.

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"Un avion français se posera dès demain sur votre sol (...) pour livrer du matériel médical", a ajouté le chef de l'Etat, à l’issue d’un entretien avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, précisant que "d’autres suivront", alors que l’aide humanitaire s’accumule en Egypte depuis des jours avant de passer au compte-gouttes à Gaza au grand dam de l'ONU.

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Alors que de nombreux dirigeants arabes ont accusé l’Occident de penser que "les vies palestiniennes valent moins que les vies israéliennes", le président français a par ailleurs affirmé que "toutes les vies se valent, toutes les victimes méritent notre compassion, notre engagement durable pour une paix juste et durable au Proche-Orient". Emmanuel Macron a également appelé à "parvenir enfin à la solution de deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité", estimant que "ce n’est pas parce que cette idée est vieille qu’elle est devenue caduque".

Engager une offensive terrestre "massive" dans la bande de Gaza, déjà assiégée et pilonnée sans répit par l'armée israélienne en riposte à l'attaque sanglante du Hamas, serait par ailleurs une "erreur" a jugé ce mercredi, peu avant son départ du du Caire, le président français.

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Après une première étape mardi en Israël, où il a présenté les condoléances d’un "pays ami, éploré devant l’acte terroriste le plus terrible de votre Histoire", Emmanuel Macron a rencontré des dirigeants arabes, dont le roi Abdallah II, à Amman.

Le roi de Jordanie a estimé aux côtés d’Emmanuel Macron qu'"arrêter la guerre à Gaza est une nécessité absolue" car "sa poursuite pourrait mener à une explosion de la situation dans la région". Il faut que la communauté internationale, a-t-il encore dit, "agisse immédiatement pour faire pression sur Israël pour faire cesser la guerre, protéger les civils et briser le siège de Gaza". Emmanuel Macron a également plaidé pour un "accès à l’électricité en particulier pour les hôpitaux" et un "accès à l’eau et à l’aide alimentaire" à Gaza, après avoir rencontré l’agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Israël accuse Erdogan de défendre "l’organisation terroriste" Hamas

Le ministère israélien des Affaires étrangères a fermement dénoncé ce mercredi les propos du président turc Recep Tayyip Erdogan qui a qualifié les hommes du mouvement islamiste palestinien Hamas de "libérateurs qui protègent leur terre".

"Même la tentative du président turc de défendre l’organisation terroriste et ses mots provocateurs ne changeront rien aux horreurs que le monde entier a vues, ni à ce fait sans équivoque : Hamas = groupe Etat islamique", selon un communique du ministère israélien des Affaires étrangères.

"Une seule mission, écraser le Hamas"

En prélude à une probable offensive terrestre, les bombardements sur la bande de Gaza, placé en état de siège complet depuis le 9 octobre, se sont intensifiés au cours des derniers jours. "Nous sommes avant la prochaine étape, elle est en route. Nous avons une seule mission, écraser le Hamas", a réaffirmé le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou devant ses troupes mardi.

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Le 7 octobre plus de 1 400 personnes ont été tuées par l’organisation terroriste en Israël, la plupart des civils fauchés par balles, brûlés ou mutilés selon les autorités. Environ 220 otages israéliens, étrangers ou binationaux ont en outre été recensés par Israël, emmenés à Gaza.

Le gouvernement du mouvement islamiste Hamas a annoncé que les frappes israéliennes avaient tué au moins 80 personnes dans différents secteurs de la bande de Gaza cette nuit, un bilan qu’aucune source indépendante n’est pourtant en mesure de vérifier.

Nouveau raid en Syrie, l’Iran sous pression

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L’armée israélienne a annoncé mercredi qu’elle avait frappé des infrastructures militaires à l’intérieur de la Syrie en réponse à des tirs mardi en direction d’Israël. Huit soldats syriens ont été tués et sept autres blessés, ont rapporté des médias officiels.

Face à un risque d’embrasement du conflit, le président français a appelé l’Iran, puissant soutien du Hamas, et ses alliés régionaux, le Hezbollah libanais et les Houthis au Yémen, à "ne pas prendre le risque d’ouvrir de nouveaux fronts". Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a adressé mardi une mise en garde à l’Iran, déclarant que les Etats-Unis agiraient de manière "décisive" à toute attaque.

Pourparlers très tendus autour d’un cessez-le-feu

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Les pourparlers s’intensifient mercredi pour un "cessez-le-feu" ou une "pause" humanitaire dans la bande de Gaza où l’agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) pourrait devoir cesser ses opérations dans la soirée faute de carburant. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" et condamné les "violations claires du droit humanitaire" dans le territoire palestinien, bombardé sans discontinuer et où l’aide n’arrive que parcimonieusement.

Ces déclarations se sont attiré une violente réaction du ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, qui a décidé d’annuler une rencontre prévue avec Antonio Guterres. "Monsieur le secrétaire général, dans quel monde vivez-vous ?", lui a-t-il lancé. Mardi soir, les Etats-Unis se sont exprimés sur le sujet, estimant qu’un cessez-le-feu ne "bénéficierait qu’au Hamas". Toutefois, des pauses dans les combats pour faciliter l’acheminement de l’aide doivent être "considérées", a nuancé le porte-parole du Conseil de sécurité de la Maison-Blanche, John Kirby.

Une cinquantaine de camions d’aide internationale sont arrivés à Gaza depuis samedi en provenance d’Egypte via le poste-frontière de Rafah, le seul point de passage vers Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien. "Une goutte dans un océan de besoins", a jugé Antonio Guterres. "Sans carburant, l’aide ne peut être acheminée, les hôpitaux n’ont pas d’électricité et l’eau potable ne peut être purifiée ou même pompée", a-t-il aussi déclaré au Conseil de sécurité. Six hôpitaux ont déjà dû fermer leurs portes en raison du manque de carburant, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mardi. La livraison de carburant continue cependant d’être exclue par Israël pour ne pas nourrir la "machine militaire du Hamas".

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Trois morts dans une frappe israélienne en Cisjordanie

Trois personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées lors d’une attaque israélienne près du camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie, ont rapporté les médias palestiniens mercredi.

"Un avion israélien a tiré au moins deux missiles en direction d’un groupe de personnes près du camp de Jénine, tuant trois personnes et en blessant plusieurs autres, a indiqué l’agence de presse palestinienne Wafa, citant des sources locales.

Une crise qui affecte les économies

La guerre affecte déjà les économies des pays voisins, a affirmé mercredi la cheffe du Fonds monétaire international (FMI) devant un forum d’investisseurs à Ryad.

"Regardez les pays voisins : l’Egypte, le Liban, la Jordanie, où les impacts sont déjà visibles", a déclaré Kristalina Georgieva.

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