Pour limiter le réchauffement à 1,5° il faudrait tripler les énergies renouvelables d'ici 2030

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Pour limiter le réchauffement à 1,5° il faudrait tripler les énergies renouvelables d'ici 2030

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Eoliennes à Suqian City, Province de Jiangsu, en Chine, octobre 2023
Eoliennes à Suqian City, Province de Jiangsu, en Chine, octobre 2023
© Getty - CFOTO/Future Publishing

Un rapport alerte sur le meilleur moyen de limiter à 1,5°c le réchauffement planétaire : multiplier par trois la production des énergies renouvelables d'ici 2030 dans le monde. Les pays en voie de développement devront fournir le plus gros effort, mais pas sans soutien financier.

Le  rapport publié ce lundi par l'Irena (Agence internationale de développement des énergies renouvelables) donne le ton, à un mois de l'ouverture de la COP28 qui doit se tenir du 30 novembre au 12 décembre prochain, à Dubaï. 
Lors de ce sommet capital pour l'avenir de la planète, les participants devront redoubler d'efforts pour tenir les engagements pris lors des Accords de Paris en 2015 : ces derniers délimitent les efforts, financiers et structurels, à fournir par les pays développés pour enrayer le réchauffement planétaire.

Mais le patron de l'IRENA, Francesco La Camera, prévient déjà dans ce texte que "la transition énergétique a dangereusement déraillée, exigeant une action collective immédiate et radicale. Ce rapport décrit les orientations que les gouvernements doivent donner en priorité pour accélérer la transition énergétique mondiale et maintenir une température de 1,5 °C" en plus par rapport à l'ère préindustrielle (1850-1900). Pour se remettre dans une trajectoire acceptable, l'agence fournit, à destination des décideurs (industriels, politiques, société civile) bientôt réunis à Dubaï, des préconisations claires, basées sur l'étude des déficits actuels.

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L'urgence se situe dans la production mondiale d'énergies renouvelables et notamment la nécessité faite à tous les pays de mettre les bouchées double, voire triple, dans leur action contre le réchauffement de la planète. L'effort actuellement fourni s'avère largement insuffisant, alors que les émissions mondiales de gaz à effets de serre ont atteint des niveaux records.

Ainsi la présidence de la COP28 (menée par Sultan Al Jaber), l'IRENA et la Global Renewables Alliance décrivent ici les principaux facteurs permettant de tripler la capacité mondiale d'énergie renouvelable pour la porter à 11 000 GW (contre 3382 GW actuellement), en plus de doubler l'amélioration annuelle moyenne de l'efficacité énergétique d'ici 2030.  Dans ces 11 000 GW, une grande part est prévue pour le solaire (5457 GW) et l'éolien terrestre (3040 GW).

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Freiner les énergies fossiles dans les pays en voie de développement

Face à la demande croissante de production d'énergie dans les pays en développement, le premier levier d'action serait de réduire progressivement le recours aux énergies fossiles : l'Irena préconise notamment, dans ces pays, l'amélioration, la modernisation et l'extension des infrastructures physiques. Pour cela, il s'agit donc surtout de leur permettre financièrement le déploiement des énergies renouvelables, mais aussi celui du stockage de l'énergie et des carburants renouvelables.

Par ailleurs, l'urgence de moderniser les réseaux électriques existants, tout en les adaptant aux nouvelles énergies "vertes", est valable pour l'ensemble des pays, avec une grande partie du rapport consacrée aux solutions financières nécessaires à cette bascule.

Si des pistes politiques concrètes sont proposées aux gouvernements et au secteur privé sur cette manière d'augmenter la capacité mondiale d'énergie, la plus notable d'entre elles reste une "réforme" de l'architecture financière mondiale qui permettrait d'aider les pays de l'hémisphère Sud à réaliser leur transition énergétique.

Les investissements dans le renouvelable : le nerf de la guerre

En effet, si l'investissement annuel moyen dans l'électricité renouvelable dans le monde a couté 486 milliards de dollars l'an dernier, il doit quasiment tripler pour atteindre près de 1300 milliards en 2030 : d'ou l'impératif de permettre, pour ces pays en voie de développement, un accès à des financements à moindre cout, avec des risques limités d'investissements, sous peine de jamais les voir rejoindre une transition nécessaire à l'échelle mondiale.
Un exemple frappant dresse le tableau actuel : entre 2000 et 2020, dans le monde, 2841 milliards de dollars ont été investis pour les énergies renouvelables. Pourtant, l 'Afrique n'en a perçu que 60, soit un peu plus de 2% du total.

Dans le secteur bancaire, le rapport estime aussi que "les financements liés au climat provenant des banques de développement doivent être accrus" et les capitaux publics "redirigés du secteur des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables".

Parmi d'autres pistes de financement proposées, comme l'engagement plus fort des politiques fiscales, on peut trouver, par exemple pour moderniser les réseaux électriques, le recours à des modèles de "financement mixte", mêlant bailleurs de fonds publics et financements privés, des coopérations transfrontalières et le développement de réseaux électriques régionaux. Toutes les solutions sont bonnes à prendre, car le défi reste aujourd'hui de taille : cette nouvelle feuille de route ne nécessitera pas moins de 29 490 milliards de dollars d'investissements entre 2023 et 2030.

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