Originaire des Philippines, Hannah Reyes Morales est une photographe reconnue qui s’est intéressée pour le New York Times aux Golden Gays, une communauté composée de personnes âgées LGBTQI qui partagent une maison à Manille, s’entraident face aux discriminations et montent des spectacles pour en vivre. Ses images ont été primées et choisies par la prestigieuse organisation World Press Photo, qui expose chaque année à travers le monde une sélection des meilleures images d’actualité.

Dora Duro, députée du parti d’extrême droite hongrois Mi Hazank (“Notre patrie”), n’a pas du tout apprécié la présence au musée national de Budapest de la série sur les Golden Gays, où “l’on peut voir par exemple des hommes en habits de femme et en talons aiguilles se mettre du rouge à lèvres”, rapporte le site Index. D’où sa demande, entérinée par le ministère de la Culture et de l’Innovation, d’interdiction de l’ensemble de l’exposition World Press Photo aux mineurs en vertu de la loi de juin 2021 sur la “protection de l’enfance”, développe le site.

“Rien d’obscène ou de blessant”

Le dimanche 29 octobre, des lycéens “manifestaient sur place les yeux bandés” et “réclamaient des réformes éducatives au lieu qu’on les éloigne des musées”, relate 24.hu. Dora Duro salue un “succès” dans le “frein mis à la propagande LGBT”, elle qui “s’est illustrée en septembre 2020 en broyant un ouvrage de contes inclusifs qualifié de propagande homosexuelle”, indique Telex.

Reprises par la chaîne RTL, quatre associations de défense des droits LGBTQI considèrent que “cacher l’histoire des personnes issues des minorités sexuelles et de genre renforce les préjugés et la stigmatisation à leur encontre”. “Il n’y a absolument rien d’obscène ou de blessant dans ces photographies”, qui proposent une “présentation sensible et sincère” de l’existence d’une communauté LGBTQI philippine, renchérit la présidente de World Press Photo auprès de HVG.

Dans l’exposition, visible jusqu’au 5 novembre au musée national de Budapest, outre les Golden Gays, les mineurs “ne pourront pas voir les images de la Terre et d’êtres humains souffrant du changement climatique, ou encore celles d’enfants en détresse et de réfugiés, qui documentent la vérité”, déplore un éditorialiste du quotidien Nepszava. “Il est vrai que ce gouvernement n’aime pas confronter ses citoyens à la vérité”, renchérit le journal de gauche.