Face à la multiplication des guets-apens homophobes, SOS Homophobie demande la fermeture du site Coco

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Face à la multiplication des guets-apens homophobes, SOS Homophobie demande la fermeture du site Coco

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Plusieurs guets-apens homophobes ont été signalés ces derniers mois, en lien avec le site Coco tchat.
Plusieurs guets-apens homophobes ont été signalés ces derniers mois, en lien avec le site Coco tchat.
© Radio France

SOS Homophobie interpelle le gouvernement et demande la fermeture du site de tchat et de rencontre Coco.gg, face à la multiplication "inquiétante" des guets-apens homophobes. De nombreux cas ont été dénoncés ces derniers mois.

"Les pouvoirs publics doivent garantir aux hommes gays et bi de pouvoir faire des rencontres librement et de façon sûre." Voici l'appel lancé par SOS Homophobie fin octobre sur X (anciennement Twitter) pour demander au gouvernement d'interdire l'accès au site de tchat et de rencontre Coco.gg. Depuis plusieurs mois, les témoignages de victimes de guets-apens homophobes se multiplient sur les réseaux sociaux. L'association de défense des droits des LGBT+ demande aussi la diffusion obligatoire par les sites de rencontre de messages d’alerte et de prévention des guets-apens.

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Le fonctionnement du site attire les agresseurs

Coco.gg est prisé des agresseurs, selon SOS Homophobie. D'après l'association, c'est le fonctionnement du site qui les attire parce qu'il permet de rester anonyme et surtout, il ne conserve pas l'historique des conversations entre ses utilisateurs. En effet, pour entrer en contact avec des personnes, il suffit de remplir un pseudonyme, de renseigner son sexe, son âge et son code postal. Pas besoin de se créer un compte.

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Ainsi, depuis plusieurs mois, de plus en plus de victimes de guets-apens - à Poitiers, Lyon ou Marseille - sortent du silence et témoignent du même mode opératoire : les agresseurs se connectent au site, repèrent leur victime, se font passer pour des hommes intéressés pour un rendez-vous galant et proposent une rencontre. Une fois sur place, la victime se retrouve finalement face à plusieurs hommes et se fait frapper et dépouiller.

"Ils voulaient me tuer"

C'est exactement ce qui est arrivé à Chris Levoisain, 24 ans, à Marseille le 26 septembre dernier. Après avoir discuté avec un homme sur le site, il décide de le rejoindre à l'Estaque, près de Marseille. Mais arrivé sur le lieu de rendez-vous, le jeune cuisinier se retrouve face à trois hommes, qui lui "foncent dessus" en voiture, témoigne le jeune homme dans une vidéo publiée sur son compte Instagram. "Ils voulaient me tuer", assure-t-il.

Chris arrive à prendre la fuite et à semer ses agresseurs. Il s'en tire avec quelques blessures légères et sa moto a été volée pendant l'agression. Mais surtout, il garde un important traumatisme. "Coco, c'est un site extrêmement dangereux", juge le jeune homme, qui avertit les internautes : "N'y allez pas !" Il décrit le site comme "un dépotoir".

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Chris dit avoir eu "honte" quand il a témoigné devant la police, "parce que je n'aurais pas dû être gay", explique-t-il. Cette difficulté à afficher son homosexualité est partagée par de nombreuses victimes, qui n'osent pas témoigner. "Les guets-apens font l'objet d'une loi du silence", assure Joël Deumier, co-président de SOS Homophobie.

Le jeune homme a porté plainte pour "violence volontaire avec arme par destination" et "vol de véhicule". L'enquête est en cours.

Une "hyper violence homophobe"

"C'est un phénomène d'une extrême violence, avec des agresseurs qui n'hésitent pas à filmer les agressions et à les diffuser sur les réseaux sociaux", dénonce Joël Deumier. Il parle "d'hyper violence homophobe". "Ces guets-apens sont l'illustration de l'ancrage de l'homophobie dans la société française aujourd'hui", selon lui. Il évoque une "multiplication des cas" et salue une "libération de la parole". SOS Homophobie recense une dizaine de guets-apens par an. Un chiffre "sans doute sous estimé" selon l'association.

Joël Deumier appelle les victimes à témoigner. Il interpelle aussi les pouvoirs publics. SOS Homophobie demande donc au gouvernement d'interdire l'accès au site Coco.gg mais aussi "d'obliger les sites de rencontre à mettre en place des messages d'alerte et de prévention sur les espaces de discussions pour alerter les victimes potentielles de l'existence d'un risque de guets-apens".

Le site déjà au cœur d'affaires de pédophilie

Crée il y a vingt ans, le site de la société "Vinci SA", est administré depuis Sofia en Bulgarie mais dépend de la loi française. Il a déjà été au centre de plusieurs affaires de pédophilie mais aussi d'affaires de trafic de drogue. Le site, qui se présente à ses utilisateurs comme "un espace communautaire de convivialité", fait ainsi l'objet d'un pétition pour demander sa fermeture. Près de 20.000 personnes ont signé cette pétition contre ce qu'ils appellent "un repaire pédophile". Contacté par France Inter, le site n'a répondu à nos questions.

L'interview
9 min

La loi punit spécifiquement les injures, la diffamation, la violence et la discrimination, lorsqu'elles sont basées sur l'orientation sexuelle réelle ou supposée de la victime. Pour injure et diffamation publique, la peine encourue est de un an d'emprisonnement et de 45.000€ d'amende. Pour injure et diffamation non publique, la peine encourue est une contravention de 1.500€ maximum.

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