Dans l'Eure, la directrice d'une maison d'enfants placés accusée de maltraitance

Des salariés de la Maison d'enfants à caractère social (MECS) de Thibouville accusent la directrice de harcèlement et maltraitance. Une enquête de gendarmerie est en cours.

Une partie du personnel de la Maison d'enfants à caractère social de Thibouville se rebelle contre la directrice de l'établissement, accusé de maltartaitance.
Une partie du personnel de la Maison d’enfants à caractère social de Thibouville se rebelle contre la directrice de l’établissement, accusée de maltraitance. ©Eveil normand
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Des salariés de la Maison d’enfants à caractère social (MECS) de Thibouville (Eure) accusent la directrice de harcèlement à leur égard et de maltraitance sur des enfants, à qui elle aurait distribué des gifles. Une enquête de gendarmerie est en cours.

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Deux enfants auraient été frappés

« Les pressions et le harcèlement exercés sur nous, salariés, c’est une chose. Mais s’en prendre aux enfants, c’en est une autre. D’autant plus que cette fois, il ne s’agissait pas de violence verbale, mais physique. »

« Cette fois », c’était le 1er septembre 2023, jour où Marie-France L., directrice depuis près de dix ans de cette MECS, aurait selon notre interlocuteur Martin (*), éducateur, et plusieurs de ses collègues, frappé deux enfants.

La MECS en question, gérée par l’association laïque Vincent de Paul, regroupe la « maison mère » de Thibouville et deux établissements secondaires à Bernay, le tout devant être bientôt regroupé à Bernay, dans un établissement en construction devant ouvrir en juillet 2024. Elle s’occupe d’environ 70 jeunes de 6 à 21 ans, placés ici pour la plupart suite à une décision de justice.

Les éducateurs réagissent

Plusieurs éducateurs ont immédiatement réagi, suite aux évènements du 1er septembre 2023. Ils ont eu un entretien, le 5 septembre, avec l’équipe de direction de la Mecs, avec laquelle semble-t-il, le dialogue n’a pas été possible. Ils ont appelé le 119, ligne téléphonique sur laquelle on peut signaler des cas de maltraitance.

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Ils ont aussi alerté le conseil départemental de l’Eure, en charge de la structure et ce dernier a à son tour fait un signalement au procureur de la République, Rémi Coutin. Depuis, une enquête est ouverte, a confirmé à l’Eveil Rémi Coutin.

« Mon parquet a reçu un signalement du conseil départemental de l’Eure début septembre, et a saisi les services de gendarmerie d’une demande d’ouverture d’enquête ; cette enquête est encore en cours »

Rémi Coutin, procureur 

Au niveau médiatique, c’est le journal Libération qui le premier a publié sur son site Internet, ce samedi 4 novembre, un article sur « l’affaire de la Mecs » signé Ludovic Séré.

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Que s’est-il passé dans le bureau de la directrice le 1er septembre 2023 ?

« Deux enfants, une petite fille de 9 ans et un garçon de 10 ans au comportement difficile, ont été emmenés de force, manu militari, dans le bureau de la directrice. Les enfants ont insulté cette dernière, qui les a giflés, alors qu’une cheffe de service maintenait les enfants, afin qu’ils ne puissent pas se défendre », affirment plusieurs éducateurs ayant recueilli le témoignage des enfants.

La violence des coups ne fait aucun doute, car selon eux ; « les enfants avaient des bleus au visage le lendemain. »

Six éducateurs de la Mecs ont fait part de ces faits dans des témoignages écrits, photos à l’appui, envoyés au procureur. Quant aux enfants, au moins un d’entre eux, selon nos sources, a été entendu par les gendarmes.

Cette scène de violence est qualifiée d’« intolérable » par le personnel.

« Nous ne sommes pas parfaits, mais nous sommes des professionnels et en tant que tel quand l’un de nous est à bout, il doit passer le relais à un autre »

Martin, éducateur

Ce dernier relève aussi que « le personnel de direction, lui, n’est pas au contact permanent des enfants. » Et donc selon cet éducateur, la directrice et la cheffe de service ont agi « de sang-froid ».

Des méthodes remises en cause

Dès lors, ce sont les méthodes de la directrice, Marie-France L., qui sont remises en cause.

Cette dernière, âgée de 59 ans, a assuré les fonctions de directrice-adjointe de la Mecs pendant six mois en 2014, avant d’être promue directrice. Depuis, la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour une partie des salariés, ceux qui ne veulent pas se plier aux méthodes préconisées par le chef d’établissement ; des méthodes faites d’insultes, menaces, intimidation… selon Martin. « Elle met beaucoup de pression sur tous », affirme ce dernier.

L’Eveil na pas pu entrer en contact avec Marie-France L., absente depuis ce lundi 6 novembre après-midi. Son secrétariat nous a répondu que certainement, elle ne souhaiterait pas faire de commentaires, une enquête étant en cours.

(*) Martin est un prénom d’emprunt, notre interlocuteur ayant souhaité conserver l’anonymat

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