Le domino qui déclenche une réaction en chaîne. Après plusieurs polémiques, la ministre de l’Intérieur Suella Braverman a été limogée par le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, ce lundi 13 novembre. Pour la remplacer, le chef de l’exécutif a nommé James Cleverly, le ministre des Affaires étrangères. Son siège laissé vacant a vite trouvé un nouvel occupant en la personne de David Cameron, l’ancien Premier ministre britannique. Connu pour avoir déclenché le référendum sur le Brexit en 2016, son retour en politique est aussi spectaculaire qu’inattendu, à quelques mois des élections législatives prévues d’ici à 2025.
«Bien que je ne sois plus en première ligne de la politique depuis sept ans, j’espère que mon expérience – en tant que leader du Parti conservateur pendant onze ans et Premier ministre pendant six ans – me permettra d’aider le Premier ministre», a réagi David Cameron à sa nomination, dans un message publié sur X (ex-Twitter). Bien qu’il ait pu être «en désaccord avec certaines décisions individuelles» prises par Rishi Sunak, l’actuel Premier ministre est un dirigeant «fort et compétent», a flatté son prédécesseur.
Âgé de 57 ans, David Cameron avait quitté le pouvoir en 2016 après avoir déclenché un référendum à hauts risques sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Il était lui-même opposé à cette question, qui déchirait le parti conservateur de longue date. Victoire du «Leave», pari perdu, l’ancien Premier ministre n’avait eu d’autre choix que de démissionner.
Cameron remplace aux Affaires étrangères James Cleverly, 54 ans, en partance pour le ministère de l’Intérieur. «Mon travail consiste à assurer la sécurité des citoyens de ce pays», a martelé Cleverly, élu de l’Essex (est de l’Angleterre) depuis 2015, co-président du parti conservateur depuis 2019. Il avait gagné en visibilité lors de sa nomination à la tête de la diplomatie britannique par l’éphémère Liz Truss, en septembre 2022, avant d’être reconduit par Rishi Sunak le mois suivant.
«La femme la plus détestée de la classe politique britannique»
Au commencement de ses remaniements en cascade, il est une tribune signée Suella Braverman publiée dans le quotidien britannique Times, la semaine dernière. La ministre conservatrice de 43 ans reprochait à la police londonienne d’avoir autorisé la marche propalestinienne de samedi. Qualifiant les scènes de protestation de «marches de la haine», la bête noire de l’opposition travailliste affirmait qu’elles «rappelaient de manière troublante» celles observées en Irlande du Nord.
Au mépris des règles habituelles, ces propos n’avaient pas reçu le feu vert de Downing Street. Selon ses détracteurs, ils ont contribué à attiser les tensions et à encourager les manifestants de droite à descendre dans les rues de Londres, poussant le Premier ministre à prendre des mesures drastiques.
Ces déclarations controversées de Suella Braverman font suite à une série de polémiques provoquées ces derniers mois par la «femme la plus détestée de la classe politique britannique», selon Politico. Quand elle ne qualifie pas les arrivées de réfugiés d’«invasion» en avertissant d’un «ouragan» migratoire, ce sont les sans-abri qu’elle cible, estimant que dormir dans une tente relève d’un «mode de vie choisi».
Aussi nommée par Liz Truss en septembre 2022, Braverman avait dû démissionner de son poste après avoir envoyé un document officiel à partir de sa messagerie personnelle, bravant une première fois les règles ministérielles. Six jours plus tard, Rishi Sunak l’avait réintégrée dans ses fonctions. Un siège dont elle aura de nouveau été éjectée au bout d’un an.
Mise à jour : à 13 h 13, avec l’ajout des déclarations de David Cameron et de James Cleverly, ainsi que des controverses récentes de Suella Braverman.