Seule une entreprise sur 10 dans le monde sait calculer précisément son empreinte carbone

C’est un enjeu crucial, alors que la COP28 approche : connaitre son empreinte carbone. Pourtant, peu d’entreprises connaissent la leur, alors qu’elles font partie des acteurs clé de la lutte contre le dérèglement climatique.

Dix pour cent d’entre elles peuvent dire avec précision leur empreinte carbone, d’après le rapport du cabinet de conseil BCG et de l’entreprise CO2 AI, publié ce jeudi. C’est exactement le même taux qu’en 2022. L’analyse a été réalisée auprès de plus de 1850 entreprises, dans 18 secteurs et 23 pays. Elles représentent 40 % du total des émissions mondiales.

Calculer son empreinte carbone, "un investissement"

Ces résultats sont "une mauvaise surprise", reconnait Charlotte Degot, de CO2 AI. "Si on reste sur cette tendance, on devra attendre 2100 pour faire mesurer à toutes les entreprises leur empreinte carbone de manière complète", précise-t-elle.

Une mauvaise surprise qui s'explique : calculer son empreinte carbone "est un investissement", puisqu'il faut tout passer en revue. "Il faut tout regarder. L'intérieur des usines, dans la logistique. Il faut aussi aller voir tout ce qu'il se passe chez les fournisseurs, et les fournisseurs des fournisseurs", y compris les fournisseurs d'énergie, explique Charlotte Degot. Un travail qui s'apparente, pour les plus grosses firmes, "à de la comptabilité financière", en termes de mobilisation de personnels, explique la co-autrice de l'étude, qui suggère aux entreprises de recourir davantage à l'intelligence artificielle pour traiter la masse énorme de données.

Les entreprises devront s'y mettre. L'an prochain, dans l'Union européenne, les plus grosses d'entre elles seront légalement obligées de publier leurs performances environnementales, avec la directive CSRD ( Corporate Sustainability Reporting Directive).

La tonne de CO2 "va coûter de plus en plus cher" aux entreprises

L'étude nous apprend aussi que seules 14% des entreprises ont réduit leur empreinte carbone conformément à leurs ambitions, un recul de trois point un an. Mais le jeu en vaut la chandelle pour Sylvain Duranton du cabinet de conseil BCG : "Une question clé, c'est le coût d'une tonne de CO2. Et elle va être de plus en plus chère. La compétitivité carbone va devenir la vraie compétitivité dans quelques années, parce que la régulation va suivre."

Un intérêt économique qui se fait déjà sentir pour certains. Pour 40% des entreprises interrogées dans le cadre de l'étude, relocaliser ou réduire leur consommation énergétique leur a fait économiser 100 millions d'euros ou plus.