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La préfecture de l'Isère annonce à Mamoud Diallo qu'il est naturalisé français mais elle se trompe de personne

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En février dernier, la préfecture de l'Isère avait annoncé à Mamoud Diallo qu'il avait obtenu la nationalité française. Il pensait que c'était grâce à son acte de bravoure. Il avait sauvé la vie d'une jeune femme en 2019. Mais c'était une erreur. Ce courrier était destiné à un autre Mamoud Diallo.

Mamoud Diallo et Stephan Poulle, heureux, en février dernier, après avoir reçu le mail de la préfecture, sans savoir qu'il y avait une erreur d'homonymie Mamoud Diallo et Stephan Poulle, heureux, en février dernier, après avoir reçu le mail de la préfecture, sans savoir qu'il y avait une erreur d'homonymie
Mamoud Diallo et Stephan Poulle, heureux, en février dernier, après avoir reçu le mail de la préfecture, sans savoir qu'il y avait une erreur d'homonymie © Radio France - Véronique Pueyo

La préfecture de l'Isère avait annoncé par mail en février dernier, à Stephan Poulle que Mamoud Diallo, qui l'accompagnait dans ses démarches depuis 2018, avait obtenu la nationalité française. Mamoud, d'origine guinéenne, avait réalisé un acte de bravoure, en 2019. Il avait sauvé la vie de l'une de ses collègues qu'un autre employé, pris de folie, voulait poignarder.

Une erreur, un espoir décu

L'instant d'euphorie passé, Mamoud attend ses papiers, espère être invité à une cérémonie de naturalisation, que la préfecture organise régulièrement. Mais les mois passent et ne voyant rien venir, Mamoud Diallo, accompagné de l'un de ses soutiens, Dominique, se rend, fin octobre, à la préfecture et c'est là qu'il apprend que l'administration avait fait une erreur.

Pour atténuer cet espoir déçu, le préfet, dans un courrier que nous avons consulté, explique qu'il accorde au jeune homme une carte de séjour de dix ans. Il pourra également redéposer une demande de naturalisation qui "sera examinée dans les plus brefs délais." Mais pour son "parrain", Stéphan Poulle, ce n'est pas entendable. Il nous a expliqué pourquoi.

"Il a toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête"

France Bleu Isère - Quelle a été votre réaction suite à cette erreur de la préfecture de l'Isère ?

Stéphan Poulle - À notre grande surprise, un fonctionnaire de la préfecture nous a expliqué qu'il y avait eu une erreur, c'est-à-dire qu'un autre Mamoud Diallo, qui est un nom très courant en Guinée, avait bien obtenu la nationalité française, mais que ce n'était pas celui que je connaissais et avec lequel je suis en contact depuis plusieurs années. Ça paraît complètement incroyable. Cet autre Mamoud Diallo, qui vit donc aussi en Isère, a sans doute de très bonnes raisons d'avoir obtenu la nationalité française, je ne le conteste pas, mais pour moi Mamoud, aussi, doit l'obtenir.

On suppose que cela a été un choc pour vous ?

Oui, un choc parce que moi, j'avais annoncé à tout le monde, à ma famille, sur vos ondes aussi, la bonne nouvelle et cela me paraissait complètement logique. Mamoud avait obtenu cette nationalité suite à son acte de bravoure. Je le répète, sans son intervention, cette jeune femme serait sans doute morte. Il a su calmer son agresseur, la protéger, en attendant l'arrivée des gendarmes. Il a pris des risques, il a mis sa vie en danger pour elle, sans se poser de question. J'avais dit dans les courriers que j'ai échangés avec le ministère de l'Intérieur que je ne comprenais pas pourquoi ce jeune qui avait escaladé la façade d'un immeuble pour sauver un enfant l'avait obtenue, pourquoi cet autre jeune qui avait sauvé des vies lors de l'attentat terroriste contre l'Hypercacher l'avait eue aussi et pas Mamoud. On est un peu désespéré à vrai dire.

Pour faire passer la pilule, si je puis dire, la préfecture de l'Isère lui annonce qu'il obtient une carte de séjour pour dix ans et qu'il peut redéposer une dossier qui sera examiné dans les meilleurs délais, cela n'est pas suffisant ?

Non, ça ne suffit pas. Je pense que Diallo mérite, comme d'autres, d'obtenir cette nationalité française de manière définitive. Il faut savoir que ce titre de séjour va certes lui permettre de travailler pendant dix ans. Mais il a toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête, comme beaucoup de jeunes qui sont dans son cas. Et j'ajouterai ce que je dis à chaque fois. Diallo, c'est un jeune vraiment exemplaire. C'est un jeune qui ne veut pas dépendre du chômage ou d'autre chose. Il travaille, il a un logement à lui, il continue d'apprendre le français, il veut, comme il le dit souvent, payer ses impôts, inventer son avenir en France. Je ne vois pas ce qu'on peut dire d'autre.

Comment Mamoud Diallo réagit-il à cette erreur administrative ?

Chaque fois qu'on en parle, il dit toujours qu'il garde espoir. Voilà. Diallo, c'est l'homme de l'espoir. Quand on est passé par là où il est passé, on doit avoir de l'espoir tout le temps. Sinon on tient pas le coup. Et puis il sait que moi et tous ses soutiens, on ne lâchera pas. Diallo voit tout cela avec philosophie, on va dire peut-être à l'africaine. Je sais pas si c'est comme ça qu'on peut le dire, mais il est passé par tellement de galère, tellement de risques. Il a traversé le désert, la Méditerranée. Sa vie n'est plus en jeu maintenant, c'est son avenir qui est en jeu mais pas sa vie.

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