Biodiversité : Avec 41% d'espèces menacées, l'UICN dresse une côte d'alerte de la flore vasculaire de La Réunion

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Biodiversité : Avec 41% d'espèces menacées, l'UICN dresse une côte d'alerte de la flore vasculaire de La Réunion

Sur les 962 espèces indigènes recensées à la Réunion, 41 % des espèces de la flore vasculaire sont aujourd'hui menacées. Tel est le bilan du dernier état des lieux de la flore vasculaire porté par le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), grâce à la coordination locale du Conservatoire botanique national & Centre permanent d’initiatives pour l'environnement de Mascarin (CBN-CPIE Mascarin). Face à cette situation qualifiée de «préoccupante», l'UICN appelle à renforcer les actions de préservation.

 

En 13 ans, le taux d'espèces menacées est passé de 30% en 2010 à 41% actuellement. Le statut de conservation de la flore vasculaire (orchidées, arbres et autres plantes à fleurs, fougères et plantes alliées) de La Réunion qui compte 962 espèces indigènes- s'est fortement aggravée. Aujourd'hui, 395 espèces sont menacées et 31 autres quasi menacées, tandis que 41 espèces ont déjà disparu. Dans cette actualisation de la Liste rouge, l’un des faits les plus marquants est que 95 espèces voient leur situation s’aggraver parmi les 97 connaissant un véritable changement de leur statut de conservation. C’est notamment le cas de l’Oecéoclade versicolore (Oeceoclades versicolor), une espèce endémique de La Réunion dont la situation s’est dégradée en raison des prélèvements, des défrichements et des espèces exotiques envahissantes, passant en 13 ans de "En danger" à "En danger critique".

Les causes de cette aggravation sont également bien connues. L'UICN cite notamment les espèces exotiques envahissantes.  A titre d'exemple, la Liane papillon (Hiptage benghalensis), d’origine indo-malaisienne, véritable menace pour le très rare Bois puant (Foetidia mauritiana), classé "En danger critique". C’est le cas de l'Achatine (Lissachatina fulica), un grand escargot d'origine africaine, ou des rats (Rattus spp.), qui mettent sous pression des espèces comme le Bois d’ortie (Obetia ficifolia) et le Mazambron marron (Aloe macra), tous deux classés "En danger". 

La flore vasculaire de La Réunion subit notamment des pressions liées à la destruction et la dégradation des habitats naturels dues à l’urbanisation et au développement agricole, prélèvements d’espèces, le déclin et la disparition des animaux assurant la dispersion des semences et la pollinisation des fleurs. C’est le cas du remarquable Phajus tétragone (Phaius tetragonus), une orchidée "Quasi menacée", ou de la Cadoque blanche (Strongylodon lucidus), victime des propriétés médicinales qui lui sont prêtées et désormais "Vulnérable".

Un appel à renforcer les mesures de conservation

Dans son dernier état des lieux, l'UICN note une progression de la connaissance de la flore de l'île, grâce aux programmes d’inventaires et aux prospections déployées sur le terrain par des professionnels et des amateurs. Parmi les bonnes nouvelles, quelques espèces présumées disparues comme la Lobélie petite (Lobelia parva) ont pu être retrouvées. Cependant, de nombreuses espèces au statut de conservation auparavant inconnu, classées dans la catégorie "Données insuffisantes", se révèlent finalement menacées. Cependant, ces programmes de conservation mises en place  (restauration d'habitats naturels, plan de réintroduction d'espèces patrimoniales) «n’apparaissent pas suffisants et beaucoup ne portent pas encore leurs fruits, car ils concernent principalement des plantes ligneuses qui présentent des temps de régénération longs. La préservation de ces espèces nécessite la poursuite des efforts engagés pour observer de réelles améliorations», souligne l'UICN.

Elle ajoute que « Face aux menaces croissantes, les nouveaux résultats de la Liste rouge appellent à renforcer significativement les actions de préservation, pour enrayer les pressions et sauvegarder l’exceptionnelle diversité de la flore de La Réunion. Ils incitent également à une prise de conscience collective et à un changement indispensable des pratiques au quotidien pour stopper et inverser la perte du patrimoine naturel»