En un an, les signalements pour "soumission chimique" ont été multipliés par trois en France

Publicité

En un an, les signalements pour "soumission chimique" ont été multipliés par trois en France

Par
Photo d'illustration "soumission chimique"
Photo d'illustration "soumission chimique"
© Getty - 5m3photos

Le nombre de signalements pour "soumission chimique" a explosé en France en 2022 : près de 2.000 plaintes ou appels ont été recensés par le centre d'addictovigilance de Paris (AP-HP), contre un peu plus de 700 en 2021. Des chiffres à remettre en perspective, estime le docteur Leila Chaouachi.

Le phénomène des agressions sous "soumission chimique" est-il sous-estimé en France ? Le centre d'addictovigilance de Paris (AP-HP) fait remonter chaque année à l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) les signalements reçus partout en France, à partir des plaintes déposées mais aussi des appels reçus directement au centre. En 2020, 539 cas "d'agressions facilitées par les drogues" ont ainsi été recensées, 727 en 2021. Pour l'année 2022, les chiffres explosent et on atteint les 2.000 signalements, explique la docteur Leila Chaouachi, responsable de cette étude.

FRANCE INTER : Cette explosion du nombre de signalements signifie-t-elle que les cas de soumission chimique sont en très nette augmentation ?

Publicité

DOCTEUR LEILA CHAOUACHI : "Depuis quelques années, on observe une libération de la parole qui joue sans doute et oui, en 2022 on va avoisiner les 2.000 signalements au total mais attention, ça ne veut pas dire que ce sont tous des cas de soumission chimique, loin de là. On aura dans la foulée de ces signalements, tous les cas de piqûres malveillantes en boîte de nuit ou en festival qui ont été rapportées et ceux-là feront l'objet d'une analyse à part. On sait déjà que dans beaucoup de ces cas, aucun produit n'avait été injecté. Mais, ces chiffres révèlent tout de même qu'il y a désormais une prise de conscience collective du risque de l'administration de substance nuisible et de ce qu'est plus généralement la soumission chimique."

Quelle est la définition précise de soumission chimique, justement ?

"La soumission chimique c'est le fait de droguer une personne à son insu ou sous la menace, c'est-à-dire sans son consentement, pour commettre un crime ou délit. Dans la "vulnérabilité" chimique, les usages sont volontaires, la personne a consommé elle-même de l'alcool, de l'ecstasy, de la cocaïne ou des médicaments et ça l'a mise dans un état de fragilité qui l'a rendue plus vulnérable à une agression. Mais dans les deux cas, il s'agit bien d'une agression facilitée par les drogues, dans les deux cas c'est extrêmement grave et dans les deux cas, il faut replacer l'agression au centre. La soumission chimique est un facteur aggravant pour l'auteur en cas de dépôt de plainte."

Quelles sont les substances les plus souvent détectées en cas de soumission chimique ?

"Chaque année, ce sont les médicaments psychoactifs qui arrivent en première position parmi les agents de soumission repérés. Ce sont des médicaments sédatifs essentiellement : des somnifères, des anxiolytiques mais aussi des antalgiques ou des antihistaminiques contre les allergies. Mais depuis quelques années, on voit une évolution avec une plus grande part de drogues récréatives aux propriétés euphorisantes et désinhibantes. L'écart avec les médicaments se réduit. En 2020, 73% des soumissions étaient provoqués par des médicaments, aujourd'hui on est à 56%. Parmi la première drogue utilisée on retrouve la MDMA qui rentre dans la composition de l'ecstasy."

pixel