Les transports dans Paris et ses environs sont identifiés, de longue date, comme l’un des principaux points de crispation dans la préparation des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) en 2024. La capacité des pouvoirs publics et des organisateurs de Paris 2024 à tenir leur promesse d’un accès aux sites de compétition à 100 % en transports publics suscite des interrogations depuis des mois. La maire de Paris a été relativement directe à ce sujet mercredi 22 novembre : « On ne va pas être prêts », a déclaré Anne Hidalgo (Parti socialiste), qui était l’invitée de l’émission « Quotidien » de TMC.
« On est quand même dans une difficulté, déjà, dans les transports du quotidien, et on n’arrive pas à rattraper le niveau (…) de ponctualité, de confort pour les Parisiennes et les Parisiens », a rappelé Mme Hidalgo, avant d’expliquer qu’« il y a des endroits où les transports ne seront pas prêts » à l’été 2024, « parce qu’il n’y aura pas le nombre de trains et la fréquence » nécessaires. Elle a notamment précisé qu’il y aurait des difficultés avec la future station du RER E de la porte Maillot.
Clément Beaune déplore « le buzz »
Interrogée sur les responsabilités conduisant à cet état de fait, et notamment sur celle de la région Ile-de-France, qui a autorité sur les transports franciliens, Mme Hidalgo a répondu qu’elle était partagée par « le gouvernement un peu aussi ». « Mais on fait tout ça ensemble, donc je me sens concernée aussi », a-t-elle ajouté.
Ces déclarations de la maire de Paris ont suscité de vives réactions, tant côté gouvernement que côté région. Le ministre délégué chargé des transports, Clément Beaune, a déploré que la maire de Paris préfère « essayer de faire le buzz sur “Quotidien” » plutôt que de « participer aux huit comités stratégiques sur les transports pour préparer » les Jeux.
« Nous aurions apprécié la présence d’Anne Hidalgo aux comités des mobilités des Jeux olympiques et paralympiques si elle a des propositions à faire sur les transports », a également réagi la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (Les Républicains).
Interrogations sur le nombre de rames du RER E
Même s’ils peuvent être vus comme une tentative de diversion, alors qu’elle est fragilisée par un voyage en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, avec une partie publique et une autre privée, entre mi-octobre et début novembre, les propos de la maire de Paris traduisent une certaine réalité.
En ce qui concerne le RER E (aussi appelé Eole), l’achèvement du chantier de la prolongation vers l’ouest de la ligne ne présenterait pas de risque, selon l’un des acteurs principaux de Paris 2024. C’est sur la livraison des matériels roulants en nombre suffisant qu’il y a des interrogations : en l’occurrence, il n’est pas certain que la totalité des rames espérées soient disponibles et il pourrait alors falloir jouer sur les fréquences de passage (en réduisant ces dernières).
Une autre difficulté porte sur l’acheminement des spectateurs des Jeux dans et vers l’ouest parisien, c’est-à-dire pour se rendre et revenir du Parc des Princes et de Roland-Garros, où auront lieu respectivement les épreuves de football et celles de tennis et de boxe. Certaines soirées obligeront à absorber un flot important de passagers, dépassant les capacités des lignes de métro 9 et 10, qui desservent cette partie de Paris et sont déjà habituellement chargées et considérées comme fragiles.
L’option envisagée est de mettre en place d’autres itinéraires ou moyens d’accès : faire transiter une partie des spectateurs par le RER C (à la station Garigliano) et faire circuler des navettes de bus, que les spectateurs pourront prendre pour accéder aux sites ou pour en repartir, avec un accès à la ligne 2 du métro place Charles-de-Gaulle (place de l’Etoile).
Par ailleurs, les pouvoirs publics envisagent de faire une petite entorse à leur volonté affichée du tout transport public en organisant des espaces de stationnement autour du Parc des Princes et de Roland-Garros pour permettre un accès en voiture un peu plus important qu’habituellement.
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