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Anne Hidalgo quitte X, ex-Twitter, devenu «arme de destruction massive de nos démocraties»

La maire socialiste de Paris est la première personnalité politique française de premier plan à quitter le réseau social ce lundi 27 novembre. Elle dénonce le réseau social racheté par Musk qui n’est plus «l’outil révolutionnaire qui, au départ, permettait un accès à l’information au plus grand nombre».
par Sacha Nelken
publié le 27 novembre 2023 à 11h29
(mis à jour le 27 novembre 2023 à 12h18)

Ce n’est pas qu’un au revoir. La maire de Paris Anne Hidalgo annonce, ce lundi 27 novembre dans un long message publié sur X (anciennement Twitter), qu’elle quitte définitivement le réseau social détenu par Elon Musk. En cause : la tournure qu’a prise la plateforme depuis le rachat, il y a un an, par le créateur de Tesla. «Loin d’être l’outil révolutionnaire qui, au départ, permettait un accès à l’information au plus grand nombre, Twitter est devenu ces dernières années l’arme de destruction massive de nos démocraties», dénonce la socialiste.

Avec cette annonce, la maire de Paris est la première personnalité politique française de premier plan à quitter le réseau social. Ces derniers mois, de nombreux chercheurs et défenseurs de l’environnement se sont détournés de Twitter après avoir dénoncé un climat haineux. Le 17 octobre dernier, l’université Aix Marseille Université avait annoncé en faire de même. «En se retirant du code européen des bonnes pratiques contre la désinformation et en modifiant ses règles de modération, X est devenu un lieu de propagation de fake news, de contenus haineux, illicites ou violents», dénonçait l’institution.

L’ancienne candidate à la présidentielle abonde. Selon elle, «la liste des dérives» aujourd’hui présente sur X est «infinie». «Manipulation, désinformation, amplification des pulsions de haine, harcèlement organisé, antisémitisme et racisme avérés, meutes attaquant les scientifiques, les climatologues, les femmes, les écologistes, les progressistes et toutes celles et tous ceux de bonne volonté qui souhaitent un débat politique serein et apaisé dans un monde de plus en plus complexe», cite-t-elle. Hidalgo reproche également à la plateforme d’être un terrain propice aux «ingérences étrangères quotidiennes». Des maux «qui interférent dans les processus électoraux et portent atteinte à l’image et à la souveraineté de nos démocraties en voulant les déstabiliser», regrette Anne Hidalgo.

Une décision qui taraude nombre de politiques

Sans jamais le citer, la maire de Paris s’en prend directement au milliardaire Elon Musk, coupable selon elle «d’[agir] délibérément pour exacerber les tensions et les conflits». Le milliardaire et X «entravent […] délibérément les informations nécessaires à l’avènement de la transformation écologique et énergétique radicale […], au profit de discours climatosceptiques, promus par les intérêts des énergies fossiles et de la prédation sans limite de la planète», développe l’édile PS. Tout cela est, à ses yeux, «un projet politique très clair» visant à «se passer de la démocratie et de ses valeurs pour de puissants intérêts privés».

«Je refuse de cautionner ce dessein funeste», insiste Anne Hidalgo. Dorénavant, la maire de Paris ne sera présente que sur les réseaux sociaux «où existe encore l’échange respectueux», comme Facebook, Instagram et BlueSky, nouvelle plateforme ressemblant comme deux gouttes d’eau à X, sans les certifications payantes et les insultes (pour l’instant), que la socialiste a rejointe récemment. «Plus que jamais il faut continuer à faire vivre la démocratie réelle, celle des conseils municipaux, des assemblées citoyennes, des votations, des conférences, des rencontres. Autant de lieux physiques à hauteur de regard, où l’on se voit, où l’on se dispute, où l’on construit ensemble et où tout simplement on vit ensemble», justifie l’élue.

Quitter X ou y rester ? La question taraude nombre de politiques – notamment de gauche et de la majorité – depuis le rachat de l’ancien Twitter par Elon Musk. C’est ainsi que de nombreux élus ont rejoint les plateformes présentées comme des potentielles alternatives à X, telles Mastodon ou Bluesky. Mais sans rompre pour autant avec le réseau du créateur de Tesla. «J’aimerais pouvoir partir totalement, mais il y a encore trop peu de monde sur les autres sites, donc si je veux que mes messages soient vus, je dois encore utiliser Twitter», reconnaissait une députée écologiste auprès de Libération la semaine dernière.

Mis à jour : ce lundi 27 novembre à 12 h 15 avec davantage d’éléments sur le contexte de ce départ du réseau social.

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