Monique Olivier 1:30
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avec AFP / Crédit photo : Miguel MEDINA / AFP , modifié à
L'ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret, Monique Olivier, a déclaré "regrette(r) tout ce qu'il s'est passé", après le rappel des faits par le président Didier Safar, lors de l'ouverture de son procès. Et assuré qu'elle allait "faire de [son] mieux" pour répondre aux questions.

"Je regrette tout ce qu'il s'est passé", a indiqué mardi d'une voix mal assurée Monique Olivier, l'ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret, au premier jour de son procès devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine pour complicité dans les enlèvements et meurtres d'Estelle Mouzin, Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce. 

Debout dans son box, très hésitante, la septuagénaire, cheveux courts et pull blanc, a ensuite ajouté très doucement : "Écouter tout ça, ça me...", avant d'être coupée par le président Didier Safar. C'est ce même magistrat qui dirigeait les débats lors de l'ultime procès de Michel Fourniret et de son ex-épouse en 2018 pour un crime crapuleux, jugé devant la cour d'assises des Yvelines. C'est la première fois que l'ex-femme du tueur en série, décédé en 2021, se retrouve seule sur le banc des accusés.

"Je vais faire de mon mieux"

À son arrivée dans le box et avant l'ouverture des débats, chose inhabituelle, cette femme aujourd'hui âgée de 75 ans a été littéralement assaillie par une nuée de caméras et d'appareils photo, normalement bannis des prétoires, après avoir donné l'autorisation de prise de vues via son avocat. "Quand on assume ses faits, on doit assumer l'image qu'on renvoit, on ne se cache pas", a justifié son avocat Richard Delgenes, à l'issue de cette première matinée d'audience. "Michel Fourniret se cachait. Nous, on ne joue pas", a-t-il ajouté.

 

Au président qui lui a demandé en préambule si elle voulait bien répondre aux questions, sa cliente avait auparavant répondu : "Je vais faire de mon mieux" d'une voix faible. L'accusée encourt cette fois encore la réclusion criminelle à perpétuité. "On espère qu'on lui laissera le temps de parler (...), mes clients attendent beaucoup de choses" de ce procès, a souligné Me Didier Seban, qui défend notamment les familles Mouzin et Parrish. "On ne peut pas se contenter d'onomatopées ou de quelques bégaiements", a-t-il insisté.

Un rôle dans la séquestration d'Estelle Mouzin

Ce procès est "angoissant" mais représente aussi "une libération pour les familles", a déclaré avant l'entame des débats Corinne Herrman, qui défend la famille Domèce. En 2003, Estelle Mouzin, 9 ans, avait disparu sur le chemin du retour de l'école. Il faudra attendre 2019, après des années d'errements dans l'enquête, pour que Monique Olivier contredise l'alibi fourni par Michel Fourniret. "L'ogre des Ardennes" avouera sa responsabilité quelques mois plus tard à la juge d'instruction Sabine Kheris, aujourd'hui coordinatrice du pôle "cold cases" de Nanterre.

Selon les déclarations de Monique Olivier, en 2020, Fourniret a séquestré, violé et tué Estelle Mouzin à Ville-sur-Lumes dans les Ardennes, dans la maison qu'il avait héritée de sa sœur. L'ADN partiel de la fillette a été retrouvé sur un matelas saisi en 2003 dans cette maison. En 2021, l'ex-épouse de Michel Fourniret reconnaît pour la première fois un rôle dans la séquestration pendant trois jours d'Estelle, précisant avoir accompagné son ex-mari près du bois d'Issancourt-et-Rumel (Ardennes) pour enterrer le corps de la fillette.

Condamnée à la perpétuité en 2018

En 2018, le tueur en série a aussi avoué son implication dans deux autres affaires, longtemps non élucidées : les meurtres de Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish. Marie-Angèle Domèce, 18 ans, a disparu trente ans plus tôt à Auxerre, entre son foyer de jeunes handicapés et la gare. L'affaire avait été rapidement classée faute d'éléments, avant que l'information judiciaire ne soit rouverte en 2012. Quant à Joanna Parrish, une Britannique de 20 ans, son corps dénudé a été retrouvé dans l'Yonne près d'Auxerre en 1990. Elle a été droguée, violée et battue avant sa mort.

 

Malgré de nombreuses fouilles, les corps de Marie-Angèle Domèce et Estelle Mouzin n'ont jamais été retrouvés. En 2008, à Charleville-Mézières, Monique Olivier a été condamnée à la perpétuité pour complicité dans quatre autres meurtres et un viol commis par son ex-mari. Et dix ans plus tard, la cour d'assises des Yvelines l'a condamnée à vingt ans de prison pour complicité dans le meurtre de Farida Hammiche, épouse d'un ex-codétenu du tueur en série, à qui le couple avait volé des lingots d'or. Son corps n'a pas non plus été retrouvé. Plus de 350 journalistes sont accrédités pour suivre les débats qui doivent durer trois semaines.