Frédéric Encel : "Les Israéliens, à la fin des négociations, reprendront l'offensive"

Des familles israéliennes attendent l'arrivée d'un hélicoptère transportant des otages libérés par le Hamas, le 28 novembre 2023 ©AFP - JACK GUEZ
Des familles israéliennes attendent l'arrivée d'un hélicoptère transportant des otages libérés par le Hamas, le 28 novembre 2023 ©AFP - JACK GUEZ
Des familles israéliennes attendent l'arrivée d'un hélicoptère transportant des otages libérés par le Hamas, le 28 novembre 2023 ©AFP - JACK GUEZ
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Israël/Gaza : La diplomatie à l'œuvre pour la libération des otages. Frédéric Encel géopolitologue, maître de conférences à Sciences-Po est l'invité de 6h20.

Avec
  • Frédéric Encel Docteur HDR en géopolitique, professeur à l'ESG Management School et maître de conférences à Sciences-Po Paris

12 nouveaux otages ont été libérés mardi soir par le Hamas et le Djihad islamique. En échange, Israël a relâché 30 prisonniers palestiniens. Il pourrait y en avoir d'autres ce mercredi, après la prolongation de la trêve de 48 heures. "Elle peut être encore prolongée, parce qu'il reste plusieurs dizaines d'otages", rappelle Frédéric Encel. "Je ne parle même pas des soldats, car à la fin il restera une cinquantaine, une soixantaine de soldats israéliens détenus. Pour l'instant, on est à une libération d'Israéliens pour 3 libérations de Palestiniens : il y a une dizaine d'années, c'était un pour 1000. Mais là, le Hamas, sous pression militaire israélienne, ne pouvait pas faire autrement."

Pense-t-il que cette trêve pourrait se prolonger indéfiniment jusqu'à la libération de l'intégralité des Israéliens détenus à Gaza ? "Je pense qu'on pourra y arriver, mais le but de guerre d'Israël sera poursuivi, ça j'en suis tout à fait convaincu", assure le spécialiste en géopolitique. "Le gouvernement israélien est dans un tel état vis-à-vis de l'opinion publique israélienne, qui le considère comme si incompétent, qu'il a été si catastrophique avant le gigantesque pogrom du 7 octobre, qu'il ne peut pas se permettre, devant une opinion et une armée surchauffées, de ne pas aller au but de guerre, qui était la démilitarisation du Hamas."

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Des libérations avec "une scénographie extrêmement fine et très cynique"

Qui a l'avantage dans ces négociations, actuellement ? "Les deux. Le Hamas a la main dans la mesure où les Israéliens souhaitent désespérément, jour après jour, récupérer otage après otage. D'ailleurs, le Hamas le sait très bien et il en joue dans une scénographie extrêmement fine et très cynique. Mais de l'autre côté, la pression militaire, évidemment, appartient à Israël. D'ailleurs on voit bien que chaque jour qui passe est utilisé par le Hamas pour soigner ses blessés, piéger à nouveau un certain nombre de tunnels, en construire encore d'autres..."

"Pour l'instant", c'est toutefois le Hamas qui sortirait gagnant de cette séquence d'échange de prisonniers des deux côtés, "si tout s'arrêtait maintenant, s'il y avait un cessez-le-feu définitif, dans les prochains jours, et que les otages étaient tous restitués". "Parce que le but de guerre d'Israël, c'était la démilitarisation complète du Hamas. On en est loin. Donc même si la moitié de la bande de Gaza n'appartient plus au Hamas, l'autre reste investie par ce groupe islamiste radical. Mais je suis à peu près convaincu que les Israéliens, à la fin des négociations, reprendront l'offensive."

Pour Frédéric Encel, la France (qui compte également plusieurs otages, dont certains ont été libérés) a été largement inefficace dans ce dossier. "La France n'est pas complètement hors du jeu", estime-t-il. "La preuve, on a vu que trois de nos otages sont finalement sortis. Mais les pays réellement prioritaires dans la région, outre les deux belligérants Israël et Hamas, c'est le Qatar, l'Égypte et les États-Unis. Nous avons moins de leviers dans la région."

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