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Selon Greenpeace, la flambée des SUV annihile les gains climatiques des véhicules électriques

Dans un rapport, l’organisation environnementale s’inquiète de la prolifération des SUV thermiques sur le marché, ces derniers émettant bien plus de CO2 que ne permettent d’en sauver les véhicules électriques

De plus en plus de SUV sur l'avenue des Champs Elysées, en mai 2020 à Paris.  — © Christophe Ena / keystone-sda.ch
De plus en plus de SUV sur l'avenue des Champs Elysées, en mai 2020 à Paris. — © Christophe Ena / keystone-sda.ch

COP28

Enjeux liés au pétrole et aux énergies renouvelables, fonds de compensation pour les victimes du changement climatique… La COP 28 de Dubaï est placée sous le signe de la confrontation et des paradoxes. A travers nos articles, graphiques et analyses, suivez l’actualité de cette réunion internationale qui se déroule du 30 novembre au 12 décembre.

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Le constat n’est pas de bon augure à la veille de l’ouverture de la COP28: les ventes importantes de SUV thermiques de Hyundai-Kia, Volkswagen et Toyota annulent complètement les gains climatiques provenant des véhicules électriques de ces mêmes constructeurs, selon un rapport de Greenpeace publié mercredi.

«Les plus grands constructeurs automobiles mondiaux se lancent à corps perdu dans la fabrication de SUV, poussant encore davantage la planète vers la catastrophe climatique», s’alarme Erin Choi de Greenpeace Asie, citée dans un communiqué de l’ONG.

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Le rapport de l’organisation environnementale rappelle la forte augmentation de la part des SUV – ces «sport utility vehicles» aussi imposants que polluants – dans le total des ventes des principaux constructeurs mondiaux entre 2013 et 2022. Leur nombre en circulation dans le monde est passé de moins de 50 millions d’exemplaires en 2010 à 330 millions en 2022, «soit 1,3 fois le nombre total de véhicules immatriculés dans l’Union européenne», selon le rapport.

Une compensation faible avec l’électrique

L’ensemble de ces SUV ont émis en 2021 plus de 900 millions de tonnes de CO2 sur la route: si cette flotte automobile formait un pays, elle se serait classée cette année-là au sixième rang des pays les plus pollueurs au monde.

Les émissions de CO2 provenant de l’usage des SUV du sud-coréen Hyundai-Kia, de l’allemand Volkswagen et du japonais Toyota (hors émissions liées à la fabrication de ces véhicules) ont totalisé 298 millions de tonnes en 2022, selon les calculs de Greenpeace.

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Dans le même temps, les émissions de CO2 évitées par l’utilisation de véhicules électriques de ces mêmes constructeurs l’an dernier ont totalisé seulement 9 millions de tonnes, toujours selon ce rapport.

«Stop au greenwashing»

Cette étude ne s’est pas basée sur les émissions de CO2 générées sur l’ensemble du cycle de vie d’un véhicule, qui comprend aussi sa phase de production notamment.

Mais les émissions sur route sont responsables «de 70 à 80%» du total et dans la plupart des cas un véhicule électrique génère aussi moins d’émissions qu’un véhicule thermique sur l’ensemble du cycle de vie, a fait valoir Greenpeace auprès de l’AFP.

«Il est temps pour l’industrie automobile d’arrêter le greenwashing», a encore déclaré Erin Choi. «Hyundai, Volkswagen et les autres constructeurs doivent réduire la taille de leurs flottes de SUV en même temps qu’ils électrifient» leurs ventes.

Greenpeace voit aussi d’un mauvais oeil la tendance grandissante des SUV électriques, car ces modèles ont une empreinte carbone plus élevée que les autres voitures électriques, notamment parce que leur fabrication nécessite plus d’acier.

La réaction de Hyundai-Kia

Hyundai-Kia «est engagé dans l’éco-mobilité» en mettant l’accent sur le développement de véhicules 100% électriques, a réagi mercredi le géant sud-coréen interrogé par l’AFP, en soulignant par ailleurs qu’il était en train d’étoffer sa gamme de SUV électriques.