Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez répond aux questions des journalistes à son arrivée au sommet de la Communauté politique européenne à Grenade, dans le sud de l'Espagnne le 5 octobre 2023

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez répond aux questions des journalistes à son arrivée au sommet de la Communauté politique européenne à Grenade, dans le sud de l'Espagne le 5 octobre 2023.

afp.com/Thomas COEX

La crise diplomatique entre l’Espagne et Israël continue à se creuser. L’Etat hébreu a annoncé ce jeudi 30 novembre qu’il allait rappeler son ambassadeur à Madrid pour "consultations", après des propos qualifiés de "scandaleux" du Premier ministre Pedro Sanchez sur les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza.

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Le chef du gouvernement espagnol, qui s’impose ces dernières semaines comme l’une des voix les plus critiques au sein de l’UE vis-à-vis de l’Etat hébreu, le clame haut et fort depuis plusieurs semaines : selon lui, la réponse du gouvernement israélien serait "disproportionnée" à Gaza. Ce 26 novembre, il avait évoqué une "tuerie aveugle de Palestiniens à Gaza", tout en rappelant "condamner les vils attentats d’un groupe terroriste comme le Hamas". "Ce n’est pas une question de partis politiques ou d’idéologie, c’est une question d’humanité.", affirmait alors le Premier ministre espagnol.

Fin octobre, le dirigeant socialiste avait déjà fait part fin octobre de son "doute légitime" sur le respect par Israël du droit international dans ses opérations militaires dans la bande de Gaza contre le mouvement islamiste palestinien du Hamas.

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Toutes ces déclarations avaient suscité une réaction très critique de la part d’Israël et du gouvernement de Benyamin Netanyahou, qui ont alors accusé le leader socialiste espagnol de "soutenir le terrorisme", en lui reprochant de ne pas condamner suffisamment les crimes du Hamas.

"Des remarques scandaleuses"

Bien loin de chercher à apaiser la situation, Pedro Sanchez a plutôt choisi d’attaquer de nouveau ce jeudi, en rappelant qu’Israël devait "fonder ses actions sur le droit international humanitaire". Sous-entendant assez clairement que ce n’était pas le cas. "Avec les images que nous voyons [de Gaza], et le nombre croissant de personnes qui meurent, surtout de jeunes garçons et filles, j’ai de sérieux doutes", a-t-il alors pointé du doigt.

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Des propos qualifiés de "honteux" par Benyamin Netanyahou, et qui ont donc provoqué le rappel de l’ambassadeur israélien en Espagne ce jeudi. "En raison des remarques scandaleuses du Premier ministre espagnol, qui a réitéré des affirmations sans fondement, j’ai décidé de rappeler l’ambassadrice israélienne en Espagne", Rodica Radian-Gordon, pour "consultations" à Jérusalem, a expliqué le ministre des Affaires étrangères israélien Eli Cohen sur X (ex-Twitter).

Un soutien de la reconnaissance de l’Etat palestinien

Cette crise ne semble pas partie pour se régler. Le socialiste Pedro Sanchez, reconduit Premier ministre en Espagne il y a seulement quelques jours dans une coalition avec l’extrême gauche, avait déclaré lors de son discours d’investiture vouloir "œuvrer en Europe et en Espagne pour reconnaître l’Etat palestinien". Une marque de soutien envers la solution à deux Etats, l’éternelle chimère des accords d’Oslo de 1993 qui n’aura jamais vraiment réussi à s’instaurer, également défendue par Emmanuel Macron.

Pedro Sanchez a maintenu sa position ce jeudi expliquant que cette reconnaissance était "dans l’intérêt de l’Europe", pour "une raison morale, parce que ce que nous voyons à Gaza n’est pas acceptable", mais aussi "géopolitique", parce qu’elle contribuera à "stabiliser" la région, a-t-il poursuivi.

Il dispose en tout cas d’un atout majeur pour pousser sa position en Europe : la présidence tournante du Conseil européen, actuellement assurée par l’Espagne, qui pourrait lui permettre de mettre ce sujet à l’ordre du jour. Mais le leader socialiste n’a également pas écarté l’éventualité d’une reconnaissance unilatérale par Madrid alors qu’à ce jour, peu de pays européens ont officiellement reconnu l’Etat palestinien, et la plupart avant de rentrer dans l’UE. Un choix qui ne devrait pas manquer de hérisser de nouveau du côté d’Israël.

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