Il n’y avait pas de suspens. Six jours après l’annonce des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la Haute Cour constitutionnelle de Madagascar a confirmé, vendredi 1er décembre, la réélection du président sortant Andry Rajoelina avec près de 59 % des voix et un taux de participation de 46 %, en légère baisse par rapport à 2018. Comme samedi, les autres candidats, à l’exception de Sendrison Daniela Raderanirina, ne se sont pas déplacés pour assister à la cérémonie, laissant Andry Rajoelina, seul face à une victoire qu’ils considèrent comme un « hold-up électoral ».
La juridiction dont la légitimité est contestée par l’opposition avait au préalable rejeté toutes les requêtes déposées pour demander l’annulation du scrutin en raison de multiples irrégularités dans le déroulement du vote et des anomalies constatées sur les procès-verbaux transmis à la CENI.
Le collectif des candidats – qui est revenu à 11 avec le retour de Siteny Randrianasoloniaiko, seul parmi eux à ne pas avoir boycotté l’élection – avait répété la veille qu’il ne reconnaissait pas le résultat du scrutin. « Nous considérons qu’aucune élection n’a eu lieu à Madagascar le 16 novembre », a déclaré leur porte-parole et président du parti Malagasy Miara Miainga (MMM) Hajo Andrianainarivelo, en persistant à exiger l’organisation d’une nouvelle élection dans des conditions crédibles et transparentes. Pour sortir de la crise, le collectif propose une feuille de route qui prévoit l’instauration d’une structure intérimaire dirigée par la présidence de l’Assemblée nationale. Elle serait chargée d’organiser le dialogue entre toutes les forces vives du pays et de « nettoyer » le processus électoral en vue d’un nouveau scrutin présidentiel à l’horizon de juin 2024.
« Restaurer un cadre de confiance »
Il est cependant fort peu probable qu’Andry Rajoelina, après être resté sourd à toutes les demandes de dialogue au cours des derniers mois, s’y montre ouvert une fois réélu. Il pourrait au contraire être d’autant plus enclin à revendiquer avec force sa victoire, que la communauté internationale, dans un communiqué que l’opposition ne manquera pas de juger complaisant, a choisi de « prendre acte » de sa réélection. Dans un texte conjoint signé par l’Union européenne (UE), la France, l’Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Suisse, la Corée du Sud et l’Organisation internationale de la francophonie, les diplomates « prennent acte de la publication par la Haute Cour constitutionnelle des résultats définitifs de l’élection du 16 novembre proclamant vainqueur M. Andry Rajoelina » et « réaffirment leur engagement à travailler avec le président élu (…) sur la voie d’un développement durable et inclusif ». Ils appellent M. Rajoelina à « restaurer un cadre de confiance propice au dialogue ».
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