Pourquoi familles et enfants sont de plus en plus nombreux à dormir à la rue

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Pourquoi familles et enfants sont de plus en plus nombreux à dormir à la rue

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Bien que considérées comme vulnérables, de nombreuses femmes avec enfants ne parviennent plus à trouver de place en hébergement d'urgence
Bien que considérées comme vulnérables, de nombreuses femmes avec enfants ne parviennent plus à trouver de place en hébergement d'urgence
© AFP - GEOFFROY VAN DER HASSELT

Le constat est identique dans toutes les grandes villes, et dramatique à Paris : des centaines d'enfants et leurs familles dorment chaque nuit à la rue, sans solution d'hébergement d'urgence. Alors que l'hiver n'est pas encore là, les dispositifs d'accueil sont saturés.

Sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris ce mardi soir, le contraste est saisissant. À quelques mètres seulement des chalets de Noël, plus de 150 sans-abris se regroupent autour des bénévoles du collectif Utopia 56. Parmi eux, une trentaine de familles. Des femmes seules, avec des enfants. L'une d'elles porte dans le dos son bébé d'un mois. Des profils considérés comme "vulnérables" par les autorités et donc en théorie prioritaires pour obtenir un hébergement d'urgence. Mais même elles ne parviennent plus à avoir une chambre pour passer la nuit en appelant le 115.

"De moins en moins de personnes arrivent à faire valoir leurs critères de vulnérabilité", se désole Louise, d'Utopia 56. "On a reçu plusieurs fois des bébés de quelques jours, remis à la rue par les hôpitaux sans solution. Il y a un manque de moyens, des places supprimées tout le temps."

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Plus de femmes et d'enfants migrants

Depuis la reprise des migrations, après la pandémie de Covid-19, de plus en plus de familles prennent la route de l'exil. Toutes les associations le constatent : femmes et enfants se retrouvent à leur tour sous des tentes, dans les rues, des squats ou des écoles. À ces familles s'ajoutent celles qui réussissaient jusqu'à présent à se loger, souvent via des marchands de sommeil ou des proches. Mais que l'inflation a fait plonger dans la grande précarité.

À titre d'exemple, le lundi 27 novembre le 115, numéro d'urgence du Samu social, a recensé dans toute la France 7.572 personnes dont les demandes d'hébergement d'urgence n'ont pu être pourvues. Une sur trois a moins de 18 ans, soit 2.373 enfants à la rue.

À Paris, les associations en dénombrent environ 450 chaque soir. "Oui, c'est une situation inédite", concède Léa Filoche, adjointe en charge des Solidarités à la Ville de Paris. "Nous avons beau augmenter les horaires de nos accueils de jour, proposer plus de repas, plaider auprès de l'État pour l'ouverture de places d'hébergement d'urgence supplémentaires, dès qu'un nouveau dispositif est mis en place, il est immédiatement saturé."

Des hôtels sociaux qui reviennent au tourisme

L'autre explication à cette saturation inédite, c'est que certains hôtels conventionnés avec l'État pour proposer de l'hébergement d'urgence, sortent du dispositif. La plateforme qui gère les places en hôtels sociaux en Ile-de-France a recensé 2.400 chambres en moins l'année dernière par rapport à 2021. Un effet, là encore, de la sortie de la période de pandémie. Les établissements qui avaient vu pendant la crise Covid l'opportunité d'occuper une partie de leurs locaux en proposant des chambres au 115 reviennent à leur activité touristique, plus lucrative.

Selon nos informations, d'autres font aussi des travaux en prévision des Jeux olympiques l'été prochain. Et quelques-uns ont mis leurs pensionnaires à la porte, parfois de façon très brutale.  Ce phénomène d'enfants et de familles à la rue ne se limite pas à la capitale mais touche désormais aussi d'autres grandes métropoles comme Lyon, Rennes, Marseille ou Bordeaux.

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