Le Monde déplore la décision prise samedi 2 décembre 2023 par le gouvernement du Burkina Faso de le suspendre de « tous les supports de diffusion » après la publication la veille d’un article au sujet d’une attaque sanglante dans le nord du pays menée par le Groupe de soutien à l’islam et au musulman (GSIM).
Cet article intitulé « Au Burkina Faso, la guerre de propagande fait rage après l’attaque djihadiste sur Djibo » relate le lourd bilan d’une offensive menée par le groupe terroriste affilié à Al-Qaida. Selon l’ONU, 40 civils sont morts dans cette attaque tandis que des sources sécuritaires burkinabées avaient évoqué « quelques » soldats tués.
Le Monde condamne les accusations du gouvernement burkinabé qui qualifie son travail de « tendancieux » et estime qu’il « a choisi son camp », sous-entendant qu’il aurait pris le parti des groupes terroristes. Autant d’allégations aussi fausses qu’intolérables.
Le Monde n’a fait que son travail, en toute impartialité et en toute indépendance. Pour réaliser cet article de multiples sources ont été sollicitées – locales, diplomatiques, associatives, civiles comme militaires – afin de relater au plus près la situation à Djibo, qui est devenue une ville inaccessible à la presse. Le gouvernement burkinabé a également été contacté afin qu’il puisse réagir à nos informations et donner sa version des évènements survenus sur place, mais comme à chaque fois depuis près d’un an, il n’a pas donné suite à nos demandes d’interviews.
Cette suspension intervient après l’expulsion du pays de notre correspondante en avril, sans qu’aucun motif officiel n’ait été transmis. Il fait aussi suite à celle de nombreux médias internationaux. Fin septembre, le mensuel Jeune Afrique avait été suspendu. En juillet, la chaîne de télévision LCI avait déjà connu ce sort, après France 24 en mars et RFI en décembre 2022.
Les sanctions contre Le Monde semblent répondre à la volonté de la part des autorités burkinabées d’empêcher la diffusion d’une information indépendante sur la détérioration de la situation sécuritaire du pays, alors que le capitaine Ibrahim Traoré a pris le pouvoir par un coup d’Etat il y a quatorze mois en promettant le retour à la paix.
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