Résultats Pisa : le niveau des élèves dégringole en maths et en français

Même si la France se maintient dans la moyenne des pays de l’OCDE, les résultats de ses élèves accusent une baisse significative en mathématiques et en français selon la dernière enquête Pisa. Un constat accablant qui confirme les dernières évaluations nationales.

    Baisse du niveau des élèves en France, Acte II. Après les évaluations nationales et les faiblesses criantes constatées chez les collégiens français de 4e, c’est la dernière enquête internationale Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) qui vient conforter ce constat alarmant.

    Des résultats en chute libre

    Dévoilés ce mardi matin, les résultats des élèves français âgés de 15 ans dégringolent en mathématiques et en compréhension de l’écrit, et se maintiennent en sciences par rapport à la dernière étude Pisa de 2018. Ceci dans un contexte de baisse globale jamais atteinte parmi les 81 pays participants.

    « Dans l’ensemble, les résultats de 2022 sont parmi les plus bas jamais mesurés par l’enquête Pisa dans les trois matières en France. En mathématiques, la forte baisse (21 points en moins) observée entre 2018 et 2022 est la plus importante observée depuis la première analyse (en 2000). En compréhension de l’écrit (19 points en moins), en revanche, le déclin s’est amorcé autour de 2012, les élèves perdant 32 points sur la période 2012-2022 », pointent les auteurs de l’étude pilotée par l’OCDE (Organisation de coopération et développement économiques).

    Résultat des opérations, la France est à la peine au niveau de la moyenne OCDE dans ces trois matières, loin derrière les pays asiatiques comme Singapour, le Japon, la Corée, Hongkong (Chine), Macao (Chine) ou Taipei qui trustent les premières places du classement. En Europe, l’Estonie tire son épingle du jeu et vient régulièrement concurrencer ces nations leaders. L’Irlande aussi ne s’en sort pas trop mal, tandis que l’Allemagne, la Norvège ou la Finlande subissent des baisses de performances encore plus significatives que celles de la France.

    Les raisons d’un déclin

    Ces résultats médiocres sont le reflet des évaluations passées pendant huit semaines, en avril et mai 2022, par 6 770 élèves français âgés de 15 ans. Mais en un peu plus d’un an, la situation ne s’est pas améliorée. Les tests passés en septembre dernier par les collégiens de 4e ont montré que plus de la moitié d’entre eux ne lisent pas convenablement et ne maîtrisent pas la résolution de problèmes et la géométrie.

    Cette baisse marquée notamment en mathématiques – particulièrement étudiées cette année par Pisa – peut s’expliquer par la pandémie de Covid-19. En 2020 et 2021, la crise sanitaire a largement perturbé la tenue des enseignements malgré la volonté du gouvernement de maintenir les écoles ouvertes. « La France perd 21 points en mathématiques et 19 en compréhension de l’écrit, c’est plus que la moyenne des pays de l’OCDE. Le Covid a certainement exacerbé ces écarts mais ça ne doit pas être une excuse. Il y a quelques pays qui ont limité ou n’ont pas eu de baisse sur cette période. Et sur le français, on le pressentait depuis quelque temps », décrypte Éric Charbonnier, analyste éducation à l’OCDE.

    Selon lui, les pays qui accompagnent le mieux leurs enseignants, ou les ont massivement soutenus pendant la pandémie, obtiennent les meilleurs résultats. D’où la nécessité pour la France de revoir sa copie dans ce domaine. La pénurie de professeurs, liée à un manque d’attractivité du métier, pourrait aussi expliquer ce décrochage. « En 2022, 67 % des chefs d’établissement pensent qu’il y a une plus grande pénurie d’enseignants dans leur école. C’est 50 points de plus qu’en 2018 », note l’analyste. Enfin les parents ne sont pas exempts de tout reproche. La dernière étude Pisa révèle une moindre implication de ces derniers dans le suivi de leurs enfants, avec un recul de 12 points entre 2018 et 2022.

    Un système toujours inégalitaire

    La France ne brille pas par ses résultats, et elle se montre toujours aussi défaillante dans sa capacité à tirer les élèves les plus en difficulté vers le haut. Enquêtes après études, le système scolaire français est régulièrement pointé du doigt pour son caractère inégalitaire. Et Pisa 2022 ne déroge pas à la règle. « La France est toujours l’un des pays de l’OCDE où le lien entre le statut socio-économique des élèves et la performance au Pisa est le plus fort, sans aggravation notable sur la période 2012-2022», notent les auteurs.

    En résumé, il vaut mieux être bien né pour réussir ses études en France. L’enquête montre que les élèves issus de milieux favorisés ont obtenu des résultats en mathématiques supérieurs de 113 points à leurs camarades de milieux plus modestes. Il s’agit d’un des écarts les plus importants des pays de l’OCDE. Seuls la Slovaquie, Israël, la Hongrie, la Suisse, la Belgique et la Tchéquie font pire. Autre point d’inquiétude, le taux d’élèves en difficulté grimpe de 6,5 % et, à l’autre bout du spectre, il y a moins de bons élèves (-5,5 %).

    Des solutions existent

    L’OCDE insiste sur la formation des enseignants français, un des principaux leviers selon l’organisation pour améliorer les résultats des élèves tricolores. « Il est temps que la France fasse sa grande réforme du métier d’enseignant », appuie Éric Charbonnier. Ce dernier insiste sur une formation initiale où l’on valoriserait les compétences pédagogiques des enseignants. « On sait qu’on a des lacunes en France là-dessus », insiste-t-il. L’étude Pisa est très claire aussi sur l’autonomie dévolue aux écoles et aux enseignants à l’image de ce qui se fait en Estonie, véritable fer de lance des pays européens.

    « Donner de l’autonomie aux chefs d’établissements et aux enseignants peut permettre d’améliorer les performances des élèves, mais cela est surtout le cas lorsqu’on l’associe à des dispositions de contrôle et de mesure de la qualité comme le tutorat des enseignants, des observations de cours par des inspecteurs, à un enregistrement systématique des résultats des élèves et des évaluations internes », insiste l’étude. Un système peu utilisé en France où la plupart des décisions sont prises au niveau régional et étatique, les établissements disposant d’une autonomie très réduite.