L’Italie se retire de l’accord avec la Chine sur les « nouvelles routes de la soie », colère de Pékin

Ce pharaonique projet d’infrastructures maritimes et terrestres vise à relier économiquement l’Asie, l’Europe, l’Afrique et même au-delà, mais reste controversé en Europe. Avant son arrivée au pouvoir fin 2022, la Première ministre Giorgia Meloni avait estimé que l’adhésion de l’Italie était une « grave erreur ».

Giorgia Meloni en Serbie, le 3 décembre 2023.

Giorgia Meloni en Serbie, le 3 décembre 2023. ANDREJ ISAKOVIC / AFP

L’Italie s’est retirée de l’accord controversé avec la Chine sur les « nouvelles routes de la soie », (Belt and Road Initiative) quatre ans après l’avoir intégré, a indiqué mercredi 6 décembre une source au sein du gouvernement de Giorgia Meloni.

Après l’annonce de ce retrait, la Chine a fustigé jeudi le « dénigrement » de son projet. « La Chine s’oppose fermement au dénigrement et à l’affaiblissement de la coopération [autour] des nouvelles routes de la soie, et s’oppose à la confrontation et à la division », a déclaré Wang Wenbin, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d’un briefing régulier. Les experts ont noté que d’autres grandes économies européennes, comme l’Allemagne et la France, n’ont pas rejoint le projet, mais ont conclu d’importants accords commerciaux et d’investissement avec Pékin.

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L’Italie veut maintenir ouverte les voies du dialogue

Attendue depuis plusieurs mois, la décision de quitter ce projet pharaonique d’infrastructures maritimes et terrestres lancé par la Chine en 2013 a été communiquée à Pékin il y a trois jours, selon le quotidien italien « Corriere Della Sera ».

Rome s’est retirée de manière à « maintenir ouvertes les voies du dialogue politique », a indiqué à l’AFP une source gouvernementale.

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Sans confirmer directement la nouvelle, le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a déclaré mercredi que l’Italie cherchait à « relancer le partenariat stratégique » avec Pékin. Il a déclaré au Parlement que lors d’un voyage en Chine en septembre, il avait clairement indiqué que Rome souhaitait « promouvoir un meilleur accès à [ses] produits, indépendamment de [sa] participation » à ce projet.

L’adhésion de Rome « n’a pas produit les résultats » escomptés par la troisième économie de la zone euro, avait-il estimé.

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Cheval de Troie

En 2019, l’Italie, ployant sous le poids de sa dette publique, est devenue le seul pays du G7 à participer à ce programme d’investissements massifs de Pékin, décrit par ses opposants comme un cheval de Troie destiné à obtenir une influence politique.

Avant son arrivée au pouvoir fin 2022, la Première ministre Giorgia Meloni avait estimé que cette adhésion était une « grave erreur ».

Cet ambitieux projet d’un montant de 2 000 milliards de dollars, lancé il y a dix ans sous l’impulsion du président Xi Jinping, vise à améliorer les liaisons commerciales entre l’Asie, l’Europe, l’Afrique et même au-delà par la construction de ports, de voies ferrées, d’aéroports ou de parcs industriels. Ce programme, auquel adhèrent plus de 150 pays selon Pékin, est aussi critiqué à l’international pour l’endettement dangereux qu’il fait peser sur des pays pauvres.

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Le projet, dont l’appellation officielle est l’initiative « Ceinture et Route » (en anglais, « Belt and Road Initiative », BRI), a notamment consisté à construire des lignes ferroviaires à grande vitesse sillonnant l’Asie du Sud-Est et à réaliser des travaux massifs de transport, d’énergie et d’infrastructures à travers l’Asie centrale.

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Méfiance

L’absence de transparence sur les détails de cet accord a alimenté la méfiance des alliés de Rome, alors que Washington et l’Union européenne avaient fait part de leur inquiétude dès 2019.

L’accord devait être automatiquement renouvelé en mars 2024, sauf en cas de retrait d’ici la fin 2023.

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Le sujet est délicat pour Rome qui cherche à ne pas froisser Pékin pour éviter des représailles à l’encontre des entreprises italiennes, affaiblies par la pandémie de Covid 19 et souffrant des sanctions adoptées contre la Russie dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine.

En mai, Giorgia Meloni avait affirmé qu’aucune décision n’avait encore été prise sur ce sujet, « qui doit être traité avec beaucoup de prudence ». En septembre, lors du sommet du G20 à New Delhi, elle avait déclaré qu’un retrait de l’Italie « ne compromettrait pas les relations avec la Chine ».

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