Deux ans après le début de la guerre menée par les Russes en Ukraine, la dynamique du soutien occidental à Kiev est en perte de vitesse : les aides nouvellement engagées sont en baisse sur la période d’août 2023 à janvier 2024 par rapport à la même période de l’année précédente, selon le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié jeudi 16 février. Et cette tendance pourrait se poursuivre alors que le Sénat américain a peiné à faire voter des aides, tout comme l’Union européenne a eu toutes les difficultés à faire adopter une aide de 50 milliards le 1er février, du fait du blocage hongrois. A noter que ces deux paquets d’aide ne sont pas encore pris en compte par l’institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.
Les données de l’institut allemand montrent que le nombre de donateurs se réduit et se concentre autour d’un noyau de pays : les Etats-Unis, l’Allemagne, les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui promettent à la fois une aide financière élevée et de l’armement de pointe, dont des avions F-16 et des chars Leopard allemands. Au total, depuis février 2022, les pays qui soutiennent Kiev se sont engagés à hauteur d’au moins 276 milliards d’euros sur le plan militaire, financier ou humanitaire.
L’aide américaine littéralement stoppée
La période d’août 2023 à janvier 2024 marque le ralentissement des nouvelles aides engagées à court terme – des paquets d’aide financière ou militaire annoncés jusqu’ici régulièrement par les alliés de Kiev. Les livraisons états-uniennes « se sont arrêtées, étant donné qu’aucun nouveau plan de soutien n’a été adopté par Washington ». Elles ont été compensées en partie par la hausse des aides européennes, indique Christoph Trebesch, chef de l’équipe de l’Institut Kiel qui produit les données pour le suivi de l’aide à l’Ukraine.
« Avec l’approbation finale de l’aide de l’UE en faveur de l’Ukraine d’un montant de 50 milliards d’euros, l’aide financière à l’Ukraine semble assurée. C’est en revanche beaucoup moins clair en ce qui concerne l’aide militaire, où la dynamique s’est ralentie », ajoute M. Trebesch.
En valeur absolue, les pays les plus riches se sont montrés les plus généreux. Les Etats-Unis sont de loin les premiers donateurs, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide annoncés, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides communes provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.
Norvégiens, Danois et Baltes généreux donateurs
Mais lorsque l’on rapporte ces contributions au produit intérieur brut (PIB) de chacun des pays donateurs, le classement change. Les Etats-Unis rétrogradent au vingtième rang (0,32 % de leur PIB), bien après des pays voisins de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques amies. L’Estonie prend la tête des aides rapportées au PIB avec 3,55 %, suivie du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). Le reste du top 5 est complété par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Les trois Etats baltes, qui ont tous des frontières communes avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, font partie des donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.