Alors que “les combats font rage” dans le nord et le sud de la bande de Gaza, notamment autour de Khan Younès, la BBC rapportait, le jeudi 7 décembre, que des dizaines de milliers de personnes avaient fui vers Rafah, à la limite sud du territoire pilonné par l’armée israélienne, pour tenter d’échapper aux bombardements.

La chaîne fait état du “désespoir” des Palestiniens qui affluent dans la ville située à la frontière avec l’Égypte, où “la plupart des gens dorment à même le sol car les abris sont pleins”.

“Les rues […] sont bondées de personnes nouvellement déplacées, et l’on voit des ambulances se précipiter, avec des blessés qui tentent d’atteindre les hôpitaux à travers des rues encombrées, alors que les frappes aériennes israéliennes se poursuivent. […] Notre reporter témoigne du fait qu’il n’y a ni nourriture ni électricité […] et qu’aucune aide humanitaire n’est acheminée.”

Une Palestinienne interrogée par The New York Times décrit, elle aussi, “les conditions lamentables auxquelles […] les déplacés sont confrontés à Rafah, où l’armée israélienne a ordonné aux civils de se rendre”. “Les explosions la terrorisent constamment, […] tandis que les maigres portions de nourriture et les files d’attente pour en obtenir l’emplissent de désespoir”, relate le journal américain.

La ville de Rafah “s’est transformée en un vaste camp pour une grande partie des 1,9 million de Palestiniens qui ont été déplacés à l’intérieur du pays, soit 85 % de la population de Gaza”, explique la BBC.

Crainte d’un “effondrement de l’ordre public”

Al-Jazeera note pour sa part que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) s’est inquiété jeudi d’une “détérioration” de la situation dans la zone de Rafah, “surpeuplée à l’extrême”, et où les pénuries “de ressources de base”, comme l’eau potable, font “craindre un effondrement de l’ordre public”.

“L’ONU a déclaré […] qu’elle n’était pas en mesure d’envoyer de l’aide au-delà de Rafah […] et qu’elle ne parvenait que de façon sporadique à Khan Younès, peut-on lire sur le site du Wall Street Journal. Les restrictions militaires israéliennes ont rendu impossible la distribution de l’aide à Gaza au-delà de la petite zone située le long de la frontière égyptienne, a déclaré l’ONU.”

La “détérioration rapide” de la situation dans la bande de Gaza “s’ajoute à une crise humanitaire qui fera l’objet d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU vendredi, faisant pression sur Israël pour qu’il mette fin à la guerre avant que ses objectifs ne soient atteints”, constate le journal américain.

Mais “elle illustre également le fait que le Hamas, qui a gouverné les rues de Gaza avec autoritarisme pendant seize ans, est en train de perdre le pouvoir sur l’ensemble du territoire, à l’exception de quelques poches”, écrit le Wall Street Journal. “Les habitants de Gaza affirment que la multiplication des cambriolages et des pillages en l’absence de la police ou d’autres autorités a renforcé le sentiment de peur qui règne dans l’enclave depuis le début de la campagne de bombardements israélienne, il y a deux mois.”

Le bilan à Gaza s’est encore alourdi jeudi pour atteindre 17 177 personnes tuées par les bombardements israéliens, selon le ministère de la Santé du Hamas. En Israël, l’attaque sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre a fait 1 200 morts ; et 138 otages – sur environ 240 personnes enlevées le jour de l’attaque – sont toujours détenus à Gaza, selon les autorités israéliennes.